Cover Top 10 BD

Top 10 BD selon Rainure

Cette liste de 11 BD par Rainure est une réponse au sondage Top 100 BD des Tops 10

Katsuhiro Otomo en couverture, une pastèque mal cadrée.

Je regarde des dessins parfois.

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Liste de

11 BD

créee il y a environ 10 ans · modifiée il y a 10 mois

Le Samouraï Bambou
8.3
1.

Le Samouraï Bambou (2006)

Takemitsu Zamurai

Sortie : 8 octobre 2009 (France).

Manga de Issei Eifuku et Taiyō Matsumoto

Rainure a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Incroyable force du dessin : mêlant impressionnisme, crayonné plus simple, voire figures simplistes ; permissivité souple (les yeux qui débordent des visages, les traits non finis) et précision folle. A la fois grandiose, grotesque, scotchant, et rythmé à la perfection ; une lecture de rebonds et de tranches, à l'histoire passionnante, aux personnages attachants puis détachés, aux démons qui me hantent encore dans certaines cases...

Nausicaä de la vallée du vent
8.6
2.

Nausicaä de la vallée du vent (1982)

Kaze no Tani no Naushika

Sortie : février 1982.

Manga de Hayao Miyazaki

Rainure a mis 9/10.

Annotation :

Relu, toujours pas loin de la perfection.

Je me souvenais bien entendu de la fondation d'un monde post-apocalyptique où tout hurle contre la folie des hommes, le sang appelant au sang, la destruction des environnements par envie morbide de possession. Je me souvenais de ces dessins grandioses remplis de miasmes, particules, où parfois tout vient se brouiller soudainement. Je me rappelai la guerre. Que rien n'épargnait personne, pas insectes pas rois pas enfants. Que quelques sagesses ne suffisaient pas.

Il y avait tout un pan que j'avais oublié.
Je ne me souvenais plus de cette part de dramatique ; le devoir assommant, incroyablement lourd, qui incombe non seulement à Nausicaä mais à tous les autres aussi, celui de porter la vie comme la blessure qu'elle peut être. C'est cette réalisation lente et difficile que l'humanité a sa part d'ombre, de ténèbres, et que défendre l'humanité sera aussi porter cette part là, et refuser, lutter contre les mystères du cimetière de Shuwa qui promettent des humains parfaits, préparés pour s'adapter à un monde bâti pour eux et répandre uniquement une paix, une grande paix factice, enfin. Peut-être bien que Miyazaki n'a jamais été plus amer qu'ici (éventuellement, dans Le Vent se lève), mais également le plus juste, rempli de doutes et de noirs, mais aussi d'affirmations vitales, de fulgurances.
Et surtout, qu'est-ce qu'on peut creuser loin les caractères ici, autant de lâchetés que de noblesses, de peurs, d'enfers terribles au sein même de ceux qui apparaissent les plus purs. Des larmes, et soudain sur des pages, les sourires, ceux qui redonnent à persister, à vivre tout de même, "même si notre chemin est difficile".

Bonne nuit Punpun
8.2
3.

Bonne nuit Punpun (2007)

Oyasumi Punpun

Sortie : 15 mars 2007.

Manga de Inio Asano

Rainure a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Des traits surgissent un rien. Un rien qui se voit, se sent, se ressent, et qui vous a de ces couleurs. Ça rend un peu triste parfois, un peu choqué, un peu mal à l'aise... Ça rend vivant, ça rend émotif et joyeux. C'est l'Humanité en 13 volumes, et c'est à découvrir à n'importe quel prix.

Akira
8.6
4.

Akira (1982)

Sortie : 6 décembre 1982 (France).

Manga de Katsuhiro Ôtomo

Rainure a mis 8/10.

Annotation :

Folie furieuse et chaos au sein même de l'Homme, gigantisme forcené de la chair.

Ayako
8
5.

Ayako (1972)

Sortie : 25 janvier 1972.

Manga de Osamu Tezuka

Rainure a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Au moment où la fin intervient, je reste un peu sur ma faim... J'en viens à prendre un peu de recul, et me dire que tout de même, ce développement était si glauque et génial que je ne peux qu'applaudir.

Le trait d'Osamu Tezuka est surprenant : décontenancé quand j'avais lu les 3 Adolfs, où les personnages aux expressions exagérées et marquées par des membres (bras, jambes, tête) déformés à souhait, aux rendus parfois naïfs, m'avaient un peu sorti du ton fondamentalement sérieux de la série.

Cette fois, le tracé est toujours le même, mais la magie a opéré : cette opposition de traits sans fards (simples) aux paysages touffus et fournis marche excessivement bien : mieux, les traits en eux-mêmes dépassent le seul côté "simple" pour desservir un noir et blanc somptueux, comme expressionniste, et rendant les émotions comme à juste portée, pour un rendu au poil. Et ça permet, par moments, d'y adjoindre des personnages dessinés de manière plus réaliste, pour encadrer la trame.

La trame, parlons en : on parle ici des grands effacés et grands disparus, au profit des histoires : de l'Histoire d'abord, avec un grand H (une chasse au sorcière et une dépossession des propriétaires terriens servent d'appui, ainsi qu'une classe politique véreuse et aux serres avec les mafias locales -et même les puissances étrangères), mais surtout avec un petit h, l'histoire de la famille Tengé, souffreteuse, dégueulasse et profondément salie par des temps et des temps de dépravations.

Au sein de cette famille naitra Ayako, soumise à tous ces échos terribles, qui la dépassent et la dépasseront, au coeur d'un drame dont la démesure est sans appel : elle sera celle qui ne comprend pas, mais subi ; sacrifiée "sur l'autel de l'honneur", haïe malgré elle, seule "saine" (épargnée par la folie du moins) à cause de son ignorance, mais d'autant plus touchée finalement...

Je ne sais pas s'il faut tirer d'Ayako une fable sur le pardon, un portrait mordant ou simplement sombre d'une société en reconstruction, restructuration qui laissera sur la marge quelques "déchets", en tout cas Tezuka aura su toucher mon petit coeur.

Asterios Polyp
8.1
6.

Asterios Polyp (2009)

Sortie : 8 septembre 2010 (France).

Roman graphique de David Mazzucchelli

Rainure a mis 9/10.

Annotation :

Exploit complet du dessin, qui manie à la perfection le symbolisme des aplats, la forme des bulles ou leur absence, l'espace, remanie toutes les pages, les sens, la lecture, découpe les espaces et les modèle à volonté : sa personnalité comme redécoupage de son environnement, et son paradigme comme lecture du monde. C'est un dessin parfois brouillé, toujours merveilleux, sans trop de définition et pourtant réglé au millimètre, et dedans tous les rappels à l'architecture, toutes les nuances entre les aplats, et tout le saccage de la jalousie, de l'écoute abandonnée, de l'enfermement dans son propre monde sans savoir se projeter dans l'autre. Un lâcher-prise quasi total pour chaque parle ou pourtant hurle une évidence. Des ombres, des lumières, des éclats et des éblouissements (mais quelle fin décevante pourtant, quelle fin décevante, c'est bien tout ce qui m'arrêtera dans mon amour pour cette bande-dessinée)

Zoo : L'Intégrale
7.8
7.

Zoo : L'Intégrale (2011)

Sortie : 11 novembre 2011 (France).

BD franco-belge de Philippe Bonifay et Frank Pé (Frank)

Rainure a mis 7/10.

Annotation :

Ma-gni-fique, 3 tomes bouleversants sur des vies tournant autour d'un jardin zoologique, qui s'effondre peu à peu à cause des frais trop importants d'une telle entreprise, marqué par l'ombre de la guerre de plus en plus présente...

Et autour de ça gravitent nos personnages, Manon l'enfant sauvage qui résonne en chaque animal du zoo, dicte par ses humeurs les humeurs animales ; Manon qui guette et survole un peu chaque case par sa présence forte... Anna, son âme de louve envolée, dévorée avec son nez parti - très beau petit poème dans un style russe pour le raconter ; Célestin, le doyen bienveillant et au choix lourd d'abandonner son havre de paix pour sauver le plus de vies humaines possibles par la médecine ; Buggy à l'âme d'un Egon Schiele, un peu renfermé, doux et discret, les traits anguleux et le silence...

Puis vient le dessin, pour une oeuvre totale. Les sépias et noirs et blancs d'où jaillissent juste quelques couleurs, pour les périodes sombres, les moments glaçants - le troisième tome qui ne commence qu'avec pour toute couleur autre que le marron, sépia, noir et blanc, le rouge et ses nuances - ou plus généralement les créations humaines.
Les couleurs exubérantes, par milliers pour la nature, le vivant, les formes qui bondissent : c'est Manon, mais aussi les animaux du Zoo, les plumes bigarrées et les dégradés du ciel au Soleil couchant. Les cases allongées, rétrécies, ou s'insérant l'une dans l'autre pour pointer un détail particulier. L'écrasement des petits êtres devant le gigantisme du zoo, de ce projet démesuré, qui en vient à se laminer petit à petit sur les trois tomes.
L'innocence des jeux amoureux, des corps qui se donnent au début, perdue peu à peu pour les mines toujours pâles et sombres, les cavités dans les âmes... Ne reste que le départ.

Magnifique, magnifique...

Habibi
8.1
8.

Habibi (2011)

Sortie : 25 octobre 2011 (France).

Roman graphique de Craig Thompson

Rainure a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Bande dessiné-univers ; riche de toutes les nuances de l'encre et du papier vierge, de toutes les légendes entrecoupées, où les formes se géométrisent, s'arrondissent ou se redressent : les djinns comme des flammes indomptées, l'eau et la fumée comme des frottis. Où l'on rappelle les mystiques, les calligraphies, l'histoire, les origines des choses ; où le fond joint la forme : découpage des cases libre et volatile, suivant à volonté les mouvements des choses, les nécessités, les rythmes, les altercations (tant, tant d'images à voir) ; doubles-pages dans le désert superbe, ou vision de palais et harem. L'écriture comme un corps aussi, comme des éléments ; la vague de l'Amour, les humains qui s'entraident, ceux qui trahissent et violent. L'on fait de son mieux pour tenir, pour vivre.

Et l'on raconte ces petites histoires aux coins des matelas pour mieux rêver. S'échapper.

Le Combat ordinaire : L'Intégrale
8.2
9.

Le Combat ordinaire : L'Intégrale (2010)

Sortie : 2 décembre 2010 (France).

BD franco-belge de Manu Larcenet

Rainure a mis 9/10.

Annotation :

Déchirant - là où Blast faisait dans un réalisme sombre, le Combat Ordinaire fait dans le clair-obscur. Le gros mensonge de notre siècle, c'est que tout un chacun puisse être quelqu'un de génial, d'incroyable, d'incontournable - que quand on veut on peut (alors que non, tout le monde ne peut pas) ; là, Manu dresse des petits portraits humains, à coups de pifs grossiers, de membres tortillés, de cases d'où on efface les fonds parfois pour ne garder plus que l'être (la fin du premier chapitre, bouleversante de justesse par exemple). Ce sont les êtres qui courent de "Comme un légo", dans le vent, qui bataillent et tournent leurs vis du matin au soir parce que leur place est là. Qui se surprennent à saisir la beauté, rien qu'une fois, rien qu'un instant - pour s'effondrer en une crise d'angoisse à la case suivante (les couleurs éclatantes disparaissent pour un rougeâtre qui attrape la gorge, les yeux perdent leurs pupilles, le tout se brouille un peu). On se confronte au très humain, celui qu'on explique pas avec des mots, et dont Manu tente de se rapprocher par la respiration - les paysages qui filent au gré des saisons, ou les palettes plus ternes au fur et à mesure. C'est l'anachronisme des ouvriers, ou la gravité de ceux qui ne peuvent plus voir, qui se confondent en cynisme (le glaviot pointé à la gueule de "l'aaaartiste"), et c'est la photographie qui cherche à saisir tout, le petit événement sans envergure, les coins des tables qui s'éparpillent, les bouts de vies emportés. La mémoire s'efface, en de grands gestes, des frottis du crayon, du pinceau (les scènes de nuit, les grands dialogues pseudo-philosophiques), on en retient un bout. On rigole par moments, et là juste derrière - on se sent perdu. Sentiment de dépossession, les sols s'uniformisent, les scènes se répètent. A qui se fier, se confier ; quelle chance pour la repentance, des mots et des mots. Des bulles et des couleurs - comme une tentative désespérée de se mettre à une hauteur humaine, à travers ce qui est déjà publié - ce qui est déjà "haut".

Dr Cataclysm, T1 : Le Maître Invisible
7.8
10.

Dr Cataclysm, T1 : Le Maître Invisible (2018)

Sortie : 10 avril 2018 (France).

BD (divers) de Martin Georis (Mortis Ghost)

Rainure a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Il est question d'un voyage - de traces, de disparitions, d'errances surtout. Mortis Ghost dessine ces êtres pleins de places pour des détails, des couleurs qui ne seront qu'imaginées, des palettes à choisir de soi-même, alors que le noir et blanc vient dessiner les infinis, pigmenter les gestes et plissements des yeux.
Quelle histoire faut-il lire ? Faut-il un but autre que ces rencontres ? Ces apprivoisements ? Que doucement les troupes se côtoient, s’appréhendent, se fassent confiance ? Des fils sont tirés quelque part, par Mortis Ghost directement, qui effiloche et dissimule, qui laisse se déployer des choses sans nécessairement de réponses (il n'en veut pas), lui il veut plutôt le réconfort, les ciels étoilés, les doux passages de livres dans une bibliothèque, il veut tacler certains ennuis, les dérives incessantes pour tenir, esquisser une forme de tiédeur amicale, confortable, de coin de feu, ce vaisseau et la petite cosmogonie, les origines magiques.
Depuis Off, le trait s'est assoupli, on reconnaît les personnages neutres, mais des sourires apparaissent, les bras sont sous le blanc lorsque les masses à jambe avancent, courent les couloirs, les grands espaces. Les lois ne valent, que le temps des cases ; rien d'acquis, qu'une douceur d'instants, de chagrins à rasséréner, d'existences sans gouvernes et qui se cherchent, recherchent des flèches.

Parcourir le cataclysme déclaré, s'en appuyer pour soi et celles et ceux qui nous entourent, d'un geste allant, d'une humeur allante, d'un étonnement.

24 tomes, disponibles ici prix libre:
https://grandpapier.org/mortis-ghost/

Opus
7.7
11. Opus (1995)

Sortie : 1995 (France).

Manga de Satoshi Kon

Rainure a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Satoshi Kon, avant même le grand écran, savait développer ses thèmes tentaculaires, vertigineux, et qui perdent totalement l'acteur (on n'est pas que lecteur là, franchement), tout en posant le point sur des tonnes de questionnement sans y mettre trop de jugement de valeur/d'emphase gênante : quel contrôle exerce vraiment un créateur sur son œuvre ? Quel est le poids des producteurs / de ceux qui financent derrière ?
Jusqu'où peut se permettre un dessinateur de fignoler son dessin pour rester quand même dans les temps ? Parfois ils se voient justement forcés de bâcler...

A quel point le sadisme vis-à-vis de sa création peut être d'importance ?
A t'on tous les droits sur ses personnages, quand bien même il arrive alors que ce soit une trahison du point de vue du lectorat, ou du caractère de l'oeuvre ?
Jusqu'où une oeuvre est artificielle, quand est-ce qu'elle commence à "prendre vie" ?
Le souffleur de verre insuffle-t'il une âme à son travail ? De même pour le sculpteur de glaise ?

Bref, une réflexion sur l'artisanat, le contrôle et la liberté d'expression, de création, une révolte muselée mais latente, dans un produit complètement fou et sortant des cadres classiques de la Bande Dessinée.

Une oeuvre piégée dans son inachèvement, et en ça, c'en est beau.

Rainure

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