Le monstre dans la neige:


Fut un temps où ma soif de whodunit ayant tari les filons Conan Doyle, Agatha Christie, Maurice Leblanc ou Emile Gaboriau, je me suis laissé glisser dans l’univers de Jean Ray. Avec plus ou moins de bonheur. Car les aventures de Harry Dickson ne sont pas toujours formidables, il faut l’avouer. Disons que le mystère est toujours au rendez-vous, mais la résolution de l’énigme manque parfois de solidité et de finesse.


C’est un peu le cas avec cette nouvelle du “Monstre dans la neige”. Le canevas est parfait pourtant : un groupe d’individus calfeutrés dans un manoir à cause d’une tempête de neige. On croit être dans une sorte de Dix petits nègres, trame toujours excitante.


Mais, le dénouement est doublement décevant. Je ne rentre pas dans les détails pour éviter de spoiler (surtout que ce n’est pas du tout le plus important). En effet, le plaisir de lire du Jean Ray ne réside pas vraiment là. Le belge a une bonne écriture, un style très attirant, à la fois rond, structuré, riche et précis. Il s’en dégage toujours une sorte d’élégance qui fait songer évidemment à Christie ou plus encore à Doyle et sa fausse froideur descriptive) et une sûreté qui force mon admiration au final. D’une redoutable efficacité, son écriture reste très facile d’accès. Mais surtout, elle vous scotche, on veut aller au bout de cette histoire.


Peut-être ici a-t-il produit trop de personnages cependant? D’autant que le format est bref. Son héros n’est pas non plus véritablement bien mis en valeur. Non, ce qui prédomine demeure sa parfaite conduite du récit pour créer le mystère jusqu’à cette solution pour le moins décevante. Dommage, une nouvelle qui fait de bien belles promesses, sans les tenir en fin de compte.


Le spectre de Mr Biedermeyer


Cette histoire ressemble un peu à la nouvelle Le monstre dans la neige. Encore une fois Harry Dickson se retrouve lors d’une enquête isolé dans un manoir pendant une catastrophe météorologique : le château se trouve entouré d’eaux. L’inondation va donner l’occasion à un épais mystère, de produire une ambiance pesante.


Quelques moments forts se détachent d’un récit un peu trop alambiqué à mon goût. La marque “Jean Ray” alliant fantastique et enquête policière est au rendez-vous, fait son oeuvre bienfaitrice de divertissement léger, mais au fond, la résolution est assez facile. Quant aux épisodes à Londres lors de cette enquête, ils affaiblissent la teneur du récit. On a parfois l’impression que l’histoire s’éparpille. La cohésion de l’ensemble s’effiloche quelque peu et l’intérêt pour l’histoire diminue d’autant.


Je suis un poil déçu par la lente mais évidente dissolution du plaisir de lecture.


L’ermite du marais du diable


Après avoir lu le décevant “Spectre de Mr Biedermeyer” , cette aventure m’a tout de même plus convaincu. Dans une histoire qui rappelle aux holmésiens l’enquête dans la lande de Baskerville, Harry Dickson mène ses recherches sur des disparus avec une certaine force.


Le récit est bien linéaire. Les personnages frôlent parfois la caricature mélodramatique, mais sont assez denses pour asseoir l’histoire. Efficace, le texte oeuvre parfaitement. Peut-être pourrait-on fustiger un dénouement trop vite visible et pourtant lent à se confirmer? Mais si l’on excepte le dernier chapitre, le mouvement, la dynamique générale de la nouvelle me semble très bonne.


Il manque de la surprise, de la complexité dans l’énigme pourtant. Néanmoins, l’auteur parvient avec quelques faux semblants à créer une ou deux chausses-trappes intéressants. Voilà une bonne enquête, avec un très bon rythme. Pas le meilleur de Jean Ray, mais en aucun cas un médiocre.

Alligator
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le 28 mai 2017

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