Cinq voix de femmes, et celle d'une petite fille, pour commencer. Chaque récit de vie apportant sa pierre et, changeant d'axe, bouleverse à chaque fois notre compréhension des événements. L'année des secrets est effectivement un roman totalement maîtrisé mais il a aussi tendance à être boursouflé, redondant parfois, et trop systématique dans sa recherche de surprises narratives qui culmine dans un dernier chapitre virevoltant où Anja Appachana fait autant montre d'un grand sens du suspense que d'une certaine faiblesse pour les dénouements mélodramatiques, dans un style quasi bollywoodien, notoirement absent du reste du livre. Derrière une histoire d'amour et de renoncement déchirante, c'est le roman social que l'on distinguera et l'incroyable précision de son auteure pour décrire la condition féminine dans l'Inde contemporaine. Les jeunes filles ambitieuses qui entreprennent des études ont tôt fait de rejoindre la cohorte des épouses frustrées et piégées, lectrices de romans à l'eau de rose qui n'auront de cesse que de reproduire le même schéma pour les futures générations en privilégiant l'avenir des mâles de la famille. Les rapports entre belles-mères et brus, particulièrement violents, sont aussi là pour démontrer que la cause des femmes est loin d'être sur le point de s'améliorer en Inde. A moins que, dans quelques années ... ? Le portrait de le jeune Mallika, témoin du malheur de sa mère et du caractère immuable des règles sociales, est le seul véritable espoir d'un roman qui ne se laisse pas apprivoiser de prime abord mais qui mérite que l'on fasse un effort pour parvenir au bout de ses 600 pages édifiantes.

Cinephile-doux
6
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le 10 janv. 2017

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