Cover George Cukor - Commentaires

George Cukor - Commentaires

Un cinéma brillant, sophistiqué et virtuose, modèle de brio intellectuel et de raffinement qui impose Cukor comme l’un des maîtres de la comédie américaine, et comme le peintre sensible et cinglant des comportements et des mœurs de son pays.

1. Indiscrétions (1940)
2. Riches et ...

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14 films

créee il y a plus de 11 ans · modifiée il y a plus d’un an

Sylvia Scarlett
6.3

Sylvia Scarlett (1935)

1 h 35 min. Sortie : 15 mai 1936 (France). Comédie romantique

Film de George Cukor

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Il y a une part de nouveauté dans le sujet de cette comédie picaresque et son traitement. On aura beau chercher, aucun autre film de cette époque sans doute ne traite de façon si malicieuse de l’androgynie et de la confusion des genres, même si ces motifs restent d’abord de purs enjeux de marivaudage. Opérant sur un registre hybride, quelque part entre la comédie américaine et la peinture anglaise à la Dickens, George Cukor élabore un cache-chache identitaire et amoureux dont l’énergie compense la relative prévisibilité des ressorts comiques et dramatiques. Son plus grand atout est bien sur Katharine Hepburn, savoureusement travestie en jeune homme, le chapeau sur l’œil et le cheveu court, puis en pierrot lunaire, épicentre d’un jeu sentimental oscillant entre le sourire et la gravité.

Le Roman de Marguerite Gautier
7

Le Roman de Marguerite Gautier (1936)

Camille

1 h 49 min. Sortie : 17 mars 1937 (France). Drame, Romance

Film de George Cukor

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Avec "La Dame aux Camélias", pas besoin de forcer la note du mélo pour faire pleurer dans les chaumières : le sacrifice de cette lorette faussement frivole, vouée à son amant jusque sur son lit de mort, est suffisamment poignant en lui-même pour remplir la coupe du romantisme lacrymal. Mais si le film est un modèle d’adaptation, c’est parce qu’il réunit principalement deux qualités. D’une, le luxe discret d’une mise en scène taillant l’ellipse et la retenue dans le velours – tuberculose étouffée au mouchoir, cruauté feutrée sous les candélabres. De deux, une actrice capable de sortir le grand jeu sans accentuer le pathétique : dans sa façon de croquer une dragée, de rire sans un bruit, de murmurer ses ultimes requêtes tandis que la maladie l’emporte, Greta Garbo, absolument magistrale, est celle-ci.

Vacances
7.4

Vacances (1938)

Holiday

1 h 34 min. Sortie : 6 juillet 1944 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de George Cukor

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

La confrontation entre le milieu cossu de la haute société new-yorkaise et celui, humble et désintéréssé, d’un courtier aventureux, fournit à Cukor la matière d’une piquante étude de mœurs, qui creuse les questions des aspirations enchaînées, de l’épanouissement individuel sacrifié sur l’autel des convenances familiales (Linda en sursis, Ned déjà vaincu), de l’aliénation plus ou moins volontaire à une existence dorée. Comme dans tous les grands fleurons du genre, la cocasserie des situations met en valeur les atermoiements des personnages, et ici c’est au terme d’une délicieuse valse avec la sincérité en amour, la loyauté de l’engagement, le consensus dans le couple, qu’un homme et une femme unis par un même goût de la liberté prendront conscience qu’ils sont faits l’un pour l’autre.

Femmes
7.1

Femmes (1939)

The Women

2 h 13 min. Sortie : 1 avril 1940 (France). Comédie dramatique

Film de George Cukor

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Ça se bouscule au portillon : la crème des actrices hollywoodiennes d’avant-guerre cancanent, caquètent, cocufient dans un crêpage de chignons généralisé qui brocarde avec une verve revigorante l’esprit futile, superficiel et médisant d’une bourgeoisie gangrenée par l’hypocrisie et la bêtise. Mais Cukor n’est pas qu’un satiriste acerbe, et il sait offrir à sa galerie de vipères aux ongles vernis rouge vif tout un espace de nuances et de modulations. C’est autant dans la férocité du trait que dans l’intimité des espoirs ou des blessures que s’affrontent la biche Mary, la hyène Crystal, le lynx Miriam, la brebis Peggy et toutes les autres, chevauchant des dialogues admirablement ciselés, des situations savoureuses de vaudeville grand luxe. Un brillant exercice de style, instantané cinglant des mœurs américaines à l’aune du progressisme des relations hommes-femmes.

Indiscrétions
7.6

Indiscrétions (1940)

The Philadelphia Story

1 h 52 min. Sortie : 2 avril 1947 (France). Comédie romantique

Film de George Cukor

Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Katharine Hepburn, Cary Grant, James Stewart. La simple citation de ces trois monstres sacrés suffit à donner une idée de la joie ressentie à la vision de ce qui demeure l’un des purs joyaux de la comédie américaine. Cukor y fait montre d’un sens aigu de la psychologie féminine, conjugue à la satire de la ploutocratie, de la haute société et de la presse à sensation tout son sens de l’observation, toute la finesse d’une étude de caractères qui fait la part belle à la fantaisie mais ménage ses instants d’émotion lorsqu’il choisit de faire tomber les masques et de dévoiler ce qui agite et motive ses personnages. La souplesse des changements de registre, le brio des répliques qui fusent comme autant de piques implacables ou mousseuses font de ce chassé-croisé sophistiqué et sentimental une inaltérable partie de plaisir.
Top 10 Année 1940 :
https://urlz.fr/kefd

La Femme aux deux visages
6.5

La Femme aux deux visages (1941)

Two-Faced Woman

1 h 27 min. Sortie : 10 mars 1947 (France). Comédie romantique

Film de George Cukor

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Parce que son époux, sorti du sérail bourgeois new-yorkais, la trompe avec une artiste du même milieu, une prof de ski éprise de simplicité et de vie montagnarde s’invente une sœur jumelle pour le piéger et le reconquérir. Il lui offre ainsi deux femmes différentes, l’une sportive, l’autre mondaine, situation propice à un enchaînement de stratagèmes et de quiproquos que l’auteur, maître-queux de ce type d’imbroglios, se régale à faire fructifier. D’où une comédie dont l’essence même du genre – la transformation des apparences – est le propos. Car l’homme perce le jeu et y entre, lui donnant une nouvelle dimension, jusqu’à ce que chacun comprenne que l’héroïne n’a pas besoin d’être deux puisqu’elle est, à elle seule, toutes les femmes. Esprit, légèreté, drôlerie, et un couple Garbo-Douglas à la fête.

La Flamme sacrée
6.1

La Flamme sacrée (1943)

Keeper of the Flame

1 h 40 min. Sortie : 23 juillet 1948 (France). Drame

Film de George Cukor

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Manchettes de journaux, extraits de bulletins radiophoniques, cliquetis des machines à écrire proclamant la mort de celui qui fut héraut de la démocratie et héros du pays en guerre… Deux ans après "Citizen Kane", Cukor reprend le procédé de l’enquête éclairant une vie hors norme et plonge son reporter dans une broussaille d’éventualités obscures. Sur la trame des enjeux psychologiques veillent deux forces égales : d’une part la structuration de la montée en spirale des mystères, de l’autre l’équilibre de l’explicitation et des non-dits de l’intrigue, véhiculée par l’authenticité leurrante de la parole. Symptomatique d’une époque sous la menace du fascisme, le film, unique essai de politique-fiction de son auteur, reste néanmoins trop tributaire de ses intentions et du caractère édifiant de son discours.

Hantise
7.4

Hantise (1944)

Gaslight

1 h 54 min. Sortie : janvier 1947 (France). Thriller

Film de George Cukor

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Juste avant qu’Hitchcock n’impose l’ambivalence morale d’Ingrid Bergman et en fasse le jouet de forces qui la dépassent, Cukor lui offrait déjà un rôle de victime craquelée, égarée dans tous les sens du terme, persécutée par un époux charmeur et inquiétant cherchant à lui faire croire qu’elle a de grosses araignées au plafond. L’intrigue de ce suspense victorien ne devance jamais le spectateur (on comprend tout assez vite), mais le cinéaste se montre particulièrement à son affaire pour en optimiser chaque effet. Les clairs-obscurs savamment composés, les frémissantes lueurs des chandelles aux gaz, les rues embrumées de Londres, la perversité équivoque d’une emprise psychologique garantissent une tension entretenue avec cette forme d’élégance consommée et incisive qui est la marque de l’auteur.
Top 10 Année 1944 :
https://urlz.fr/kefT

Madame porte la culotte
7.2

Madame porte la culotte (1949)

Adam's Rib

1 h 41 min. Sortie : 18 novembre 1949. Comédie romantique

Film de George Cukor

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

C’est la crise dans le couple Bonner. Madame est l’avocate d’une femme accusée d’avoir tenté d’assassiner son mari, monsieur est le procureur qui défend la victime dans la même affaire. La confrontation est féroce et s’invite dans l’intimité, jusque sur l’oreiller conjugal. Bataillant d’égal à égal et pour rire, jouant vaillamment le jeu de la guerre des sexes, Katharine Hepburn et Spencer Tracy s’envoient valser leurs certitudes à la figure, rusent et manœuvrent à coups d’idéologies tranchées, font s’affronter les notions de justice et d’égalité en des querelles d’engagements qui testent toujours plus la solidité de leur amour. L’ardeur du combat féministe fait souffler un vent de folie sur le tribunal, les préjugés de genre sont démontés à la faveur d’un argumentaire cinglant, et le spectateur se régale du début à la fin.

Comment l'esprit vient aux femmes
7.1

Comment l'esprit vient aux femmes (1950)

Born Yesterday

1 h 43 min. Sortie : 26 septembre 1951 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de George Cukor

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

On peut transformer la locution du titre français en une autre, qui formulerait pas le moindre des mérites de Cukor : comment faire d’une poule roulée comme Betty Boop mais à l’esprit poids plume, cumulant au départ les tics de langage crispants et les réflexes de poisson mort, une héroïne toujours plus imprévisible et attachante. Le mérite en revient aussi à Judy Holliday, dont l’humour explosif se marie à un charme d’une constante fraîcheur, et dont la prise de conscience naïve rythme de ses touchantes étapes cette satire des institutions américaines. Sans gommer vraiment la dimension théâtrale de ses origines, le film prend sa part très estimable à la comédie d’après-guerre, égratigne la paranoïa maccarthyste et combine habilement cocasserie des situations et attention aux personnages.

Mademoiselle Gagne-tout
6.6

Mademoiselle Gagne-tout (1952)

Pat and Mike

1 h 35 min. Sortie : 10 avril 1953 (France). Comédie, Sport

Film de George Cukor

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Avec le septième film tourné par la paire Hepburn-Tracy, la femme est définitivement sportive. Si d’année en année sa trajectoire est déterminée par sa fin (inventer un nouveau rapport entre les sexes), l’actrice vient ici buter encore sur un regard (masculin) qui tue. Mais la relation qui se tisse entre Pat et Mike évolue moins par renversement des rôles qu’elle n’obéit à la loi du coaching inventé par eux deux : rééquilibrage dans l’effort, le mutisme et le souffle de l’athlétisme amoureux. La double course de l’œuvre est là : d’un côté une comédie du démariage menant l’héroïne à son affranchissement, de l’autre la révolution d’un homme apprenant à être l’égal de sa partenaire, et plus seulement son chef. Dommage que le propos ne se formule au gré de situations aussi molles, de dialogues aussi peu inspirés.

Une étoile est née
7.2

Une étoile est née (1954)

A Star Is Born

2 h 48 min. Sortie : 26 avril 1955 (France). Comédie musicale, Drame, Romance

Film de George Cukor

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Ne pas se fier aux paillettes étincelantes et aux fastes copieusement étalés par cette opulente tragédie musicale ; ils ne sont que les reflets d’un monde dévorant dont Cukor s’emploie à dévoiler l’envers cannibale et destructeur, dans l’un de ces exercices d’autocritique qu’Hollywood produit de temps à autre, malgré elle. Ce qui ne devait être qu’une version pygmalionesque du mythe d’Orphée et Eurydice devient, par le talent de montreur d’ombres de son maître d’œuvre, une satire cruelle et désenchantée, qui suit la déchéance d’un homme brisé par un système valant à sa protégée la lumière éphémère de la gloire. Moins incisif et funèbre que les pamphlets de Wilder ou Mankiewicz, ce film massacré conserve, malgré les coupes qui lui ont été imposées, une belle force dramatique.
Top 10 Année 1954 :
http://lc.cx/Zwkz

My Fair Lady
7.2

My Fair Lady (1964)

2 h 50 min. Sortie : 23 décembre 1964 (France). Drame, Comédie musicale, Romance

Film de George Cukor

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Budget pharaonique, luxe imposant, fastes décoratifs, costumes somptueux : on peut dire de cette variation musicale de "Pygmalion", qui entérine la dernière mue du genre (celle de l’opulence) avant sa disparition, qu’elle est davantage un film de directeurs artistiques que de cinéaste. Les couleurs rose bonbon sont savamment atténuées par les pastels violets, blancs et verts, les scènes de masse sont étudiés dans les moindres détails, Audrey joue les petites princesses avec grâce, Rex Harrison accomplit littéralement les mains dans les poches un rôle fait pour lui, tout d’ego, de cynisme, de misogynie, et le conte de fées aux huit Oscars déroule sa morale convenue jusqu’à un dénouement un tantinet réac’. Cukor a fait un placement de bon père de famille : le gain est faible mais la mise est sûre et prudente.

Riches et Célèbres
6.3

Riches et Célèbres (1981)

Rich and Famous

1 h 56 min. Sortie : 17 février 1982 (France). Comédie dramatique

Film de George Cukor

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Le dernier long-métrage de l’auteur est un film riche et profond interrogeant le passage du temps et ce qui lui résiste, analysant la relation agitée de deux femmes aux triomphes inégaux pour qui les époques s’enchaînent, les amants partent, mais dont l’amitié persiste par-delà les remarques fielleuses, les crises de nerfs, les confidences émues et les bonnes blagues à la vie à la mort. Il serait aujourd’hui aussi insolite de la part des studios que du cinéma indépendant ; seul le romanesque d’un James L. Brooks pourrait s’apparenter au timbre de cette méditation faussement frivole sur la relativité de la réussite, la menace de la solitude, la poursuite d’idéaux dont l’accomplissement n’offre pas toujours le bonheur. Une réussite superbe, portée par la sensibilité vulnérable et la vibrante beauté de Jacqueline Bisset.
Top 10 Année 1981 :
http://lc.cx/UyY

Thaddeus

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