On dit que certains auteurs, tels Patrick Modiano, écrivent dans le fond toujours le même livre, avec quelques variations à chaque fois.
C'est manifeste dans le cas de Lionel Duroy, qui creuse inlassablement le même sillon dans ses romans d'autofiction.


Je connaissais donc déjà l'histoire que l'écrivain nous raconte à nouveau (la sienne, donc), et sans utiliser d'alias cette fois-ci, conservant les véritables noms des protagonistes, comme pour illustrer un degré supplémentaire d'authenticité ou de transparence.
Pourtant j'ai eu beaucoup de plaisir à l'entendre une nouvelle fois, cette biographie d'un type complexe et névrosé, sans doute inapte au bonheur, même si la tonalité du livre n'est pas du tout dépressive.


Le narrateur et héros du roman apparaît parfois pénible, de mauvaise foi, extrêmement naïf ou à côté de la plaque, mais c'est sans doute cette transparence absolue, cette honnêteté vis à vis de soi-même, qui facilite justement l'identification et fascine autant dans les récits de Lionel Duroy.


Forcément, Duroy a évolué en tant qu'homme au cours des années, élaborant de nouveaux points de vue sur son propre passé, offrant un regard parfois différent des précédents livres sur les mêmes évènements. Par ailleurs, le narrateur ne s'éternise pas sur les éléments de sa vie déjà bien connus du lecteur : ils sont mentionnés à nouveau, mais sans s'attarder outre mesure.


Si "L'homme qui tremble" suit la même trame que ses précédents ouvrages biographiques, le roman est donc moins détaillé à certains égards, mais a contrario enrichi de certains ajouts, ne serait-ce que des événements les plus récents survenus ces dernières années - fatalement absents du "Chagrin" par exemple, publié en 2010.


Si "L'homme qui tremble" rebutera les allergiques à l'autofiction, et ceux qui ne verront pas l'intérêt de ressasser à nouveau les mêmes questionnements, pour ma part j'ai été ravi de retrouver ce petit univers bien connu et les personnages qui le peuplent, à l'image du mythique Toto et de son inénarrable épouse, de l'insondable Esther, de la douce Agnès ou du placide éditeur Curtis.

Val_Cancun
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le 3 août 2021

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Val_Cancun

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