Après avoir lu un premier recueil de nouvelles de l'écrivain américain en début d'années, le Mythe de Cthulhu, je crois que je peux confirmer mes craintes après lecture de ce second recueil : Lovecraft, ce n'est pas fait pour moi. Bien sûr, cela ne veut pas dire que j'ai trouvé l'ensemble mauvais, loin de là même. Mais je dois bien avouer que vu l'aura, la réputation, entourant l'auteur Rhode-islandais, que je ressors majoritairement plus déçu que ravi en lisant ses nouvelles.

Déjà, la structure a tendance à se répéter. Le personnage principal (Lovecraft lui-même dans la plupart des cas) nous narre une mésaventure horrifique qui lui est arrivée en usant parfois d'un langage bien trop ampoulé pour ce qu'il a à nous raconter. Malgré la brièveté des nouvelles, cela ne m'a pas empêché de m'ennuyer à plusieurs reprises, notamment à cause de leur prévisibilité, twist de fin inclus ou non : le pire exemple de ce recueil étant sans nul doute l'Étranger. Fort heureusement, d'autres nouvelles de ce recueil, surtout le Temple et l'Étrange maison haute dans la brume, m'ont happées… mais pas au niveau de la Couleur tombée du ciel ou de Celui qui chuchotait dans les ténèbres que j'avais lues dans le précédent recueil justement.

Pour continuer à comparer les deux recueils, j'ai trouvé les nouvelles présentes dans celui-ci plus inégales que celles présentes dans le Mythe de Cthulhu. Que Lovecraft soit un xénophobe, je m'en moque un peu, disons que ça fait partie du personnage. Une nouvelle comme Par-delà le mur du sommeil me fait d'ailleurs plus rire qu'autre chose tant l'auteur s'acharne contre ces pauvres montagnards des Catskill qui ne lui ont pourtant rien demandés. Par contre, je ne le pensais pas capable de nous pondre une nouvelle aussi nulle et peu subtile que la Rue, qui n'arrive même pas à être drôle au trente-sixième degrés. Si Lovecraft vivait dans notre monde actuel, ce serait typiquement le gringalet qui vote Zemmour et a peur de sortir de chez lui sauf pour coller ses affiches.

Sans trop de surprise, aucune des nouvelles n'a, ne serait-ce qu'un minimum, réussi à me faire peur… et j'ai lu certaines d'entre elles dans le noir alors que je vis dans une maison pommée au milieu de la campagne (cette anecdote est vraie), donc on ne peut pas dire que j'y ai mis de la mauvaise volonté.


Aussi incroyable que cela puisse paraître vu tout ce que j'ai écrit jusque-là, je n'abandonne pas Lovecraft pour autant. En fait, certaines de ses nouvelles m'intéressent encore : le Cauchemar d'Innsmouth, les Montagnes hallucinées et l'Affaire Charles Dexter Ward pour ne citer que les plus populaires, mais je pense faire une (longue) pause avant de reprendre mes lectures lovecraftienne. Un autre problème, c'est que la plupart des nouvelles de Lovecraft font justement parties de recueils. J'aurais pu me contenter de lire uniquement celles qui m'intéressaient dans celui-ci (Dagon, La Cité sans nom), mais ç'aurait fait passer à côté de celles qui m'ont le plus surprises (L'Étrange Maison haute dans la brume, Le Temple et Dans le Caveau) et faire fi du travail du traducteur, en l'occurrence François Bon, qui explique, à travers une courte notice présente à la fin du livre, son choix concernant les nouvelles traitées dans ce recueil. D'ailleurs, ce même traducteur possède une chaîne YouTube de qualité, dans laquelle il nous narre parfois certains de ses travaux : je ne peux que vous recommander d'y faire un tour. D'ailleurs, maintenant que j'y suis (de toute façon, personne ne va lire cette critique jusqu'ici), la chaîne YouTube Tindalos s'est, elle aussi, spécialisée dans la lecture de nouvelles de l'auteur américain, cette dernière a d'ailleurs ma préférence (à moi, oui, je sais, cet air d'indifférence qui est sa défense vous fait souvent offense, mais quand elle est parmi mes amis de faïence).


Pour finir, comme pour ma critique du recueil le Mythe de Cthulhu, si je devais classer et annoter brièvement les nouvelles présentes dans celui-ci par ordre de préférence, ce serait :

1. L'Étrange Maison haute dans la brume : une nouvelle qui diffère un peu de ses récits habituels, ce n'est pas inutilement long ou angoissant (et c'est une bonne chose). On retrouve néanmoins la fascination de Lovecraft pour la mythologie grecque.

2. Le Temple : moi, du moment qu'on me présente des Allemands fous qui s'entretuent dans un sous-marin, je suis aux anges, et cette nouvelle fait ça à merveille. C'est d'ailleurs l'une des rares fois où la xénophobie du narrateur est utilisée à bon escient, en tous cas d'une manière plus pertinente. Autre qualité bienvenue : la rupture de ton, une fois arrivée à la moitié de la nouvelle.

3. Dans le Caveau : une nouvelle plus classique, mais prenante tout de même. Comprenez par là que la fin ne risque nullement de vous surprendre vu comment on la voit arriver avec ses gros sabots.

4. Par-delà le mur du sommeil : cette nouvelle est surtout fascinante quand on voit l'énergie que l'auteur emploie afin de se montrer le plus méprisant possible envers les whites trashs.

5. La Ville sans nom : une nouvelle un poil trop longue pour ce qu'elle a à nous raconter. Elle se révèle davantage intéressante dans le cadre du lore lovecraftien (Abdul al-Hazred étant évoqué pour la première fois).

6. Dagon : une autre nouvelle moins centrée sur l'horreur. Par contre, pour le coup, je me suis bien plus ennuyé tant elle se révèle peu surprenante.

7. Le Chien : autre nouvelle intéressante principalement pour l'exploitation du lore lovecraftien : Leng et le Necronomicon étant évoqués pour la première fois. Sinon c'est prévisible et je me suis ennuyé.

8. Le Livre : le texte le plus court du recueil… car inachevée. Vous imaginez, si tout le monde faisait comme ça, ce serait la

9. L'Innommable : l'intérêt de cette nouvelle étant qu'elle fait davantage écho à la réalité. Sinon, on s'ennuie jusqu'à l'action finale tenant en deux pages.

10. L'Étranger : pompeux et sans aucune subtilité (« En fait, Lovecraft, c'est lui l'étranger, tu vois comment c'est profond ? »). Cette nouvelle étant la première du recueil, j'ai failli décrocher à ce moment-là.

11. La Rue : Éric Zemmour.


Finalité de cette critique : Lovecraft aurait dû être marxiste, il aurait écrit de bien meilleures œuvres.

MacCAM
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le 17 déc. 2022

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