23 novembre 2001
Quand commence mon histoire d’amour avec ce film ? Sans doute pendant le Festival de Cannes 2001 et la déflagration causée par le film à une presse en état de choc. Tout le monde témoignait d’un chef-d’œuvre sublime. Les Inrocks illustrait leur numéro-rétrospective d’une image ad hoc, suggestivement intitulée "Le ballet des corps" :
https://urlz.fr/dvUc. Je me rappelle la présence altière du réalisateur, son charisme de dandy rock’n roll, et l’illumination provoquée par deux actrices au charme fou, belles et enivrantes comme des anges (
https://urlz.fr/hDuK). J'avais enregistré et maté compulsivement ce très court reportage diffusé dans le Journal du Cinéma sur Canal+, le lendemain de la projection du film au Festival :
http://lc.cx/pgV. Six mois plus tard, le délire médiatique avait repris. Les Cahiers inventaient un titre au double sens judicieux ("Lynch du côté des femmes"). Après avoir, dans son numéro de rentrée, annoncé "le ballet torride exécuté par une blonde ingénue et une brune capiteuse, muses d’un voyage hypnotique", Télérama clamait en couverture "Chef-d’œuvre déroutant". L’ambiance de ce soir-là, la nuit tombée dans une fraîcheur automnale, sont pour moi à jamais associées à la découverte du film. Chaque année, lorsque vient la fin du mois de novembre, une profonde nostalgie me prend. J’étais assis entre deux spectatrices, à une place excentrée de la salle n°11, pleine à craquer (une place devenue si sacrée que je ne la reprends jamais lorsque, avec un frisson, je retourne dans cette salle). Je me rappelle la densité de chaque plan et chaque scène, la tension et la moiteur érotiques palpables dans le public, l’envoûtement général dont celui-ci était sujet, et l’éventail infini des émotions par lesquelles je passais, de l’émerveillement glamour à l’incommensurable tristesse. Bouleversé au plus profond, je me suis rendu compte dans les jours, les semaines, les mois qui ont suivi, que jamais je n’avais éprouvé et que plus jamais je n’éprouverais pareille expérience au cinéma. Et si l’Histoire se mesure par rapport à JC, alors mon an 0 est le 23/11/01, et mon parcours de cinéphile s’articule ainsi : avant MD et après MD.
Autre souvenir inoubliable : la projection à la Cinémathèque Française, le 13 octobre 2010, introduite par Serge Toubiana en présence du réalisateur himself, pour l'ouverture de sa rétrospective.
https://urlz.fr/h9Fa : j'étais dans la salle, et je m'en souviendrai toute ma vie.