2020 - Séries

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Saison 1

J'aime beaucoup le début où on est plongé dans le point de vue d'un personnage qui, à force d'avoir accès à l'intimité de tout le monde, ne peut faire confiance à personne, ni même à lui-même, l'amenant fatalement à un sentiment de solitude dépressif terrible en voyant le monde comme binaire. Et puis ensuite la série se complaît dans les twists plutôt que dans une approche plus émotionnelle du personnage : on avait compris que Mr Robot était une figure parentale importante pour Elliott, était-ce vraiment nécessaire d'en faire littéralement son père ? Et si on peut dire que cette révélation n'en est pas vraiment une (comme dit Elliott, "you knew all along, didn't you ?"), pourquoi nous la présenter comme un retournement de situation majeur (par la mise en scène, la musique, l'importance que ça prend dans le déroulement des événements...) ? Un gros potentiel qui me donne envie de continuer, mais j'ai peur que ce ton ne devienne de plus en plus envahissant.

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Saison 6 (2nde partie)

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L'idée est intéressante, et si au final tout se tient à peu près logiquement, la logique émotionnelle a du mal à suivre dans ces considérations éthiques et philosophiques qui sont rarement incarnées par le récit prenant beaucoup de raccourcis. Du Michael Schur pur jus : on utilise tous les ingrédients de la sitcom dans un contexte loufoque en espérant que le cast fasse le taf pour qu'on puisse s'attacher aux personnages. Les vannes en deviennent franchement paresseuses, et les amourettes n'ont rien à proposer. Reste que tout le discours sur la mort en fin de série est sacrément touchant.

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Saison 1

Comme pour The Night Of, on commence avec un shot d'adrénaline et une incompréhension fondamentale d'un événement, puis on calme le jeu pour tenter de défaire le vrai du fantasmé, avant de finir en essayant tant bien que mal de faire au mieux avec la situation donnée. Ici le rapport au Mal comme concept de moins en moins crédible dans un monde de plus en plus rationnel, et réapprendre à y croire, non comme étincelle de malice avec laquelle on serait né, mais plutôt comme un virus qui se transmet d'individu en individu pour asseoir sa prise sur le réel.
Et puis Ben Mendelsohn au sommet de tout.

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Saison 2

Après avoir abandonné sa volonté de contrôle dans la première saison, Jeff apprend à gérer ce nouveau pouvoir d'égoïsme maladroit. La série est toujours dans cet équilibre précaire en voulant jouer sur les tons, toujours aussi bien liés par cet univers à la limite du surréalisme, mais m'a moins touchée dans la seconde partie de saison notamment où je me suis un peu perdu. Jim Carrey est toujours aussi parfait dans son rôle par contre.

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Saison 1 & 2

Succession reprend un prémisse ayant déjà largement fait ses preuves (chez Les Sopranos et Game of Thrones notamment) : la transmission du pouvoir lorsque fait par obligation et les jeux politiques qui en suivent nécessairement pour une tragédie, ici familiale, tout à fait passionnante. L'ogre paternel Brian Cox est un personnage fascinant en homme faussement cultivé, adorateur des grands empires au détriment d'un quelconque équilibre émotionnel et les conséquences dramatiques sur la mentalité de ses enfants. L'impossibilité de communiquer comme première cause d'une perception de la réalité viciée.

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Documentaire retraçant l'histoire du groupe avec témoignages des quatre membres (des archives d'interviews de Lennon étant régulièrement ressorties pour apporter son point de vue à l'édifice). Passionnant de bout en bout, des premières influences et l'excitation de leur amitié toujours plus grande jusqu'à la lassitude qui a mis fin au groupe, en passant par les concerts avec images d'archives exceptionnelles et anecdotes savoureuses, notamment dans la seconde partie de carrière où les membres commencent à chacun prendre leur direction propre. J'aurai aimé entendre parler de la production d'Abbey Road, mais il faut croire que le groupe s'est terminé comme ça : évanoui sans un bruit, sans qu'un événement en particulier vienne sonner le glas du plus grand groupe du monde.

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La voix off peut paraître très intrusive, ne se gênant pas pour expliciter des enjeux émotionnels qui ne seront donc quasiment jamais exprimés par les principaux intéressés, mais on le comprend grâce à ce portrait du maître : un homme très attaché à ses valeurs japonaises, et de ce fait très peu enclin à se livrer par les mots. On comprend alors sa relation étrange avec son fils, et sa passion pour son travail presque doloriste. Par ses films, on pourrait imaginer Hayao comme un grand-père sympa et ouvert sur le monde, ce documentaire prouve que le personnage est forcément bien plus complexe.

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Saison 5

Toujours égale à elle-même mais avec des enjeux qui grimpent exponentiellement (à l'image de Breaking Bad), cette série est sans doute ce qu'il se fait de mieux en terme d'écriture et de mise en scène aujourd'hui.

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Comme pour Cowboy Bebop, Samurai Champloo possède ce rythme à retardement, où l'on passe 20 épisodes à se dire que ces personnages sont sympathiques sans plus, et quand ils disparaissent on prend conscience de notre attachement pour eux. Une série tournée vers le passé, et sur la culture japonaise qui s'apprête à rencontrer des transformations intenses avec l'arrivée des occidentaux. Du abstract hip-hop pour ce sentiment nostalgique d'une période d'insouciance, et une narration qui viendra confronter les personnages aux dangers de se conforter dans cette vision du monde. Pas forcément convaincu par les qualités esthétiques de la série (contrairement à Cowboy Bebop qui avait un character design bien plus percutant et une utilisation des décors plus immersive), elle se rattrape aisément par tout le reste.

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Un visionnage difficile dans tous les sens du terme.
Par la durée de la série qui s'étire dans des détails jamais insignifiants mais dressant une toile d'une grandeur intimidante et peu propice à nous faire retenir plus qu'une trame globale de ce qui s'est passé durant cette période au Vietnam.
Par la précision des événements politiques décrits, et le chaos qui semble avoir régné dans les motivations des hommes d'état de l'époque, rendant le cours de l'Histoire parfois difficile à suivre (mais j'imagine que cette guerre, c'est aussi ça, un aveux d'impuissance dans la volonté de donner du sens a posteriori aux événements passés).
Et puis surtout par l'intensité émotionnelle de certains témoignages, de ce qui a été vécu par les vétérans et tous ceux affectés par cette guerre. Là-dessus, la série ne prend pas de pincettes, et cherche clairement à démontrer toute l'horreur qui a existé durant cette période, et la profonde division aux US que cela a pu provoquer.
Un document passionnant de bout en bout, pas aimable pour un sou, aux archives fascinantes (des photos du front jusqu'aux enregistrements des conversations téléphoniques de JFK, Johnson et Nixon), et si la série utilise une approche résolument pacifiste de l'événement, n'hésitant pas à faire ressortir toutes les contradictions qui ont amenées ce conflit à autant durer, reste assez complète (du moins en apparence, ne connaissant pas moi-même les tenants et aboutissants de cette période) pour que chacun puisse y trouver son compte.

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Au début de la série, une histoire se met en place sur le Marquis et l'accident qui coûte la vie à sa femme, mais non. Des rumeurs se mettent en place, puis meurent. Et ce n'est même pas que la théorie évoquée par certains membres du village sont invalidées, c'est que tout simplement, une fois passée l'euphorie de l'intrigue, on se rend compte que ça n'a pas de sens et on oublie. La Maison des Bois suit un peu ce principe de parcimonie de la fiction : autant narrativement où tout est d'une sobriété touchante, que dans la mise en scène. On suit donc la vie de ce village pas vraiment touché par la guerre, ou alors par petites vagues (les lettres, les nouvelles de Paris, la difficulté pour obtenir certains aliments) qui parfois se font ouragans (et qui d'un coup brise le coeur sans que l'on s'y attende une seconde vu la fausse insouciance dans laquelle Pialat nous plonge). Une série atypique, qui comme ses personnages aspire au calme d'une vie tranquille, mais qui subit forcément les conséquences d'un monde en proie au conflit. On peut choisir d'ignorer ces indices parsemés pour conserver son insouciance et fatalement se prendre le choc de plein fouet, ou redouter constamment la terreur qui s'apprête à se dévoiler pour briser l'équilibre et voir ces personnages comme des fantômes déjà morts. Plus probablement, un équilibre entre les deux pour un témoignage frappant de ce qu'a pu être la vie en campagne durant cette période (et qui paraît-il n'a pas beaucoup changée jusqu'aux années 70).

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Nous avoir vendu la série comme une oeuvre de Chazelle c'était une belle arnaque. D'autant plus que les deux premiers épisodes réalisés par lui sont sans doute les moins bons : il se force dans un style documentaire qui file la gerbe, ne sachant pas comment caser ses archétypes dans une série qui a plus l'ambition de décrire un quotidien qu'un mythe cinématographique. C'est là dessus qu'elle est la plus réussie d'ailleurs : le rêve n'est même plus quelque chose que l'on poursuit tellement tout est gris et sale, continuer de jouer du jazz en devient quasiment une fatalité. Quelque chose de nécessaire tout de même, et la musique viendra souvent sauver nos personnages dans une insouciance bienvenue et grisante. Les intrigues policières en deviennent de trop et les personnages paraissent souvent surécrit (la blessure du passé utilisé comme une recette pour rendre ses personnages intéressants est quasi-automatique, voire boulimique pour le personnage principal), empêchant de pleinement plonger dans ce quotidien qui nous tend les bras. Mais certains moments de grâce nous rappellent qu'on s'attache finalement sacrément à cet ensemble de personnages et que c'est tout ce qui compte.

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Saison 4

Plouf. Rick and Morty se complexifie jusqu'au point de non retour pour moi : les délires toujours plus méta me gonflent, les épisodes deviennent trop alambiqués pour continuer d'impressionner comme ils le faisaient grâce à un concept simple poussé jusque dans ses derniers retranchements. De bons moments tout de même, et peut être qu'avec le temps et le recul cette saison me parlera un peu plus.

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Saison 3

Atteindre un tel niveau dans l'écriture automatique ou par associations sans jamais tomber dans un cliché qui viendrait de l'extérieur... Lynch et Frost nous rappellent toute la magie étrange qui se dégage de nos comportements. Fascinant de bout en bout, et si on pourrait se dire qu'en nous mettant n'importe quoi sous le nez, on serait charmé de toute manière, on se rappellera que faire un n'importe quoi qui ne serait pas parasité par des indésirables déjà connus du spectateur est un exercice d'écoute de soi qui demande bien une vie pour y parvenir. Cette saison 3 fait figure d'aboutissement dans la carrière de Lynch.

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Jusqu'à saison 10

Curb your Enthusiasm n'est pas une série si facile d'accès, dû au caractère ambigüe qu'elle porte sur le monde par son personnage principal : Larry est à la fois une figure de Joker, retournant les conventions pour démontrer l'absurdité de l'existence, mais aussi un simple connard, se refusant à faire preuve de perspective et de compassion envers les autres. Le cringe vient donc parfois de lui-même, parfois des autres, et au spectateur de se faire son avis sur chaque situation. C'est tout à son honneur, même si ce travail pourra parfois empêcher le rire franc.

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"Pain that I understand"

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Du blockbuster télévisuel made in Netflix en barre, c'est sûr. Tout est nickel (photo, mise en scène, acteurs, musique...). Du mal à être réellement impressionné/touché quand même, alors que tout est là pour. Sans doute que tout est encore un peu trop polissé dans une histoire qu'on nous vend comme sombre. Et puis toujours cette manière de vendre la figure du génie sous l'angle de la folie et du T A L E N T. Tout ça est tout de même mieux traité que ce que j'en dis, mais l'impression fade reste. La relation entre Beth et le concierge est touchante, par cette sorte d'ingratitude oubliée autant du personnage principal que du spectateur, jusqu'à ce qu'elle revienne au premier plan comme un coup de matraque. Faut dire aussi que la série a le bon goût de ne pas propulser son discours politique au premier plan comme un malpropre, laissant le spectateur relever les indices, ce qui est toujours appréciable. Mais l'arc narratif de Beth m'a été trop peu passionnant pour prendre la relève.