* Pour se la jouer à la Marielle !

Annotation :

Belmondo était l'un de ceux avec lesquels il partageait une inoxydable
amitié.
"J'ai les mêmes amis depuis cinquante ans, pourvu qu'ils soient encore vivants, c'est tout ce que je leur demande ! Satisfaits des miens, je n'ai pas éprouvé le besoin d'en changer...
J'ai réussi mes amitiés et ce n'est pas loin d'être ma plus grande fierté !".

Annotation :

Il y incarne un "sympathétique" séducteur à moumoute perdant la face.
Tiens, à propos de sa si identifiable pilosité sous-nasale.
"Aussi loin que je me souvienne, ma moustache a toujours été là. Je pense être né avec. Comme Rochefort. Peut-être sommes-nous Siamois, unis par une moustache, séparés à la naissance !".

Annotation :

Ce qu'il en dit.
"Rien à ajouter. Les films, les livres, les chansons apportent des réponses aux questions que l'on se pose ; ou nous confrontent à de nouvelles interrogations, sitôt résolues.
C'est aussi un mot agréable en bouche, surtout précédé d'un adjectif possessif !".

Annotation :

Pas le meilleur film de Berri, bien entendu, mais un Marielle inénarrable en dentiste vicieux. Pourtant, c'est très intimement qu'il parle de la pudeur.
"J'ai aimé jouer des personnages caricaturaux. Il est plus simple d'ajouter des couches d'habits à sa personnalité plutôt que de la déshabiller d'emblée...
Jeunes hommes, avec Claude Rich, nos discussions s'intéressaient principalement à nos cheveux, à leur état du jour et à leur sort. Nous craignions de les perdre tôt, comparant nos implantations, l'avancement de la chute inexorable. Mais nous gardions secrètes nos inquiétudes plus sérieuses !".

Annotation :

Il livre quelques souvenirs de tournées avec une déconne très dépaysante.
"Sur la route avec Robert Hirsch et Jacques Charron, des maîtres, il y avait une ambiance de saltimbanques moliéresques.
On s'amusait formidablement.
A Séville, au sortir d'un dîner, Hirsch, s'imaginant qu'il était Rosine, se fit une robe d'une nappe, dansa dans les rues et joua des castagnettes avec des coquilles Saint-Jacques vides !".

Annotation :

Comme toujours, entre physique et verve, il ne passe pas inapperçu.
Et pourtant...
"J'ai une tête de rien. Au fond, c'est peut-être le mieux pour un comédien. Avoir une tête de rien pour tout jouer. Je suis passé de l"enfant à l'adulte sans passer par la case minet !
Je jouais les vieux à 20 ans. Ce qui faisait économiser aux producteurs l'embauche d'un comédien plus âgé, donc plus cher !".

Annotation :

Sélection filmique idéale pour placer son sentiment sur la Mort, arrivant toujours à ses fins !
"Si mon âge me paraît abstrait, je n'ignore pas que j'arrive vers des zones de moins en moins visitées. Si j'ai vu des proches disparaître et signaler ainsi qu'une fin était inévitable, je ne m'y fais pas. Aux funérailles d'un ami très cher, Michel Beaume, j'étais terriblement malheureux et sentais bien qu'elles ne seraient pas les dernières. Je me suis retourné vers un camarade commun pour lui dire : "Mets ton casque, c'est la guerre !".

Annotation :

Désormais un grand classique français du film en costumes...
Mais, foutredieu (avec le gras de voix mariellesque !), pas que pour ça !
"J'ai des coquetteries de jeune fille. Je peux passer des heures à trouver l'association juste entre une cravate et des chaussettes !
Dans "Les grands ducs", je devais passer un tailleur Chanel, ce qui ne m'enchantait pas. Il ne me paraissait pas nécessaire que le personnage se travestisse... Et il m'allait mal. Au dernier moment, j'ajoutai une paire de boucles d'oreilles et me sentis parfaitement à l'aise, enfin !
L'esprit du vêtement, c'est toujours de l'ordre du détail ; mais un détail qui vous rend "complet", si j'ose dire".

Annotation :

L'un des très grands rôles de Carmet, un autre de ses très grands amis.
"Notre entente a été immédiate...
Je jouais "La preuve par 4", de Félicien Marceau, à La Michodière. Lui, travaillait dans un théâtre voisin et, terminant tôt, nous rejoignait sur scène juste pour saluer, à la stupéfaction amusée du public !...
Après le tournage de "La controverse de Valladolid, Trintignant et moi l'avons rejoint dans la maison de notre réalisateur, Jean-Daniel Verhaeghe. C'était le jour de Pâques. Carmet nous dit la messe en latin, avec l'accoutrement complet d'un curé !...
Après "Bouvard et Pécuchet", je fis le chemin du retour avec Verhaeghe, silencieusement, avant que je ne lui dise : "C'est dommage qu'on l'ait fait, on ne pourra plus le refaire !".

Annotation :

Joël Séria a beaucoup compté au niveau de sa filmographie contrastée.
"Le destin des films que j'ai faits avec lui me paraît mérité. Pas tant par ma présence que pour ce qu'ils offrent de singularité et d'imprévisibilité, de cocasserie mais aussi de nostalgie...
Ces personnages me laissaient de la place pour inventer, trouver, ou tout du moins chercher. Ils sont venus rompre ce qui ressemblait peut-être à de l'habitude. Lorsqu'on s'y enlise, il est grand temps de virer de bord !".

Annotation :

Délectable car décapante, sa vision - entre autres - des prix, trophées...
"Je ne suis pas un acteur de tombola ni un cheval de course. Cette société de produits, de performances, où il faut gagner à tout prix, m'irrite prodigieusement !
Je préférerai toujours les perdants aux triomphateurs !".

Annotation :

Sociétalement, sexuellement, un récit hénaurmissime !
Au point que beaucoup considèrent que "c'est du n'importe quoi"...
Ce à quoi le titre de son livre fait savoureusement écho :
"J'entends encore la voix de mes enseignants, du lycée au Conservatoire d'art dramatique ; "Marielle, arrêtez de faire n'importe quoi !".
Ne m'ayant jamais donné de bonnes raisons de leur obéir, j'ai continué !".

Annotation :

Ô con ! (comme le disent à tout bout de champ les Toulousains), qu'est-ce qu'il leur met !
"Je fous le camp dès que j'en aperçois un !
Et, si les convenances m'en empêchent, je m'efface, m'abstrais, disparais dans mes rêveries.
Être dépendant d'un con est effroyable ! Ce métier permet, en règle générale, de ne pas y être obligé... Il y a eu des exceptions que la politesse m'interdit de détailler".

Annotation :

Titre idéal pour écouter sa vision du jeu...
"Mon plus grand regret d'acteur, c'est de n'avoir jamais été heureux, complètement heureux, de ce que je faisais sur une scène ou un plateau. Il y a quelque chose d'adolescent dans cet idéal de voyage intérieur, d'oubli de soi dans un personnage, d'abandon sans préméditation...
J'ai eu parfois le sentiment de tout maîtriser, la moindre vibration de chaque mot, mais sans entrer dans cet état second où se tiennent les plus grands".

Annotation :

Comme à peu près tous les acteurs/actrices, il n'a bien sûr pas tourné que dans des chef d'oeuvres, parfois d'ailleurs des films "à la con" !
Coup de torchon de mise au propre à ce sujet :
"Il m'est arrivé de me laisser un peu aller et de tourner des idioties, souvent des rôles de sauteurs de canapé, de dragueurs de troisième division. Curieusement, quand il s'agissait de théâtre et de télévision, j'ai fait preuve de plus de discernement, je crois (On trouverait bien quelques exceptions).
Mais ce n'est pas si grave. Lorsqu'on tourne dans un navet, on pense à la viande que l'on pourra acheter avec le cachet. Et ça passe bien. Je n'ai pas l'estomac délicat !".

Annotation :

A ce propos, il confie une déconfiture artistique très coup de théâtre.
"Jeune comédien, j'étais dans la troupe de Jean Vilar. Mais je n'y ai pas fait de vieux os. Il m'a surpris assis sur des marches, portant un costume superbe réalisé par Léon Gishia, en train de fumer. Il était outré. Il m'a renvoyé sur le champ !".

Annotation :

Comme, par exemple, lors de la soirée de gala des Césars...
Délectable car décapante, sa vision - entre autres - des prix, trophées...
"Je ne suis pas un acteur de tombola ni un cheval de course. Cette société de produits, de performances, où il faut gagner à tout prix, m'irrite prodigieusement !
Je préférerai toujours les perdants aux triomphateurs !".

Annotation :

Ce serait en partage de choses simples, contemplatives...
"Je ne sais rien faire d'autre ! A part regarder les arbres, lire, voyager, visiter des expositions, traîner... Soit rien qui ressemble à une autre carrière !...
Regarder est mon activité favorite. Je peux rester des heures à une terrasse, devant un verre vide, à observer les démarches, les visages, les vêtements. Je laisse filer mon imagination ; leur invente des vies, des amours, des chagrins ; leur prête des caractères et des intentions".

Annotation :

Le texte de Marcel Aymé dans cette oeuvre liée à la période la plus trouble, la moins glorieuse de l'Histoire de France, est souvent acéré, cinglant.
Pour Marielle, le texte est sacré.
"Avant les saluts, les hourras, j'aime les textes, sentimentalement, charnellement. Servir l'auteur est mon premier devoir, mon premier désir. C'est lui qui décide de mon choix de jouer, ou non, un rôle...
Faire rire avec une pièce consternante, dont l'on déteste la matière, est désespérant. Cela m'est arrivé et je sortais de scène affligé. Le fossé entre ce que je pensais de ma performance et la réponse de la salle était alors plus qu'un malentendu : une offense personnelle !".

Annotation :

Guillaume Depardieu, son jeune partenaire au talent si épidermique, a été bien plus que ça.
"Il disait que nous adorions être détestables. J'ai compris tardivement ce qu'il entendait par là, et que je partage aujourd'hui : être d'abord rude permet d'établir une barrière malcommode à franchir. Suggérer d'emblée qu'on nous foute la paix est la meilleure stratégie pour ne laisser venir jusqu'à nous que les plus opiniâtres, les meilleurs. Cette distance hérisse de piques notre bulle, pour tenir en respect les inquiétudes et les importuns.
Il était de ma famille d'adoption, comme son père et sa soeur, dont je me suis toujours senti proche. Je l'aimais tendrement...".

Annotation :

Puisque la filmographie de ce cinéaste n'en manque pas, toute en trouvailles scénaristiques de génie, voici la définition définitive de notre bonhomme :
"Le comble de l'extravagance : n'être compris par personne !".

Annotation :

Sa voix unique y fait particulièrement merveille.
"Le public s'imagine sans doute que chaque matin je me gargarise au bourbon ; fume un ou deux cigares épais comme une cuisse de catcheur ; grignote des grains de poivre toute la journée ; sans oublier le paquet de Gitanes brunes réglementaires avant le coucher !
Il sera déçu : c'est une affaire de fosses nasales !...
Il ne faut surtout pas penser à sa voix ou la travailler...
Certains comédiens, dès le Conservatoire, se fatiguent les cordes vocales à descendre dans les graves, s'imaginant qu'ils seront de grands tragédiens. De ceux-là, le jargon du métier dit qu'ils ont la voix dans les couilles !".

Annotation :

Il analyse ce statut professionnel si à part de manière réfléchie, lucide.
"Les acteurs éprouvent souvent le sentiment irrépressible (qu'ils ne se donnent aucun mal à réprimer !) de se faire remarquer, aimer, applaudir. Quand il devient leur obsession principale, rien de bon ne peut sortir d'eux. J'aspire à ce moment où quelque chose de véritablement intime disparaît. Où un secret surgit et que l'on perçoit chez Simon, Bouquet ou Jouvet.
Longtemps, trop longtemps, j'ai surchargé mon jeu, le saturant d'exubérances, mais avec jubilation. Je me cherchais. Une fois que l'on s'est trouvé, on peut gommer, ne garder que le squelette pour l'exhiber".

Annotation :

La sauvageonne Ludivine Sagnier, on a envie de siffler sur son passage !
Un talent caché, méconnu, de l'acteur :
"On le sait peu, mais je siffle très bien. Si je n'avais pas été comédien, j'aurais probablement fait clochard siffleur !".

Annotation :

Confidences savoureuses :
"Je garde le souvenir de la taille de ma caravane. Mon appartement n'est guère plus grand !
J'aurais aimé tourner avec Samuel Fuller, Raoul Walsh, Howard Hawks ou Ida Lupino, merveilleuse actrice et cinéaste...
Les moeurs hollywoodiennes d'alors n'étaient pas à l'importation d'acteurs français... à quelques exceptions près. Et n'ayant pas le même emploi de gentilhomme charmeur que Maurice Chevalier, j'ai été négligé !".