« Il s'est écrit plus de livres sur la Seconde Guerre mondiale qu'il ne s'est écoulé d'heures depuis sa conclusion » : voilà par quelle phrase débute ce livre.
Alors, pourquoi cet ouvrage ? Qu'est-ce qu'il a de plus que les autres ? Que peut-il apporter de plus à quelqu'un comme moi, passionné par ce conflit depuis le collège, et qui pense tout connaître ?


Ce qui frappe au premier coup d’œil lorsqu'on ouvre ce livre, c'est l'impressionnant nombre de graphiques et d'images réalisés par le data designer. Ils permettent de mieux se représenter toutes les données étudiées dans ce livre. Ces graphiques sont aussi d'une très grande variété, et on trouve également pas mal de cartes.


Mais attention, penser qu'Infographie de la Seconde Guerre mondiale serait un simple livre d'images serait une grave erreur ! Car pour tout comprendre, il vous faudra passer autant de temps sur cet ouvrage que sur un roman de 200 pages.


Le livre se divise en quatre parties.


La première partie évoque le cadre humain et matériel. Au travers des nombreuses thématiques proposées (la puissance économique, la mobilisation des hommes, etc...), on ne peut qu'être frappé par ce constat : les Alliés partaient avec un gros avantage dans le conflit, et l'écart entre les deux camps n'a cessé de s'accroître, en particulier après l'entrée en guerre des États-Unis.


Ainsi, la productivité d'un ouvrier américain dans le secteur aéronautique dépasse nettement celle de l'ouvrier allemand, tandis que l'ouvrier japonais est très loin derrière : quand en 1941 un ouvrier américain produisait 1 avion, en 1944 un ouvrier japonais n’en produit pas plus que la moitié d'un.


Autre constat : l'idée qui voudrait que les régimes totalitaires aient une production plus élevée que les régimes démocratiques est totalement fausse, les États-Unis et le Royaume-Uni s'en sortant bien mieux que tous les autres belligérants.


La deuxième partie s'intéresse aux armes et aux armées. Tout est abordé, de l'aviation aux flottes navales, en passant par les chars, l'artillerie et les différentes stratégies mises en place. Une fois de plus, la supériorité des Alliés est très nette, même si d'un point de vue qualitatif, dans certains secteurs, ils peuvent être surclassés (les chars allemands restent les meilleurs de la guerre).


La troisième partie aborde les batailles et les campagnes. C'est celle qui traite du conflit armé proprement dit, du début à la fin. S'appuyant toujours sur des illustrations remarquables, les auteurs avancent souvent des chiffres très précis. J'ai ainsi pu constater que la bataille d'Angleterre était quasiment perdue d'avance pour la Luftwaffe : d’ailleurs, Churchill a un peu exagéré le danger pour mieux souligner le rôle des aviateurs britanniques. Le premier ministre craignait beaucoup plus, et à juste titre, les U-Boot.


En parlant de sous-marins, j'ai vraiment appris quelque chose sur les sous-marins américains, qui ont fait bien plus mal à la flotte japonaise que les U-Boot à la flotte alliée (en proportion). Les Alliés ont fait pencher assez vite la balance dans le Pacifique : fin 1942, le Japon avait déjà perdu la guerre.
Cette troisième partie évoque des choses très connues (l'opération Barbarossa, le débarquement) et d'autres beaucoup moins (la déliquescence de l'armée italienne, l’opération Bagration).


Enfin, la dernière partie dresse le bilan et les fractures apparues à cause du conflit. Les auteurs montrent que le bilan des pertes est difficile à évaluer, mais qu'il est bien plus élevé que celui qu'on dresse habituellement (40-50 millions de morts). Il est très frappant de constater que les pertes militaires du Reich ont été aussi élevées dans les 12 derniers mois de la guerre que durant le reste du conflit : ainsi, entre janvier et avril 1945, il y avait en moyenne 10 000 tués par jour dans les forces armées allemandes !


Cette partie évoque aussi la Shoah, la collaboration ou encore la résistance. Ainsi, la Résistance française n'a pas été si efficace que beaucoup continuent à le croire. Et ceci même après le STO. Là où elle a été capitale, c'est dans le renseignement. L'ouvrage se termine logiquement en évoquant les débuts de la guerre froide.


Infographie de la Seconde Guerre mondiale est un livre très intéressant et très enrichissant. Je pourrai toutefois lui reprocher certains graphiques, pas toujours très clairs, et plusieurs fautes d'orthographe ou dans les nombres.
Mais dans l'ensemble, c'est un livre que je recommande fortement à tous les passionnés du conflit. Qui ont eu au moins la moyenne en maths au bac.

Zero70
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le 22 janv. 2019

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