Cover Frank Borzage - Commentaires

Frank Borzage - Commentaires

Poète du couple et du sentiment amoureux, grand romantique devant l’éternel, Frank Borzage est un réalisateur qui, pour ce que j’en connais, me touche beaucoup. Son cinéma frémit d’une spiritualité difficile à définir, dont le caractère éternel alimente le lyrisme, l’universalité et la poignante ...

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10 films

créee il y a plus de 10 ans · modifiée il y a plus d’un an

L'Heure suprême
8.2

L'Heure suprême (1927)

Seventh Heaven

1 h 59 min. Sortie : 6 mai 1927 (États-Unis). Muet, Drame, Romance

Film de Frank Borzage

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

C’est une exaltation de la passion éternelle dont la spiritualité et le lyrisme stellaires échappent à toute matérialité, nous volent le cœur et nous essorent les yeux. Borzage recrée un Paris de fantaisie, petit monde peuplé d’égoutiers et de filles des rues où l’on vit dans des mansardes à la fois misérables et idéalisées. Un homme et une femme y refusent sans provocation les convenances sociales, nouent un lien mystique à travers le temps et l’espace, et quand la guerre frappe vont jusqu'à défier la mort elle-même. Elle vainc sa peur en se perdant dans son regard épris, il ose dire "je t’aime" en s’abandonnant dans ses bras, la lumière douce et diffuse les enveloppe, les magnifie, les transfigure : lorsqu’à la fin l’amour élève ces deux êtres purs jusqu’à leur faire toucher les étoiles, on se dit que rarement la notion de romantisme atteignit un tel degré de sublime au cinéma.

L'Ange de la rue
8.1

L'Ange de la rue (1928)

Street Angel

1 h 42 min. Sortie : 19 août 1928 (États-Unis). Drame, Muet

Film de Frank Borzage

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Même couple d’acteurs, même goût des lignes de vie qui se rencontrent, se quittent et se retrouvent, même abandon aux effusions enhardies du mélodrame. Équilibriste hors pair, orfèvre des incidences et de la révélation des personnages à eux-mêmes, Borzage ose faire durer un poignant repas d’adieu jusqu’à son point de rupture, inverser les rôles en cours de récit (l’artiste romantique devient vagabond amer, la fille endurcie par la vie s’abandonne à l’amour, avant que le destin ne scelle leur union définitive), ou nimber son cadre napolitain d’une irréalité vaporeuse frisant l’expressionnisme. Il a surtout un atout dévastateur : Janet Gaynor, sa silhouette fine comme un roseau, son minois chiffonné aux larmes perlantes et au sourire attendri. Elle est à l’image du film : irrésistiblement émouvante.

L'Isolé
8.3

L'Isolé (1929)

Lucky Star

1 h 25 min. Sortie : 7 mars 1930 (France). Drame, Muet

Film de Frank Borzage

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Où l’on retrouve la tendresse du réalisateur pour les marginaux rêveurs, sa faculté à ceindre leurs humbles existences de filaments poétiques, à faire des aléas de l’existence les catalyseurs des individus, et du spectacle de la mise en couple, avec ses hésitations troublées, ses élans de courage, ses gestes et ses regards intuitifs, des perles de délicatesse. Entre l’ingénue dramatique, grande tignasse noire et souliers boueux, et le vétéran de guerre handicapé, solide gaillard naïf et souriant, beau comme un pâtre grec, naît une idylle aussi inattendue qu’évidente. Ne reste pour le spectateur qu’à se faire cueillir. Par un lavage de cheveux doux comme une caresse, par quelques sourires ayant valeur d’aveux, ou par un final enneigé qui rappelle que chez Borzage, comme chez Capra, les miracles surviennent.

La Femme au corbeau
7.8

La Femme au corbeau (1928)

The River

54 min. Sortie : 6 octobre 1929 (États-Unis). Comédie dramatique, Muet

Film de Frank Borzage

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

À nouveau Borzage raconte la naissance frémissante du sentiment entre un homme et une femme, mais c’est aux sources de la nature, en suivant l’ordre des saisons, qu’il puise cette fois les images de cette pastorale de l’amour triomphant. S’imposent ainsi la sérénité radieuse d’une bicoque en bois, d’une péniche posée sur les flots tour à tour calmes et impétueux de la rivière : lyrique évocation d’un Eden enneigé, véritable jardin de la connaissance où lui qui ne sait rien découvre la beauté du désir tandis qu’elle, désabusée de tout, réapprend celle d’une innocence qui garde leur sensualité de la corruption. Même à moitié disparue, rafistolée à coup de photographies et de cartons descriptifs, l’œuvre touche par son équilibre délicat et l’intensité érotique de situations laissant parler corps et attitudes.

L'Adieu aux armes
6.9

L'Adieu aux armes (1932)

A Farewell to Arms

1 h 29 min. Sortie : 27 octobre 1933 (France). Drame, Romance, Guerre

Film de Frank Borzage

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Comme plus tard Douglas Sirk, Borzage sait de science profonde que la beauté doit être convulsive, ou n’être point. Sans renier son romantisme, il freine pourtant la déréalisation onirique qui gouvernait ses films précédents et reconstitue l’Italie de la Première guerre mondiale avec une crédibilité due à la conscience des risques d’un nouveau conflit. Le roman d’Hemingway lui fournit un matériau apte à exacerber son goût pour les amours à distance, les liaisons impossibles brisées par l’irruption du chaos et la violence de la guerre. Mais la mise en scène, fertile en trouvailles baroques, peine à déployer le potentiel émotionnel du récit, peut-être parce que les événements suivent une ligne un peu trop rigide, ou parce que l’inégale interprétation n’en restitue pas tout à fait la force et l’unité.

Ceux de la zone
7.4

Ceux de la zone (1933)

Man's Castle

1 h 15 min. Sortie : 20 novembre 1933 (États-Unis). Drame, Romance

Film de Frank Borzage

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

La crise de 1929 a imprimé sa marque sur le cinéma de Borzage, mais celui-ci n’a rien perdu de son optimisme utopique. En se penchant sur les bas-fonds marginalisés de l’Amérique de la dépression, le cinéaste affirme un volontarisme ingénu qui caractérise son attitude à l’égard des problèmes sociaux, une prédilection pour les êtres humbles auxquels Hollywood réserve d’ordinaire le rôle de comparses, et en qui il perçoit cette noblesse native, cette espérance invincible qui ne sont celles d’aucun milieu, d’aucune classe. Difficile de ne pas laisser son cœur d’artichaut se faire voler par la tendresse proverbiale du cinéaste, par les vertus d’un regard qui transfigure la misère des faibles en beauté lumineuse, par l’abattage bougon de Spencer Tracy et les grands yeux expressifs de Loretta Young.

Désir
7.4

Désir (1936)

Desire

1 h 35 min. Sortie : 29 avril 1936 (France). Comédie dramatique

Film de Frank Borzage

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Rien de surprenant, à la vision de cette comédie mondaine et sophistiquée, d’apprendre que Lubitsch en assura la production et la supervision. Mais si les prestiges hollywoodiens de la haute société, des décors et des toilettes de luxe ne forment pas d’emblée la manne première de Borzage, on s’aperçoit finalement que le film, dans son éclat lunaire, n’est pas plus Ernst que Frank. Emballé tambour battant, avec un sens du glamour archétypal que Marlene Dietrich, chapardeuse de première classe, et Gary Cooper, parfait de force tranquille, incarnent alchimiquement, il multiplie les stratégies de séduction, les sous-entendus sexuels, les élans sentimentaux le long d’un pas de deux entre sincérité et dissimulation qui, sans rien inventer dans le genre, en actionne parfaitement les mécanismes.

Trois camarades
7.6

Trois camarades (1938)

Three Comrades

1 h 38 min. Sortie : 19 janvier 1939 (France). Drame

Film de Frank Borzage

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

F. Scott Fitzgerald et Joseph L. Mankiewicz ont conflictuellement collaboré à cette œuvre pleinement borzagienne, portée par une très sensible interprétation, où la mort et son idéalisation fournissent l’échappatoire à d’insolubles problèmes sociaux. Car s’il est un document sur la République de Weimar et sa génération perdue, en proie au chômage et la montée du fascisme, le film célèbre surtout la force d’un amour couvé par une amitié inébranlable, dont l’image finale des héros flottants entre le ciel et la terre, le présent et l’éternité, synthétise toute la poésie. L’adieu de Margaret Sullavan sur le balcon neigeux du sanatorium, la chaleur folkloriste de la brasserie, le mariage improvisé participent d’une même flamme poignante et rêveuse, d’un même prosaïsme quotidien habillé d’accents célestes.

La Tempête qui tue
7.6

La Tempête qui tue (1940)

The Mortal Storm

1 h 40 min. Sortie : 14 juin 1940 (États-Unis). Drame

Film de Frank Borzage

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

L’année où Chaplin adresse au monde, par les armes du burlesque et de la satire dévastatrice, un avertissement sur le danger du nazisme, Borzage emploie ses talents d’orfèvre du mélodrame pour exprimer son effroi face à l’avènement du régime. En racontant une dislocation familiale liée à l’effondrement moral d’un pays, au reniement de toutes ses valeurs, il met explicitement en cause l’idéologie et la pratique nazies et leur oppose à la fois l’arbre de vie, éternel symbole d’espérance, et le blanc refuge de la neige et de la mort, expression d’une révolte passionnée mais désespérée. Si elle n’est peut-être pas aussi poignante que les sommets filmographiques de l’auteur, car plus offensive dans son discours, l’œuvre n’en recèle pas moins de ces moments de grâce dont le cinéaste a le secret.
Top 10 Année 1940 :
https://urlz.fr/kefd

Le Fils du pendu
6.8

Le Fils du pendu (1948)

Moonrise

1 h 30 min. Sortie : 1 octobre 1948 (États-Unis). Drame

Film de Frank Borzage

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Danny a vécu toute sa vie dans l’ombre d’un géniteur meurtrier, maudit comme un dangereux paria, un assassin en puissance. Un jour, par accident, il reproduit le crime de son père et commet un geste accélérant le destin qu’il avait toujours pressenti. Avec une grande plénitude formelle (l’introduction, la fête foraine, la chasse dans les bois…), Borzage exprime ici un fatalisme conforme au film noir de l’époque. Pourtant sa douceur proverbiale infiltre chaque recoin d’un récit où générosité, compréhension et mansuétude tiennent une place prépondérante. Le sage et lucide ermite Noir, le shérif bonhomme et bienveillant, l’amoureuse surtout, dont la beauté fragile dissimule une détermination pathétique, témoignent de cette foi humaniste, de cette sensibilité délicate qui sont celles de l’auteur.
Top 10 Année 1948 :
https://urlz.fr/kege

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