Honnêtement, il était peu probable que Alaa El Aswany puisse surpasser la force de son premier roman L'immeuble Yacoubian. Ce qu'il avait écrit depuis, de très bonne qualité, certes, l'avait démontré. Mais en se penchant sur le passé de son pays, la fin des années 40, en l'occurrence, il vient de signer avec Automobile Club d'Egypte, un roman qui fait mieux qu'égaler son chef d'œuvre. Un ouvrage polyphonique, foisonnant, d'une richesse inouïe qui dresse un tableau complet d'une nation sous tutelle anglaise et gouvernée par un roi, Farouk, fantasque et libidineux. Une époque pré-révolutionnaire, qui en rappelle une autre, évidemment, toute récente, qui prend vie à travers une bonne vingtaine de personnages dont les destins ne cessent de se croiser. Ce pavé de 500 pages, une fois passés les chapitres d'introduction, se dévore avec passion. Comme un Balzac, un Tolstoï ou un Dickens, El Aswany nous fait découvrir toutes les strates de la société cairote : riches et pauvres, maitres et serviteurs, conservateurs et rebelles, égyptiens et britanniques. Automobile Club d'Egypte passe avec une aisance stupéfiante du drame à la comédie dans une veine à la fois politique, sociale, sentimentale, religieuse, etc. Le contraire d'un livre fourre-tout, pourtant, l'auteur est un alchimiste qui utilise ses différents ingrédients dans un tempo parfait, sans jamais ennuyer ou perdre son lecteur. Et le souffle du romanesque nous emporte très loin, au bord du Nil et au comble du bonheur. Autrement dit, c'est une pure merveille.

Cinephile-doux
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 12 janv. 2017

Critique lue 311 fois

2 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 311 fois

2

D'autres avis sur Automobile Club d'Egypte

Automobile Club d'Egypte
MarieDmarais
6

Critique de Automobile Club d'Egypte par MarieDmarais

De l'Egypte nous connaissons les pyramides, Toutankhamon, Néfertiti, le barrage d'Assouan, le Nil, Ramsès II, Cléopâtre et le Sphinx. En gros. La lecture d'auteurs arabes, dont Alaa El Aswany, nous...

le 3 août 2014

2 j'aime

Automobile Club d'Egypte
Houka
7

Critique de Automobile Club d'Egypte par Houka

Alaa El Aswany, dans ce roman polyphonique, nous emmène au Caire dans les années 40. Ses personnages gravitent autour de l'Automobile Club, un lieu hautement symbolique représentant à la fois la...

le 21 déc. 2019

1 j'aime

Automobile Club d'Egypte
Nadouch03
6

Finalement bien loin de l'automobile...

Si ce roman s'annonce au début riche et foisonnant, bien écrit, véritable galerie de portraits de la société égyptienne d'après-guerre, j'ai malheureusement trouvé que le rythme s'essoufflait vers le...

le 27 oct. 2014

1 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

76 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

75 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13