Tuto Batushka : comment s'y retrouver dans la Batushka-wave ?

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Le 20 novembre 2015 apparaît aux yeux du monde la musique de Batushka en l'objet du single Yekteníya VII.
Deux semaines plus tard, l'album sort et met à peu près tout le monde d'accord dans le monde du black metal. Des riffs mélodiques accrocheurs (comment oublier celui de "Yekteníya III") à l'atmosphère travaillée, le disque est un succès critique et populaire.
Il confirme avec force la tendance des groupes black metal "capuche" (voir https://www.youtube.com/watch?v=mKOCHloxZkE), cette scène du black metal insistant sur les thématiques orthodoxes, l'encens et apparaissant encapuchonnés en live (Cult of Fire, Uada, Mgla, etc.).

Le groupe est alors constitué de Krzysztof Drabikowski, fondateur et auteur-compositeur ; Bartłomiej Krysiuk, chanteur ; et Marcin Bielemiuk à la batterie.
Jusqu'ici, tout va bien...

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Fin 2018, l'affaire se complexifie.
Ça fait déjà un moment que le premier album est sorti et vu sa réussite, la pression est lourde pour le second opus.

Le 23 décembre, Kris (fondateur et compositeur) publie sur Facebook et annonce que le groupe se sépare de Bart (chanteur) après que ce dernier ait essayé de s'approprier le nom du groupe pour des projets personnels.

Le 27 décembre, coup de théâtre ! Dans un long communiqué, Bart annonce qu'en réalité, c'est Kris qui a été exclu du groupe pour atteinte à la propriété intellectuelle.
Dans les jours qui suivent, Bart fait fermer le Instagram officiel, que Kris tenait encore. Le site officiel est suspendu et les commentaires prenant parti pour Kris sont supprimés. Ça commence à être le gros boxon.

Il s'avère que Bart avait déposé la marque Batushka alors même qu'il n'en est pas à l'origine.

Le 30 décembre, Kris publie une vidéo où il réaffirme qu'il est bien le créateur de Batushka et que Bart a procédé à un véritable coup d'état en l'excluant et en engageant de nouveaux musiciens pour faire de Batushka son projet personnel. Les procédures judiciaires sont lancées.

Meme de circonstance : https://i.postimg.cc/W4nShWfg/q.jpg

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Les procédures se poursuivent sans que les fans y comprennent quoique ce soit et chaque entité finit par annoncer un nouvel album.
Les fans hardcore prennent rapidement parti pour Kris qu'ils reconnaissent comme le "one true Batushka".

Il est le premier à sortir un nouveau disque, composé tout seul et sorti sans l'aide d'un label.
Dans la directe lignée du premier disque, "Panihida" reçoit un accueil chaleureux de la critique et du public.
Cette entité est généralement appelée "true Batushka", "Krzysztof's Batushka" ou encore le gentil Batushka.

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C'est définitif, la majorité des fans ont séparé le gentil Batushka du méchant Batushka. Le compositeur spolié d'un côté et le fourbe voleur de l'autre.

Deux mois après "Panihida", Bartolomej sort son album sur l'immense label Metal Blade, avec l'aide notamment de Paweł Jaroszewicz, batteur dans Vader, Hate et Antigama.
L'album bénéficie d'une communication cent fois supérieur et pourtant il se heurte à la colère du public qui lui réserve un accueil extrêmement tiède. Pourtant, les deux albums ne sont pas d'une qualité opposée, loin de là. Chacun y trouvera son compte.

Ce Batushka est très vite surnommé "Bartushka". Et c'est le début d'une période de memes sur le sujet et où les Batushka vont se multiplier comme des petits pains.

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LES AUTRES BATUSHKAS
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Meme de circonstance (crédit @future_is_meow) : https://pbs.twimg.com/media/EFlpLmiWkAAc9_G.jpg

Internet est un endroit formidable et à un moment les webonautes ont décidé que faire des memes sur les réseaux sociaux c'était rigolo mais qu'il serait encore plus marrant de créer des nouveaux Batushka eux-mêmes, des mock-tushkas à la pelle pour se moquer du pataquès judiciaire opposant Kris à Bart.
La grande majorité de ces groupes sont parodiques et éphémères.

Le premier à avoir vu le jour est Batyushka, avec un Y.
Les musiciens à l'origine du groupe prétendent être de véritables prêtres orthodoxes russes qui, fatigués face aux circonvolutions légales du Batushka, ont décidé d'utiliser leur légitimité pour faire la même chose que le Batushka originel.
Une blague qui s'est tout de même concrétisée en une petite quinzaine d'albums instrumentaux en l'espace de six mois.

https://batyushka.bandcamp.com/album/-

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Quelques semaines plus tard apparaît un nouveau Poke-tushka.

Cette fois, selon leur Bandcamp, ce sont deux moines orthodoxes grecs ("Μπατουσκα" est la translittération en alphabet grec de Batushka) fatigués de l'état de la scène black metal ET de la musique chrétienne.
Les deux moines quittent leur monastère, se cachent dans le maquis, prennent les armes et décident de promouvoir une idéologie de justice sociale et d'apporter un nouveau souffle au black metal (rien que ça).

Μπατουσκα condamne haut et fort toutes les autres entités Batushka car elles sont réactionnaires et s'affirme comme l'unique représentant du "TRUE CHRISTIAN REBEL BLACK METAL".
Le symbole apparaissant sur la pochette (les Trois Flèches) est un symbole des mouvements antifascistes américains.
RABMtushka en somme.

Le meme : https://i.redd.it/8lf5vnjtdcq31.jpg
(crédit : u/angerystrigoii)

http://spiritualrebels.bandcamp.com/album/spiritual-rebel-propaganda

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Cette version a clairement été expédiée pour la blague et pour sortir avant toutes les autres.

Projet islandais qui se prétend ukrainien, outre la pochette extrêmement dérangeante, l'auteur se perd dans des justifications mystiques absconses comme en témoigne le Bandcamp : "The atmospheric nature of true тусса spirit, is only rivaled by the holy trinity of neftóбak or known as баґґ in the orthodox scripture."
Le Bandcamp propose aussi des objets dérivés comme un médaillon en or 24 carats ou des chaussettes du plus bel effet.

https://baggtussa.bandcamp.com/album/bagg-tussa

Le meme pour que vous continuiez la lecture : https://pics.me.me/live-breaking-news-new-batushka-album-confirmed-to-have-battle-34270169.png

Annotation :

Dans un univers pas si parallèle, Batushka est né en 1994. C'est-à-dire que le concept du groupe, la source du black orthodoxe est apparu au début des années 90, en même temps que la sortie de "De mysteriis dom Sathanas", oui oui.
Malheureusement, tous les enregistrements ont été perdus dans un incendie, condamnant à jamais la publication de ces répétitions enregistrées teintées de génie (?).
Fort heureusement, un Polonais a décidé d'enregistrer une reconstitution fidèle du contenu de ses cassettes perdues.

Belle imagination, très mauvaise parodie.
https://ojczulek.bandcamp.com/track/liturgia-1

Ah et pas de meme, mais un rebondissement imprévu dans l'histoire : https://zupimages.net/up/20/18/q2ow.png

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Alors que les réponses à la Batushka-wave restaient majoritairement européennes, il était temps qu'un artiste américain s'exprime sur la question.

C'est chose faite avec "El Batushka", la version mexicaine de nos encapuchonnés, que vous pouvez aussi appeler "Los Batushkas Del Norte".
Je dois avouer que celui-là me plaît bien. J'ai ricané pendant tout le temps de mes recherches, probablement parce qu'imaginer un mariachi avec du corpse paint est une image réjouissante.
"Tepeyac" est le nom d'une colline au nord de Mexico.

Quant à la musique, c'est 7 minutes de mauvais Batushka-worship (évidemment). https://www.youtube.com/watch?v=iaiXrkYbsK0

Le meme : https://img.ifunny.co/images/7856c5a2fc445b8c338efb2f43cca12b7170fef54e01f0d3ad92172150118b1c_1.jpg

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Papushka est une révélation retentissante dans le monde des Batushkas. Le Bandcamp nous apprend en polonais : "Vous connaissiez Jean-Paul II pour son rôle de pape, mais vous ignoriez qu'il jouait aussi du black metal".
Sur ce single, notre cher Karol Wojtyła livre deux morceaux dont le premier est une curieuse proposition de blackgaze ethéré et rêveur.
On remerciera donc le défunt pape pour ses efforts en faveur des droits humains et pour ses compositions black metal.

Peut-être l'une des parodies les moins inintéressantes musicalement.

La pochette de l'EP prévu est un meme suffisant. Ça dit en russe "Papushka était un grand homme" : https://f4.bcbits.com/img/a1769197110_10.jpg

Disponible en prix libre "un achat = une prière" : https://papushka.bandcamp.com/album/-

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Retour à quelque chose de plus classique pour ce Batushka bulgare qui se présente comme le 4e Batushka. Manque de pot, tout le monde lui a fait remarquer dans les commentaires qu'il est plutôt le 15e, mais notre camarade bulgare ne se démonte pas et propose même un EP intitulé "6 Schisms" dès qu'il aura mis les sons en boîte.

Vous vous en doutez, toujours pas d'EP à l'horizon et c'est pas moi qui vais m'en plaindre.
Restent donc deux singles : Tortury Chrystusa nieziemskie ("La surnaturelle torture du Christ") et Papieska idylla seksualna ("L’idylle sexuelle papale"). Faites-en ce que vous voulez : https://www.youtube.com/watch?v=7pKQfF7486Y

(avant y avait un meme super drôle ici mais l'url est morte et je le retrouve nulle part ailleurs, déso)

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Attelons-nous rapidement sur ce cas fascinant à l'avant-garde de la Batushka-wave.
Hipster Black Metal est une chaîne Youtube dont le loisir favori est de se moquer des "clowns de l'industrie du black metal". Le post-black en prend généralement pour son grade et Batushka n'a pas échappé à la règle.

Sauf que l'auteur de cette chaîne s'y est pris plus tôt que tous les autres et a réalisé le premier single de Faketushka en mai 2019, avant même la sortie du deuxième album de chacun des deux groupes "officiels".

Ce projet-blague est intitulé поддельнаятушка, "поддельная" signifiant "faux" et "тушка" étant l'abréviation de Batushka (même si le mot signifie également "carcasse"), soit littéralement "Faketushka".
Le nom de la chaîne est aussi translittéré en cyrillique sur la pochette.

Pour une parodie, la qualité est surprenamment correcte tandis que la vidéo est celle d'un single du Batushka volé, signé chez Metal Blade : https://www.youtube.com/watch?v=ON-pdtAFlos
(le procédé est tellement memesque qu'il se suffit à lui-même)

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Admirez le Batushka que tout le monde (?) attendait : Cyka-Blyatushka. Pour celles et ceux qui peinent à suivre, "Cyka blyat" que l'on peut traduire grossièrement par "fils de pute" (littéralement "salope pute") est devenu un meme sur Counter Strike pour moquer le parler des russes sur le jeu.

Mais, Ô surprise, Cyka-Blyatushka n'est pas un projet de black metal mais de Batushka-core !
Comprenez par là, un mélange indigeste entre sermons religieux, plages ambient vaguement orthodoxes, samples massacrés de hentai et... metalcore débile.

Le titre est une translittération de "Piruja" qui renvoie à une prostituée dans la langue de Cervantès. Vous commencez à saisir la thématique ?
Probablement un des pires projets depuis le début de cette liste puisque, évidemment, aucun instrument n'est authentique et la guitare et la batterie sont assurées par des logiciels à l'exécution désastreuse.

Attendez vous à des bruits d'orgasme, des pets, des samples ridicules et une production abominable : https://sukablyatushka.bandcamp.com/album/-

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Mais s'il y a un Cyka-Blyatushka, il faut inévitablement un Blyatushka qui explore davantage le patrimoine slave.

Parce qu'ils sont bien gentils Cyka-Blyatushka, mais c'est pas avec leur metalcore synthétique qu'ils rendent hommage à leur nom.
Au contraire Blyatushka, avec sa pochette mettant en scène deux élégants gopniks (voir ci-dessous pour une définition), va se rapprocher de l'essence du propos.

Le titre du single, une fois traduit, nous révèle tout le génie du projet : "Blackened hardbass". De la hardbass infusé au black metal avec cette douce saveur orthodoxe qui réunit tous nos participants.

Parfois j'ai vraiment l'impression que tous ces Batushkas sont le résultat d'un cours d'Arts plastiques où la professeure aurait demandé aux élèves de donner leur vision personnelle de l'oeuvre originale. Une réécriture de collège.
Il va sans dire que ce Blyatushka serait le travail bâclé de l'élève mi-marginal, mi-populaire, qui fait rire mais pas assez pour qu'on soit pote avec : https://www.youtube.com/watch?v=UZsFZqPfpiU

Annotation :

Comme si le Batushka-gate n'était pas suffisamment fourni, il fallait qu'il y ait aussi un Orthodoxo-no-jutsu pour multiplier les Blyatushka.

Je vous présente donc The True Blyatushka, groupe polonais fondé en 1960 et qui affirme être le tout premier groupe de black metal au monde. Si l'Union Soviétique a perdu la course à l'espace, il semblerait qu'elle ait gagné la course au black metal contre ces fieffés Norvégiens.

En outre, Blyatushka ne se contente pas de faire du black terne, mais plutôt du "Gopnik black metal".
Pour celles et ceux n'ayant pas pour habitude de squatter sous des abribus, le gopnik est cette figure archétypale slave, issu de la culture jeune des classes populaires, affublée d'un béret et d'un survêtement Adidas et souvent représentée accroupie dans des lieux publics post-soviétiques (et surtout les deux pieds à plat au sol !).

Une figure de l'avant-garde soviétique et musicale en somme : https://www.youtube.com/watch?v=CXn2jW-SIsU

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À partir d'un moment, je commence à avoir du mal à comprendre.
Babooshka est une parodie sérieuse reprenant l'archétype de la babushka, matriarche slave, et qui plutôt que de se limiter aux médiocres singles, a déjà publié deux albums entiers mettant en scène une grand-mère dans un cadre orthodoxe.

Mais attendez ce n'est pas fini ! Babooshka n'est pas du black metal avec une approche humoristique, ooooh non. C'est un mélange bâtard entre du deathcore, de la trance, de la drum and bass et tous les styles électro qui peuvent passer à la moulinette russe kitsch.

Trancecore boiteuse et comique qui assume sa médiocrité, car tous les membres ont des projets sérieux à côté. Le guitariste officie même dans Bethlehem, groupe légendaire de metal sombre allemand.
Auto-qualifié de "disco orthodoxe" le groupe promet même de reverser les bénéfices de Bandcamp à une fondation qui construira des mosquées orthodoxes sur la côte australe de l'Antarctique : https://babooshka.bandcamp.com/album/-

La pochette du deuxième album en guise de meme : https://f4.bcbits.com/img/a2183069889_16.jpg

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Dans l'ordre alphabétique, après Batushka vient tout naturellement Catushka.
Vous en avez marre des expérimentations Batushka-core et vous voulez revenir aux vrais moines qui ont enregistré du black metal en des temps immémoriaux ? Accrochez-vous.

Catushka revendique être les authentiques créateurs du metal orthodoxe et peuvent vous le prouver.
Formé par des moines orthodoxes serbes à la frontière russe en 1421, Catushka était composé de trois membres.
Radomir Velibor a composé les parties de guitare avec une main, Nemanya Nikitsa avait Alzheimer et ne se souvenait plus comment jouer de la batterie donc a fait du blast beat tout du long, et le bassiste Dragoslav Vladislav était un énorme fan de Металлица (je vous laisse deviner de qui il s'agit). Enfin, Milivoj Velibor a mixé l'album après avoir trouvé la cassette dans le grenier de son grand-père. Une cassette de black metal de 1421.

Et évidemment la tracklist recèle de blagues exceptionnelles : "Ыоу Аре Гаы I: Tхе баллс оф чрист" étant le cyrillique pour "You Are Gay: The Balls of Christ". Le deuxième morceau est "You Are Gay II: Blessing".

Deux EPs de ce raw black metal vous sont disponibles : https://catushkaisnoice.bandcamp.com/album/-

Annotation :

Pour celui-ci, aucun contexte n'est donné sur la page Bandcamp.
Juste : "real Batushka no other Batushka we are"
Soit : "vrai Batushka, pas d'autre Batushka nous sommes". Un propos cristallin qui prépare à un voyage musical inoubliable.

En effet, Vvatushka nous propose une parodie de nos popes encapuchonnés A CAPPELLA.
Pas de tremolo picking ni de blast beats, tout est ici fait à la bouche. Mais pas une jolie polyphonie a cappella, ce serait trop beau ; une seule bouche pour un unique carnage auditif exceptionnel.

Avec trois morceaux pour une durée totale ne dépassant pas les 7 minutes, Vvatushka est vite devenu mon petit favori. C'est parfaitement indescriptible mais j'avoue volontiers avoir rigolé de bon cœur au bruit des cymbales fait à la bouche.
Peut-être parce que moi aussi, il y a quelques années et pendant une soirée arrosée, je me suis lancé dans l'aventure a cappella avec un groupe de grindcore anti-instrumental. J'ai des démos dans mon téléphone et c'est clairement aussi mauvais que Vvatushka, alors excusez ma tendresse à l'égard de cette mauvaise blague.

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Parmi la tétrachiée de parodies ridicules et tenant à peine debout, il fallait bien qu'un groupe essaie quelque chose de plus ambitieux et moins bineuronal.
Batyushka ont clairement été les plus productifs mais la musique reste encore trop proche des originaux. Surgit alors Vladyka, dont le nom fait référence au titre donné aux évêques orthodoxes. Le groupe assume clairement sa filiation sur Bandcamp : "Vladyka a été créé en s'inspirant du groupe Batushka".

Alors on n'est toujours pas sur une preuve de génie musicale, mais ça fait du bien d'entendre enfin un projet sérieux, aussi bancal qu'il soit (les basses sont bcp trop présentes dans le mix).
Le groupe précise "Nous respectons la sensibilité des croyants et ne cherchons pas à les insulter. 90% des textes sont tirés de l'Ancien Testament."
Le nom de l'album signifie d'ailleurs "Ancien Testament" en russe : https://vladyka.bandcamp.com/album/-

J'allais également féliciter le groupe pour cette splendide pochette, mais en fait ils l'ont piquée dans les inserts de "Esoteric Walfare" de Mayhem. L'oeuvre est signée Zbigniew M. Bielak (Immolation, Portal, Ghost, Deicide, Paradise Lost), dont vous pouvez suivre l'excellent travail ici : https://www.behance.net/zbigniewbielak

Annotation :

On reste dans le domaine du black metal, mais au moins ceux-ci sont honnêtes.
Le groupe se présente comme "A terrible two man project which may or may not be from Kazakhstan" soit "Un mauvais duo qui viendrait ou ne viendrait pas du Kazakhstan", puis de préciser "(probably not actually)" (probablement pas en fait). On repassera pour l'effet de mystère.

Sur la vidéo YouTube, les deux brigands précisent même que leur morceau est "a god awful piece" soit un morceau vraiment abominable. Pourtant, si on retire les blast beats qui ressemblent à un marteau piqueur sur une plaque de plomb, on a clairement vu pire à l'ère de la Batushka-wave. Plages de choeurs menaçants et riffs hypnotiques, au moins l'univers de Batushka est respecté, même si 14 minutes c'est un peu longuet.

Mais on en viendrait presque à oublier le titre du single, qui une fois traduit du russe nous apprend que "Satan est mon sugar daddy". https://babushka6.bandcamp.com/releases

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Pour bien comprendre le propos de ce Batushka, il faut saisir la signification de "uwu", smiley honni des internets. uwu est un smiley japonais (smileys de face, alors que les smileys US sont de côté) qui exprime la mignonnerie ou le bonheur et qui est intrinsèquement lié à la culture kawaii/anime.
Largement considéré comme un smiley gênant et inapproprié qu'on associe aux vieux hommes draguant des jeunes femmes amatrices de culture japonaise, le uwu a été banni du web et est très régulièrement utilisé de façon ironique pour moquer la culture anime.

Les weeb (pour weeaboo) sont des mecs non-japonais qui fétichisent la culture japonaise et surtout les jeunes filles des animes. Très souvent moqués par l'interweb pour leur consommation de hentais subversifs et leur achat compulsif d'oreillers représentant leurs héroïnes préférées, ils représentent un archétype virtuel commun.

BatUWUshka propose donc la rencontre explosive entre le black metal orthodoxe et les musiques de japanimation (en l'occurrence le thème d'Evangelion, merci à @Reverend-Z pour l'avoir reconnu). Une minute 33 de rencontre post-ironique au sommet, à la limite du contre nature, mais dont l'interprétation est irréprochable (elle est l'oeuvre de Gamaliel Nunquam, musicien australien) : https://www.youtube.com/watch?v=Crg_OBWa2_A

Annotation :

Ce groupe part d'un postulat politique fort et d'un engagement militant sans précédent dans la Batushka-wave. Selon le projet polonais Gabbatushka, le seul moyen orthodoxe de pouvoir communiquer avec le Grand Démiurge est l'ingestion d'ecstasy.

Fort de ce principe radical, le groupe n'hésite pas à troquer le black metal pour une musique électronique tout aussi radicale empruntant au nightcore et à la gabber (d'où le nom). Le groupe propose alors une variation de la pochette classique avec les smileys hérités de la culture rave, ainsi que des cachets d'ecstasy, preuves de leur message politique exigeant.

Non, vous vous en doutiez, c'est une reprise en version accélérée avec des gros kicks distordus et une voix rappelant le doux timbre de Donald Duck. Une belle immondice : https://gabbatushka.bandcamp.com/album/littergya

Annotation :

Après ces gaudrioles, retournons à notre compétition officielle de "Qui c'est qui sera le premier Batushka dans l'histoire fantasmée de Batushkaland ?".
Dans ce nouvel épisode, direction la Croatie où nous attend le candidat Baćuška, équivalent de Batushka dans la langue locale. Le membre central, unique et plénipotentiaire du groupe, le "Moine suprême et honorable détenteur de la Sainte Croix" Vaskrsije Aksentijević, nous apprend que cette oeuvre d'art intitulée en anglais "Psalms of the Protudemon Deception" a été enregistrée à l'église Sv. Petke Paraskeve au 14e siècle (soit un siècle avant Catushka si vous suivez).

Il nous confie également qu'à cette époque, une poignée de moines orthodoxes se sont réunis pour affronter les démons qui attaquaient et empoisonnaient leurs terres. Avec l'aide du clergé local, ils ont appris le chant des anges et ont composé ces deux psaumes pour effrayer les démons impies et protéger fièrement leur orthodoxie.
Le premier morceau est en croate et signifie "Que le Christ nous vienne en aide" et le second, en serbe, narre "Le dernier chant de la liturgie Decani" (faisant référence à un monastère dans l'actuel Kosovo).

Franchement, la personne derrière ce projet s'est donné beaucoup de mal alors que ce qui m'a fait le plus rire c'est d'apprendre que "psaume" se dit "psalami" en croate.

https://bacuska.bandcamp.com/album/psalami-spro-udemonske-obmane

Annotation :

Dans une démarche similaire, mais avec un style bien plus laconique, БЫАТУШКА (Byatushka) se présente comme le "true Batushka". Ils nous expliquent naturellement que le nom originel de Batushka s'écrivait avec un "Y" et que le groupe n'est pas polonais, mais bien géorgien.
БЫАТУШКА a donc été fondé en 2001 par des prêtres orthodoxes géorgiens et que toute personne qui prétendrait autrement ne serait qu'un vil menteur.

Pour la beauté du geste, le nom du single "ЧАЦЗАПУРИ 1" fait référence, avec une orthographe surprenante au khatchapouri (Хачапури), plat traditionnel géorgien composé d'une pâte à pain farcie au fromage.
Musicalement, c'est un pastiche de mauvaise facture, circulez y a rien à écouter : https://www.youtube.com/watch?v=UY3QN7hFRqs

Annotation :

Fallait bien que ça arrive à un moment. La version war metal de Batushka dans la plus pure démarche de Blasphemy-worship.
Sobrement appelé Wartushka, ce projet est l'oeuvre d'un Canadien qui officie sous le pseudo de WARPRIEST 666. Il s'occupe du chant (des "vokills" pardon), des "guitars ov death" et de la propagande.

Le pire (ou le mieux, à vous de voir) c'est qu'au delà de la parodie (qui a déjà de sérieuses limites), la composition tient difficilement la route. On remercie en revanche des titres inoubliables comme "Wartushka Cult Eternal" ou "Jesus Christ Siege Machine".
Le nom de l'album, quant à lui, est une référence claire au style des titres de Revenge. La pochette et ses lunettes de soleil permet de faire le pont entre l'iconographie chère à Batushka et l'accoutrement des membres de Blasphemy, devenu référence visuelle et memesque du war metal.

https://wartushka.bandcamp.com/album/victory-tolerance-mystery

Annotation :

Parfois les vannes de certains Batushkas deviennent obscures et assez hermétiques pour les quidams que nous sommes. Mais n'écoutant que mon devoir, j'ai investigué pour vous dévoiler la vérité derrière les plus sibyllins des projets (dans l'espoir secret d'être nommé au prochain prix Pulitzer).

Ce projet, nommé Babushka, semble venir de Serbie (bien que la tracklist soit en croate). Éminemment parodique, il semble se concentrer sur la politique serbe, la pochette de fort bon goût représentant Aleksandar Vučić, actuel président du pays (droite nationaliste) et dans ses bras, l'actuel vice-président Ivica Dačić (centre gauche).
Malgré mes grandes compétences linguistiques en serbo-croate, j'ai du mal à saisir l'orientation idéologique du disque entre le troll hostile au gouvernement ou le meme saveur alt-right.
Le titre se traduit par "L'Évangile selon Vučić" et faute de justification textuelle, je dois me rabattre sur la traduction de la tracklist. Pêle-mêle, on se retrouve avec un appel au don pour le SNS (parti du président), une insulte envoyée à sa grand mère (dernier morceau, "Ma grand-mère est une vraie connasse"), une prière adressée non pas à la gagnante de l'Eurovision serbe, Marija Šerifović, mais à un exorcisme (la dame en question étant militante lesbienne, il s'agit probablement d'un message homophobe) et un morceau en l'honneur de Vragolija Vikernesović, la version serbe de ce fripon de Varg.

Musicalement c'est enregistré en prise directe donc on entend les cordes frappées de la guitare et c'est 100% dégueulasse. Un joyeux bordel dans lequel j'ai déjà passé bien trop de temps. À vous les studios : https://babushka1.bandcamp.com/album/jevan-elje-po-vu-i-u

Annotation :

Jusque là on avait l'habitude que le conflit sur la paternité du Batushka soit réservé aux pays de l'Est, Pologne, Russie, Balkans voire à la rigueur Grèce et Géorgie. Seul El Batushka tranchait avec sa proposition méxicaine.
Mais ça c'était sans compter sur l'arrivée de Bashutpska, en provenance directe de Somalie !
Petite mise en contexte traduite du Bandcamp : "Des profondeurs de Mogadiscio se réveille le vrai Batushka dont chaque groupe polonais est un usurpateur [...] fondé en 1976 par la légende du black metal Dudu Olsen, prêtre copte orthodoxe, fils de Benito Mussolini, après que sa mère se soit auto-fécondée avec une bouteille de sperme vieille de 40 ans datant de la période d'occupation fasciste." Ce même Dudu Olsen serait celui qui a tué 19 soldats américains durant la bataille de Mogadiscio, scandale militaire de l'année 1993 (mais si, vous savez, La Chute du faucon noir). Et pour une authenticité maximale, le groupe affirme que l'audio a été ressortie et compressé "à travers un enfant soldat". Et de finir en utilisant cette histoire de plutôt mauvais goût pour justifier le prix de 1$, une "fortune en Somalie".

Pour une raison que j'ignore les titres des morceaux sont en espagnol et en anglais, alors que la Somalie n'a évidemment aucun lien avec la langue de Cervantès. La tracklist vaut quand même le coup d'oeil, entre le premier morceau qui assume être volé d'une vidéo YouTube sur 10 minutes de sons de cloches, celui qui affirme "Ta pute a une moustache" (sic) ou la reprise finale de "You Suffer" de Napalm Death, ce fameux morceau d'une seconde.
Quant au titre de l'album, "Ecce homo", il ne fait évidemment pas référence à l'ouvrage de Nietzsche, mais au nom donné à la représentation du Christ seul, debout, couronné d'épines et les mains entravées. Cette représentation classique était revenue dans l'actualité avec la restauration catastrophique d'un Ecce homo du 19e siècle par une octogénaire espagnole, donnant lieu à l'horrible gribouillage, rapidement devenu meme et qui orne la couverture du disque.

Musicalement, c'est aussi nul et mal enregistré que vous pouvez imaginer : https://bashutpska.bandcamp.com/album/ecce-homo

https://www.lexpress.fr/culture/art/restauration-desastreuse-d-un-tableau-du-christ-la-paroissienne-s-explique-le-cure-m-a-demande-de-le-faire_1152033.html

Pour ne pas créer une nouvelle entrée pour cet autre tacheron, il existe aussi un pseudo-projet intitulé Batushka Morla (en référence au groupe espagnol Vetusta Morla ?)

Annotation :

Après nos circonvolutions pénibles sur l'origine réelle de ces batushkades incensées, revenons à un propos plus moderne et urgent. Il était temps pour le Batushka écolo d'émerger du magmatushka !
Admirez le "eco-friendly orthodox black metal" de Bathowka.
Déjà, rien que le nom est une blague. C'est juste la retranscription visuelle du cyrillique en alphabet latin. Et que dire de la pochette avec Trump remplaçant la madonne et Greta Thunberg à la place du petit Jésus ?

Le groupe nous explique alors qu'ils viennent de la forêt de Białowieża (une des dernières forêts primaires européennes) et que dégoûté de la déchéance de l'imagerie chrétienne et du black metal causée par l'industrie musicale hétéropatriarcale, l'ermite à l'origine du groupe a voulu faire revenir la chrétienté et le BM à ses sources : "no mosh - no core - no trends - no fun" (le slogan de Deathlike Silence, le label central de la deuxième vague de black metal et fondé par feu Euronymous). Évidemment si vous n'êtes pas d'accord, c'est que vous conspirez avec le malin.

Mais pour revenir à notre thème, tous les instruments ont été enregistrés avec de l'énergie solaire 100% renouvelable tandis que le groupe ne soutient officiellement que les cabines isolées dans les bois et le véganisme. Naturellement.

Musicalement, c'est du boucan : https://bathowka.bandcamp.com/album/eco-friendly-orthodox-black-metal

Annotation :

Plus modeste que beaucoup des groupes de la Batushka-wave, Babuszka ne prétend pas être le premier Batushka de la planète, mais juste le premier et seul groupe de metal orthodoxe polonais. C'est déjà un premier pas vers l'humilité pronée par l'église orthodoxe.

Le groupe est formé de 4 "vraies" babouchkas, originaire de Sokółka, à la frontière biélorusse. Babuszka a été formé en 1990 et faisait partie de l'école polonaise de la 2e vague de BM. Après une séparation en 1995 le groupe se reforme en 2010 pour se tourner vers un style plus drone-ambient (à la Sunn O))) mais en plus chiant).
Le morceau ici présent a été enregistré en 2010, mais a été gardé dans un placard jusqu'à sa publication, en 2019. Quelle belle histoire originale et trépidante.

https://babuszka.bandcamp.com/track/babuszka-1

Annotation :

Alors eux, je vous spoile, ils sont pas marrants.

Aucune explication, aucun développement du background, aucune prétention à l'antériorité absolue.
En plus, on avait déjà un Batushka grec, même qu'ils étaient plus marrants en étant des anarchistes orthodoxes.

"Marouska", en alphabet latin, fait probablement des blagues mais mon absence de connaissances en grec moderne (je ne parle couramment que le grec ancien attique et dorien) me fait passer à côté. Sauf celle du titre, qui semble reprendre la base "litourgiya" pour en faire le mot grec "Dysleitourgia" (ΔΥΣΛΕΙΤΟΥΡΓΙΑ) et qui signifie "mauvais fonctionnement". Et les titres peuvent se traduire par "Attention". Hilarant.

Musicalement au moins ils essayent, avec un black-doom plutôt plat mais tout à fait écoutable par rapport aux précédents : https://marouska.bandcamp.com/album/-