Cover La promenade à Hval [Portrait d'une discographie #1 - Jenny Hval]

La promenade à Hval [Portrait d'une discographie #1 - Jenny Hval]

Premier volume d'une série que je souhaite fournie. Je ne fonctionne que depuis très récemment (et encore, ponctuellement) par discographie ; j'ai longtemps fonctionné en passant d'un album à l'autre sans m’appesantir sur le reste de la production des artistes. Mais comme Nicolas et Manuel, j'ai ...

Afficher plus

Liste de

11 albums

créee il y a environ 7 ans · modifiée il y a presque 6 ans

Desolation
7.5

Desolation (2000)

Sortie : 2000 (France).

Album de Shellyz Raven

T. Wazoo a mis 5/10.

Annotation :

Avant de s'embarquer dans une carrière solo, Jenny a fait partie de divers projets dont elle n'était d'après ses dires pas la force créatrice, dont ce truc de métal gothique. C'est assez rigolo de l'entendre chanter dans un tel contexte ! Plaisir coupable, l'album en lui-même n'est pas bon (ou bien c'est juste pas mon truc, allez savoir), c'est super kitsch mais avec toute la bonne foi du monde je remarque qu'elle chante déjà divinement bien. Suffit d'oublier les breaks pourris à la boîte à rythme.

Et matez la pochette :'D

https://www.youtube.com/watch?v=HtOb0sYm0qg

To Sing You Apple Trees
6.8

To Sing You Apple Trees (2006)

Sortie : 2 octobre 2006 (France).

Album de Rockettothesky

T. Wazoo a mis 7/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Sous le pseudonyme Rockettothesky (en hommage à son chien mort - elle aimait se dire que ses chansons étaient des véhicules pour l'emmener au ciel), Jenny commence sous des oripeaux folk pop qu'elle laissera bien vite tomber pour trouver un son qui lui correspond mieux. De ses propres dires, elle n'a pas été vraiment maîtresse de la direction artistique de ce premier album, les impératifs studios/labels lui ont un peu forcé la main pour adopter, elle l'ex-gothique, un style très accrocheur et plaisant à l'oreille.

Mais quand bien même c'est son album le moins représentatif, ça demeure rempli de pépites d'autant plus précieuses qu'elles resteront uniques dans la discographie de Jenny. 11 ans après, "Barrie for Billy MacKenzie" demeure facilement dans ses 5 meilleures chansons (et Dieu sait qu'il y a de la concurrence). Jenny prouve d'emblée son talent de songwriting, d'une part avec de superbes mélodies curieuses et des refrains mémorables, d'autre part dans ses textes déjà déroutants, suggestifs, intimes ; ainsi que cette voix unique, élastique, aussi à l'aise dans le spoken word lascif quand dans les aigus chatoyants. C'est un sacré bel album de folk... qui reste à 7 uniquement en comparaison à ce qui suivra.

Barrie for Billie MacKenzie :
https://www.youtube.com/watch?v=vp-LFWTqmcw
A Cute Lovesong, Please :
https://www.youtube.com/watch?v=k6rGqRMGUXo (niveau provoc choc elle n'y va déjà pas de "main" morte)

Medea
7.4

Medea (2008)

Sortie : 2008 (France).

Album de Rockettothesky

T. Wazoo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Second et dernier Rockettothesky, avant que Jenny Hval se décide à utiliser son nom de naissance comme nom d'artiste. La voilà plus maître de son projet, en conséquence Medea est moins immédiat que To Sing You Apple Trees, moins lardé de chansons pop ; il voit Jenny développer pour la première fois une "atmosphère". Medea est éthéré, trompeur, synthétique, voluptueux, intime. Certes la chanteuse n'en est pas encore au point de communiquer tout cela aussi bien que sur ses derniers essais, mais c'est un pas dans la bonne direction. Plus "gothique", plus morbide, mais sans jamais tomber dans le cliché ; Jenny Hval a déjà une voie unique, son propre chemin, qu'elle est la seule à parcourir.

Grizzly Man :
https://www.youtube.com/watch?v=VeeQSJ_xDg4&list=PL0KEMuYs4l2J0kGOhVlJUD_5etWjTk-wu (qui part d'un folk qu'on lui connait bien pour verser dans un éther vertigineux, peut-être le morceau idéal pour assister à l'évolution de son style en temps direct)
Song in Blood :
https://www.youtube.com/watch?v=hFfwJ6th3mE (balade ambient lo-fi au piano de toute bôté)

Viscera
7.4

Viscera (2011)

Sortie : 18 février 2011 (France). Folk, Rock, Folk, World, & Country

Album de Jenny Hval

T. Wazoo a mis 8/10.

Annotation :

Premier album sous son vrai nom, et Jenny tient bien à marquer le coup. Le premier morceau commence et :

"I arrived in town...
With an electric tooshbrushed pressed against my clitoris."

Retour au folk, mais éminemment sombre celui-ci, néofolk pourquoi pas. Avec des touches de dark-ambient pour parfaire une atmosphère bien glauque. Mais en même temps sexy... comment fait-elle ? Viscera est un album aussi dense qu'il est labyrinthique. Enfumé, halluciné, il pourrait presque être carrément taxé de psychédélique ("Blood Flight" est un héritier direct du "The End" des Doors) si Jenny n'avait pas l'air, comme à son habitude, aussi perçante et lucide qu'à son habitude. Elle joue avec l'auditeur, se joue de lui si on lui en laisse l'occasion, et les jams entêtantes de Viscera sont le parfait terrain de jeu pour la Norvégienne qui teste toujours plus loin ses improvisations. Un style toujours en pleine mutation...

Blood Flight :
https://www.youtube.com/watch?v=dF6hvxQBDSo (démentiel)
This Is A Thirst :
https://www.youtube.com/watch?v=01kYog2gPbI (8 minutes dronesques, dont surgit des lamentations méditatives... this is a thirst that resembles me...)

Nude on Sand

Nude on Sand (2012)

Sortie : 6 janvier 2012 (France).

Album de Nude on Sand

T. Wazoo a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Jenny a toujours manié la pop et l'improvisation dans ses compositions. Mais à quoi ressemblerait un projet où elle abandonne le côté pop pour ne se concentrer que sur l'impro ? Et bien ça donnerait Nude on Sand, duo qui voit Jenny improviser son chant par dessus des impros de guitare acoustique de son fidèle musicien/manager/les mec derrière les machines en concert, j'ai nommé Håvard Volden. (Jenny joue aussi de la guitare en même temps d'ailleurs)

Concrètement, un album qui va et vient entre l'errance intrigante, la pure apesanteur, l'hystérie relou, la fulgurance mélodique qui marche on sait pas trop pourquoi, le dissonant (dans le bon comme le mauvais sens). Globalement assez content d'avoir posé mes oreilles là dessus, même si... ça manque de pop :)

J'attends l'album pop sans impro, pour voir.

Full album :
https://www.youtube.com/watch?v=sSZYbxhlDLU&t=600s

Innocence is Kinky
7.2

Innocence is Kinky (2013)

Sortie : 19 avril 2013 (France).

Album de Jenny Hval

T. Wazoo a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

De plus en plus assurée dans son propos, Jenny est toujours plus directe dans ses intros d'albums. Cette fois on a droit à :

"That night I watched people fucking on my computer
Nobody could see me looking anyway."

Rock'n'roll. Et quel titre d'ouverture ! Un bon gros riff de guitare, ça gémit, ça feule, ça jouit un peu aussi. Tout dans Innocence is Kinky reflète la dualité, l'ambivalence de son titre. Perversité et pureté. Douceur et rugosité, caresse et griffe. Autant l'intro était graveleuse et coquine, autant la piste qui suit, "Mephisto in the Water" est toute en légèreté, on peut imaginer Jenny en vestale patauger avec grâce dans une fontaine tandis que sa voix chatouille les aigus les plus improbables. Et le reste de l'album est dans le même esprit, faisant parfois le grand écart dans le même morceau, et faisant affleurer d'autant plus clairement la part improvisée de sa musique. Jenny continue à se chercher, mais le plus beau c'est qu'elle n'a pas nécessairement le besoin (ni l'envie ?) de se trouver. Chaque nouvelle étape est fascinante en soi et témoigne de la nécessité de toujours s'inscrire dans l'instant : il y a peu de chance que deux albums de Jenny Hval se ressemblent un jour.

"I try to write love songs
But with every word
I can hear the twigs breaking
Somewhere in the distance something hurts"

Mephisto in the Water :
https://www.youtube.com/watch?v=6gbVpndBCIQ
Amphibious, Androgynous :
https://www.youtube.com/watch?v=eIgAabpU4c8
Death of the Author :
https://www.youtube.com/watch?v=N4evOYywn30

Meshes of Voice
7.3

Meshes of Voice (2014)

Sortie : 15 août 2014 (France).

Album de Jenny Hval et Susanna Wallumrød

T. Wazoo a mis 6/10.

Annotation :

Une fois n'est pas coutume, Jenny Hval partage son temps de parole avec une autre voix, celle de la chanteuse Susanna. Sans trop de surprise (avec le recul), cet album est celui que j'aime le moins dans la discographie de la Norvégienne. Pour des raisons assez évidentes sachant pourquoi Jenny me touche à la base.

Premièrement, Jenny n'étant pas toute seule, le sentiment d'intimité est très différent. La dame ne s'adresse plus à nous autres, elle dialogue avec sa collègue. Et c'est inacceptable pour ma rigidité possessive ; ma Jenny je la veux pour moi tout seul. Je ne me sens plus bouleversé dans ma sexualité, ou poussé à l'introspection. Flûte. Deuxièmement, l'album est trop poli ; je ne connais pas Susanna mais je sens bien que Jenny se retient et n'explose jamais, elle ne se laisse pas vraiment aller. Chacune des deux parties fait bien attention de ne pas marcher sur les pieds de l'autre, résultat c'est trop gentil pour vraiment convaincre. J'aurais préféré un clash à choisir.

Alors ça ne veut pas dire que c'est à jeter, y a du beau songwriting. Simplement ça ne me touche pas plus que ça.

I Have Walked This Body :
https://www.youtube.com/watch?v=IiNTB-lJWhI (drone noise, c'est fou comme les inflexions de voix de Susanna font penser à Björk, même si c'est une comparaison très tarte à la crème j'en suis conscient)
Black Lake :
https://www.youtube.com/watch?v=FaZo5QK0R4A

Apocalypse, girl
7.1

Apocalypse, girl (2015)

Sortie : 8 juin 2015 (France).

Album de Jenny Hval

T. Wazoo a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Jenny s'est toujours réinventée à chaque album, mais Apocalypse, Girl marque un tournant essentiel dans sa façon de structurer ses projets. Il s'agit à mon sens (et elle le confirme en interview) de son premier véritable album, dans le sens où l'on a plus l'impression d'écouter simplement une collection de chansons nimbées d'une atmosphère commune mais plutôt un film pour les oreilles, cohérent (une cohérence éclatée bien sûr, c'est Jenny tout de même), doté d'une narration musicale et textuelle puissante. Avec des interludes assumés ; "Kingsize" entame l'album à la façon d'un skit en écriture automatique, avec une espèce de collage de musique concrète dérangeant en fond, "White Undergound" se la joue Ligeti malaisant, "Why This?" est en totale apesanteur...

Tous ces satellites produits à la perfection servant à ménager une place d'autant plus importante aux vrais chefs-d'oeuvre de l'album. lls sont au nombre de trois, se nomment "That Battle Is Over", "Heaven" et "Sabbath" et sont tous les trois les meilleures choses parues en 2016 (oui oui). Ils brillent d'autant plus qu'ils sont répartis de façon équilibrée dans la tracklist, des perles pop exigeantes dont l'évidence mélodique jaillit des couches de son brumeuses du reste de l'album. Premier chef-d'oeuvre, je pèse mots, pour la Norvégienne, qui mûrit à vue d'oeil. Et dire que le meilleur est à venir...

Allez je vous donne les premières lignes du disque, c'est toujours fun :
"Think big girl, like king. Think Kingsize. Did you learn nothing in America ? I've placed four big bananas in my lap."

That Battle Is Over :
https://www.youtube.com/watch?v=oGksHxwnap0 (clip on ne peut plus adapté, superbe)
Heaven :
https://www.youtube.com/watch?v=Ufcx1wamdkE
Sabbath :
https://www.youtube.com/watch?v=csIDglmrupc

In the End His Voice Will Be the Sound of Paper
6.4

In the End His Voice Will Be the Sound of Paper (2016)

Sortie : 8 janvier 2016 (France).

Album de Trondheim Jazz Orchestra, Kim Myhr et Jenny Hval

T. Wazoo a mis 7/10.

Annotation :

Petite parenthèse de free impro de jazz contemporain en collaboration avec le guitariste aux textures extraordinaires Kim Myhr et le Tromdheim Jazz Orchestra. Fort plaisant, très peu en lien avec ce qu'a fait Jenny jusqu'ici, sa voix est plutôt utilisée comme pur instrument, qui se pose sur ces sons cinégéniques qui parviennent à me faire sentir la rosée qui perle au petit matin, me faire ressentir une douche froide sous une cascade et la contemplation hébétée d'une nature pleine de mystère... et bien d'autres métaphores pourraves à venir dans une critique future. Improvisation avant-folk abstraite In the End His Voice Will Be the Sound of Paper porte très bien son titre car à force de triturer leurs instruments (et la voix de Jenny) ils finissent par soulever une pâte très cinématographique. En gros ici on voit des sons, et ça fait plaize. D'autant que ça m'a ouvert la voix vers le super label norvégien HUBRO qui sort des albums du style à la pelle, et des bons !

Blood Bitch
7.3

Blood Bitch (2016)

Sortie : 30 septembre 2016 (France). Pop, Experimental, Electronic

Album de Jenny Hval

T. Wazoo a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Honte sur moi, qui pensais qu'elle ne pourrait jamais dépasser Apocalypse, Girl. J'avais déjà été dérouté par ce dernier, par cette narration ambitieuse, et Blood Bitch m'a terrassé. Sorti à peine un an après le précédent, il s'avère encore plus cohérent dans sa narration, construit vraiment d'un bloc, assumant une direction à la fois lo-fi et synthétique qui semble d'une évidence confondante. C'est comme si Jenny avait toujours été destinée à chanter avec ces oripeaux digitaux, dotée de cet écrin idéal pour représenter la vacuité de ce monde capitaliste consumériste qui est de plus en plus commenté dans les textes de la Norvégienne. Ce qui rend Blood Bitch si précieux, pour résumer (ma critique fleuve vous en dira plus long si vous avez du temps à perdre), c'est l'angle si intime, si personnel, avec lequel Jenny embrasse et unit toutes ces problématiques universelles et/ou féminines.

Très bref (trop peut-être), BB est à la fois un très grand album de pop (l'hymne "Conceptual Romance" en consécration de toute une vie, le gospel lo-fi de "Secret Touch", les vagues électroniques dansantes de "The Great Undressing"...) et un audacieux disque expérimental (la narration lunaire griffonnée de "Untamed Region", le collage explosif et abrasif de "The Plague", aux limites de la folie). Putain si ça se trouve elle va faire encore mieux la fois d'après... je ne suis pas prêt.

Conceptual Romance :
https://www.youtube.com/watch?v=EY7eLAVrfK4 (clip somme rassemblant ses personnages des clips précédents)
Female Vampire :
https://www.youtube.com/watch?v=ZVaWc00aZ30
Untamed Region :
https://www.youtube.com/watch?v=xpJEcpK7IFk

Feeling (EP)
7.4

Feeling (EP) (2018)

Sortie : 2 mars 2018 (France).

EP de Lost Girls

T. Wazoo a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Ce n'est ni la première fois que la place de la pop est questionnée chez Jenny, mais avec Lost Girls, duo avec Havard Volden donc (âme damnée de Jenny) les deux décident de se perdre, volontairement, en des eaux plus troubles, Feeling faisant office de brève respiration (ou récréation) dans laquelle Havard peut s'adonner au bidouillage post-prod et où Jenny trouble son image.

Cet EP se divise en deux parties bien distinctes. "Drive" se propose de nous conduire dans une route nocturne pareille à celle qui ouvre Lost Highway, on y voit goutte, le seul élément palpable et constant y est la narration éclatée de Jenny, qui comme à son habitude parle comme en écriture automatique, avec un art des intonations mystérieuses et sensuelles qui nous suspend à ses lèvres. Tandis que son spoken word se mue doucement en chant, l'environnement autour d'elle change... les percussions sont d'abord uniquement organiques, puis petit à petit un beat électronique s'installe, et autour de sa frappe binaire les petits détails de l'environnement sonore se font une petite place éphémère tandis que les protagonistes assoient leur présence ; des feedbacks, des drones graves, des nappes analogiques tristes mais intenses qui viennent et s'en vont comme la houle sur le sable... et pendant ce temps là Jenny sanglote. Pour ainsi dire, "Drive" ne va nulle part, mais il n'a pas besoin d'une destination, je rappelle que le but ici est de se perdre. Et je suis perdu. Tellement que lorsque la face B "Accept" vient me percuter je ne comprends pas ce qui m'arrive. Car "Accept" a une direction précise : le climax. Et son mouvement ne saurait être dévié. Les feedbacks entêtants plantent l'atmosphère et se déroulent paisiblement au milieu des criquets et autres interventions concrètes et noise disruptives. La guitare se cherche, twing-twoing... À côté de là, Jenny renonce pour de bon à la parole : son chant ici sera quasiment dépourvu de mots, à la place on a des cris, des hululements, des gémissements, une incantation. La sauce monte tandis que la guitare a trouvé son mojo ; entre deux échos de feedbacks une mélodie se joue sur deux cordes, petit à petit la béatitude vient... et s'achève dans une glorieuse sauvagerie où Jenny torture son organe comme jamais elle ne l'avait fait (en tout cas en studio), où une batterie saturée cogne férocement et frénétiquement toms et cymbales.

Accepterez-vous de prendre ce risque ?

Accept :
https://www.youtube.com/watch?v=qYYV7b3NPlg

T. Wazoo

Liste de

Liste vue 596 fois

7
7