De Coetzee à Schoeman, de Brink à Galgut, sans oublier Deon Meyer, la majeure partie de le littérature sud-africaine est dominée par les questions raciales (si l'on se base sur les traductions disponibles en français), de la période de l'apartheid à la société d'aujourd'hui, dont les couleurs de l'arc-en-ciel sont loin d'être éclatantes vu les inégalités qui subsistent, du point de vue économique, en particulier. Ce préambule pour souligner que le deuxième roman de Mark Winkler s'éloigne lui de ces thématiques. Son premier livre (pas encore traduit) également, semble t-il, puisqu'il est décrit comme étant "Un conte absorbant, intense et décomplexé."Le terme de "conte" convient peu, lui, à Je m'appelle Nathan Lucius, ou alors horrifique, tout du moins dans sa deuxième partie, laquelle ne peut pas être évoquée tant elle redistribue les cartes après une centaine de pages où le lecteur s'était familiarisé avec le quotidien dudit Nathan Lucius, homme à la vie plutôt ordinaire, entre un travail qu'il déteste, quelques virées au pub du coin et une vie asociale si l'on excepte une amitié avec une antiquaire en phase terminale et une relation charnelle avec sa voisine plus âgée que lui. Dès les premières lignes, nous sommes dans la tête du narrateur et nous n'aurons que sa version des faits, exclusivement. Tout n'est pas très net dans le déroulement de ses journées, certaines manies ou attitudes semblant plus proches d'un ours que d'un humain mais bon, rien de répréhensible, jusqu'à ce que son amie malade lui demande d'écourter son agonie. Le roman basculera peu après mais d'ores et déjà l'on sent bien que le narrateur n'est pas totalement fiable et quelque chose se cache sous cette apparente normalité. Je m'appelle Nathan Lucius est un livre perturbant et parfois choquant (tout dépend de son degré d'acceptation de termes crus ou d'actes dérangeants) qui éloigne de sa zone de confort. Le style n'est pas époustouflant mais il est efficace, à base de phrases courtes et cinglantes. C'est un roman singulier en tous cas qui donne envie de lire le précédent livre et le suivant de ce Mark Winkler jusqu'alors inconnu au bataillon et qui n'a pas l'air d'avoir peu de quoi que ce soit.

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le 19 févr. 2017

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