Cover 2020, l'aube d'une nouvelle décennie cinématographique

2020, l'aube d'une nouvelle décennie cinématographique

Une nouvelle décennie s'ouvre avec 2020 en espérant qu'elle soit aussi riche et intéressante cinématographiquement parlant que la précédente. Mais en espérant surtout qu'elle soit capable d'en réparer aussi les erreurs et les errements. Notamment suite à une année 2019 qui à montré pleinement la ...

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134 films

créee il y a plus de 4 ans · modifiée il y a plus de 3 ans

Les Filles du docteur March
6.6

Les Filles du docteur March (2019)

Little Women

2 h 15 min. Sortie : 1 janvier 2020 (France). Drame, Romance

Film de Greta Gerwig

Flaw 70 a mis 8/10.

Annotation :

Ayant déjà connu une pléthore d'adaptations, on se demandait ce que le cinéma pouvait encore tirer du roman culte de Louisa May Alcott. Mais c'était sans compter Greta Gerwig qui signe de ce Little Women une oeuvre respectueuse du matériau d'origine tout en lui apportant un regard plus personnel qui tend vers le récit autobiographique qu'elle explorait déjà avec son attachant Lady Bird, son premier film.
On sent ici que la jeune cinéaste a gagné en maîtrise et en assurance dans la gestion de ses thématiques, qui était par moments trop didactiques et finalement contre-productive dans son précédent film. Ici, le traitement qu'elle fait de Jo est similaire à son personnage de Lady Bird, faisant de la protagoniste de Little Women la continuité même de sa cinéaste. Il peut y avoir un côté narcissique dans la démarche, surtout que Jo comme Lady Bird prône par instants un regard élitiste assez agaçant, mais ici Gerwig arrive à le mettre de manière bien plus concrète en perspective. Non seulement elle signe une histoire d'émancipation pertinente, peuplé de personnages complexes et attachants tout en arrivant à superbement mettre le doigt sur le paradoxe de la condition féminine et l'implication de son affirmation dans une société patriarcale très enclin à les rendre illégitimes.
Néanmoins, c'est lorsque la cinéaste parle de la force de créer une histoire et de se l'approprier que le film devient passionnant et révèle son aspect méta dans cette nécessité d'hommage, de transmission et ce besoin de s'exprimer pour inspirer. Le film souffre cependant d'une narration confuse dans sa manière de jongler maladroitement entre le passé et le présent en raison d'un montage assez aléatoire. Greta Gerwig offre néanmoins une reconstruction d'époque soignée et l'encadre d'une mise en scène douce et habile finement accompagné par une jolie photographie et le très bon score musical d'Alexandre Desplat.
En plus tenu par un casting exemplaire, notamment la toujours excellente Saoirse Ronan, le très bon Timothée Chalamet et la solaire Florence Pugh, Little Women s'impose comme la meilleure et la plus personnelle adaptation de l'oeuvre de Louisa May Alcott. Même si Greta Gerwig possède encore quelques maladresses et manque parfois de subtilité, elle confirme le charme et l'aspect attachant de son cinéma en asseyant ses intéressantes réflexions d'auteur. Un très bon cru.

Séjour dans les monts Fuchun
7.1

Séjour dans les monts Fuchun (2020)

Chun jiang shui nuan

2 h 30 min. Sortie : 1 janvier 2020. Drame, Romance

Film de Gu Xiaogang

Flaw 70 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Premier film passionnant mais surtout premier opus d'une trilogie qui s'annonce ambitieuse et dont on attend déjà la suite, Séjour dans les monts Fuchun s'impose comme une fresque chorale saisissante de beauté et de simplicité.
S'inspirant de vieilles peintures chinoises pour asseoir l'esthétique de son film, Xiaogang Gu filme ses paysages avec une grâce infinie dans de longs plan séquences paisibles et inspirés qui évoque autant le calme d'une fleuve qui s'écoule que l'inarrêtable fil du temps. Avec sa sublime photographie qui capte sa nature avec beaucoup de tendresse, il évoque les changements d'une société chinoise en constant changement, un chaos urbain bouillonnant qui n'en finit plus de muter tel un champ de construction qui n'en finit plus.
La métamorphose qu'opère la ville, dans un contexte social instable où menace constamment les soucis financiers, le jeune cinéaste en tire un récit autant autobiographique qu'universelle qui tend vers l'onirisme de la méditation. Finement écrit et passionnant dans le portrait de ses personnages, c'est surtout dans ce qu'il raconte sur la situation de son pays qui tend à rendre Séjour dans les monts Fuchun mémorable tant il transparaît d'une lucidité assez rare dans le cinéma chinois. Du moins rarement exposé de manière si frontale.
On pourra peut-être lui reprocher sa longueur excessive, qui avec son rythme assez lent rend le récit pas moments un peu trop embué. Mais la majesté de l'ensemble compense très souvent les rares faiblesses de ce Séjour dans les monts Fuchun qui nous donne envie de suivre son jeune cinéaste de près et d'attendre avec impatience la suite de sa fresque familiale et de l'étude de son pays. Un peu trop rhétorique par instants pour son propre bien et qui risque de perdre certains spectateurs mais le voyage n'en reste pas moins très beau.

Manhattan Lockdown
5.8

Manhattan Lockdown (2019)

21 Bridges

1 h 41 min. Sortie : 1 janvier 2020 (France). Action, Thriller, Policier

Film de Brian Kirk

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

Alors qu'il est fièrement vendu comme étant produit pas les frères Russo, qu'on nous dit être les visionnaires derrière les derniers Avengers, ce qui n'est clairement pas pour nous rassurer, 21 Bridges ne se montre pas aussi déplaisant que sa campagne marketing et son affiche de direct to DVD pouvait le faire craindre.
Le récit reste très prévisible et dans les standards de ce genre de thriller américains du dimanche soir, mais son postulat légèrement plus intéressant en fait une intrigue pas déplaisante à suivre. Son unité de temps, l'action se passe sur une nuit, et de lieu, Manhattan est verrouillé pour empêcher la fuite de deux tueurs de flics, amène l'ensemble à être une course contre la montre assez haletante. Néanmoins le scénario ne vole pas haut avec ses personnages très caricaturaux et qui ne dépasse jamais vraiment leur fonctions dans le récit.
En soit, comme pour un Marvel, le film cherche avant tout à divertir et sur ce point le spectacle est assuré grâce à une mise en scène pêchu de Brian Kirk qui avec sa photographie léchée et son montage qui bénéficie la lisibilité des scènes d'actions permet de maintenir l'adrénaline du film. Même si, dans son dernier acte l'ensemble tant à devenir répétitif et prendre en impact dans ses fusillades de plus en plus générique et formatées loin de l'impact assez plaisant de la fusillade inaugurale.
21 Bridges est un divertissement inoffensif mais pas déplaisant, Chadwick Boseman s'en sort plutôt bien dans le rôle de l'action hero de service et on se laisse prendre au jeu d'un film qui s'exécute efficacement même si l'ensemble se fait sans génie. Le postulat est sympa mais l'intrigue attendu, la mise en scène est efficace mais perd de son panache et le casting fait le job mais reste limité par des personnages assez effacés. Un thriller d'action classique qui ne sert qu'à divertir un dimanche après-midi pluvieux. Ni plus, ni moins.

First Love, le dernier Yakuza
6.7

First Love, le dernier Yakuza (2019)

Hatsukoi

1 h 48 min. Sortie : 1 janvier 2020 (France). Comédie, Gangster, Romance

Film de Takashi Miike

Flaw 70 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Réalisateur ultra prolifique, ayant plus de 100 films à son actif et pouvant aisément en sortir 5 par année, Takashi Miike s'est vu légèrement plus effacé lors de ses deux dernières années. Car a enchaîner nombre de films, il était surtout venu a confirmer que la quantité ne rime pas avec la qualité. Effectivement ses films avait tendance à devenir quelconque voire même carrément médiocres lors d'adaptations de manga de plus en plus fréquentes.
Avec First Love, il prouve non seulement que cette légère pause dans son emploi du temps ne fut pas seulement salvatrice, mais le film signe une seconde naissance dans une filmographie déclinante tant le réalisateur n'avait pas signé un aussi bon film depuis des années. Après un début assez sombre et glauque, le film bifurque assez vite dans le polar jubilatoire et expéditif où le cinéaste retrouve toute sa verve de la satire sociale et tape de façon hilarante sur un Japon dégradé et désespérant dans une cavalcade sanglante et amoureuse qui sait aussi par moments se montrer touchante.
Très inventif dans sa façon d'être mis en scène, notamment lors des sidérantes 30 dernières minutes dont on a le droit à une étincelante séquence d'animations, Takashi Miike se montre ici extrêmement inspiré et signe des séquences d'actions survitaminées et hyper-violentes qui distille un plaisir régressif immédiat. Soutenu par son casting convaincant, on pourra peut-être reproché au film son récit par instants trop alambiqués qui même si cela est volontaire, il faut bien 20 minutes pour pouvoir s’acclimater aux différentes tonalités du film.
Donc hormis son début un peu laborieux, First Love s'avère être un habile polar qui mélange avec savoir-faire les tons et les influences dans un spectacle aussi jubilatoire et régressif que sincèrement touchant. Une belle réussite de la part d'un cinéaste inégal qui nous avait fait oublier que oui, il était encore capable d'offrir de sacrés bons films.

Underwater
5.3

Underwater (2020)

1 h 35 min. Sortie : 8 janvier 2020 (France). Action, Thriller, Catastrophe

Film de William Eubank

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

Ayant été tourné il y a un certain temps, et surtout qu'il laisse par instants pensé qu'il pourrait être le premier jalon d'une franchise plus vaste, Underwater sort après son temps et laisse l'impression d'avoir du retard et de ne plus être à sa place. On sent que le studio ne sait pas quoi faire de son film et qu'ils le sorte en catimini. Et en soit, même si il sera vite oublié, le film n'est pas à la hauteur de sa mauvaise presse et s'impose comme un film inoffensif et déjà-vu mais reste divertissant.
Le scénario sera le b.a.-ba de ce genre de survival, où les personnages très caricaturaux et qui resteront des ébauches, serviront de chairs à canon au récit. D'ailleurs Underwater met un point d'honneur à ne jamais développer ses personnages, nous plongeant dans l'action sans la moindre exposition ce qui a le bénéfice d'être sans temps morts mais qui annihile toute portée émotionnelle. De plus le film à tendance à placer ici et là un humour mal venu et qui tombe à plat surtout au milieu d'un récit qui ne lésine pas sur la noirceur. On se retrouve aussi face à l'attendu message écolo en plus d'une histoire linéaire où les personnages doivent aller d'un point A à un point B pour espérer trouver leur salut. Néanmoins, le twist de fin s'avère assez réjouissant et permet au film d'user un peu plus habilement de ses nombreuses références.
Le casting est correct, Kristen Stewart tient efficacement le film sur ses épaules, et tandis que même si la mise en scène de William Eubank s'avère par moments un poil trop chaotique et illisible lors des scènes plus mouvementés, la réalisation globale s'avère convaincante. On regrettera les trop fréquentes ellipses dans l'action, qui ne servent qu'à masquer le fait que le film ne sait par moments pas comment sauver ses personnages et favorise la coupe brutale pour éviter trop d'explications mais on appréciera le travail sur l'atmosphère oppressante et surtout la manière de gérer le mystère autour de ses créatures. Énigmatique, au design perturbant et jamais totalement montré, Underwater en tire brillamment partie pour livrer ici et là quelques moments d'épouvantes purement lovecraftien du plus bel effet.
En soit Underwater est loin d'être une étincelante réussite, mais parvient à s'imposer comme un divertissement d'épouvante assez plaisant. Même si il abuse des clichés du genre que ce soit dans son humour lourd, ses personnages post-it ou encore un abus de jumpscares facile malgré son ambiance pourtant efficace.

Tommaso
6.4

Tommaso (2020)

1 h 55 min. Sortie : 8 janvier 2020 (France). Drame

Film de Abel Ferrara

Flaw 70 a mis 7/10 et a écrit une critique.

1917
7.6

1917 (2019)

1 h 59 min. Sortie : 15 janvier 2020 (France). Drame, Guerre

Film de Sam Mendes

Flaw 70 a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Après sa parenthèse James Bond, Sam Mendes revient avec 1917 à un cinéma plus personnel et intime d'autant plus qu'il signe lui-même pour la première fois le scénario du film. Inspiré par les récits de la Première Guerre Mondiale de son grand-père, il décide d'en faire une oeuvre en forme d'hommage au propos savamment antimilitariste mais qui s'impose aussi comme une sincère célébration de courage et d'héroïsme qui ne se fait pas par le combat mais par la parole.
Le scénario est en soit assez simple et minimaliste, se résumant à une mission spéciale qui suit deux jeunes soldats qui doivent transmettre un important message pour empêcher un assaut qui causerait beaucoup de morts inutiles. L'unité de temps se voyant ici restreinte mais aussi les protagonistes s'aventurent dans un territoire hostile propice à une course contre la montre sous tension. Et de ce postulat resserré, Sam Mendes décide d'en tirer une formidable prouesse technique et filmant son récit comme un immense faux plan-séquence.
Le tour de force y est incroyable tant l'immersion n'aura jamais été aussi palpable dans un film, 1917 n'épargnant quasiment jamais rien et la seule respiration qu'il nous accorde sera à travers une habile ellipse qui marque la seule coupe assumée du film. Le reste du temps ont sera inlassablement collé aux basques du protagoniste, incarné par un impeccable George MacKay dont son regard pénétrant marque la pellicule. On le suit à travers des péripéties souvent inventives et surtout filmées avec une précision virtuose qui conjugue un brillant sens du réalisme ainsi qu'une gestion de la tension inébranlable. En ça, la traversée d'un No Man's Land, une séquence de nuit sidérante et le puissant final resteront de sacrés morceaux de cinéma. Le tout est en plus tenu par une photographie prodigieuse de Roger Deakins et on déplorera peut-être juste la musique un peu trop pompeuse par instants de Thomas Newman.
Mais la vraie prouesse de 1917 est de ne pas tout sacrifier au profit de son incroyable performance technique et de ne jamais oublier le caractère humain de son périple. On en sort épuisé, ému et émerveillé par un film d'une sincérité émouvante et qui aligne des morceaux de bravoures étincelants mais qui marque surtout par sa belle leçon d'humanité. Peut-être un peu trop embourbé dans son propre procédé pour s'élever au rang de chef d'oeuvre, 1917 n'en reste pas moins une oeuvre majeure et qui fera date permettant à Mendes de signer son meilleur film.

Scandale
6.2

Scandale (2019)

Bombshell

1 h 49 min. Sortie : 22 janvier 2020 (France). Biopic, Drame

Film de Jay Roach

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

Bombshell ne manque pas de certaines idées, notamment lorsqu'il filme avec une ironie non dissimulée un environnement de travail toxique représentant d'une Amérique vicier qui use de l'ambition pour construire un système corrompu qui permet à des prédateurs de régner en toute impunité. Il est aussi intéressant qu'en parallèle du combat de ses femmes qui s'interrogent de si elles doivent ou non se faire entendre, le film montre en parallèle la montée au pouvoir de Donald Trump.
L'amertume qui s'en dégage au final est le point le plus appréciable du film qui montre une certaine lucidité sur une industrie, un système et un pays pourri jusqu'à l'os qui ne marche que sur le chantage et les menaces dont même le réseau social devient une arme. Un triste mais juste constat sur notre époque mais qui reste malheureusement qu'en toile de fond du film. Pour ce qui est du cœur de son sujet, à savoir la libération de la parole des femmes qui s'unissent pour faire tomber une institution en révélant publiquement le harcèlement sexuel qu'elles subissent, le film fait trop peu et il le fait souvent mal. Narrativement, il traite beaucoup trop le call out comme un coup de pub revanchard où l'enjeu se voit beaucoup trop réduit aux implications professionnelles. Et le principal problème de Bombshell est là, son manque d'empathie et d'émotions qui réduit souvent ses personnages à des fonctions et occultant presque totalement le traumatisme et la pression exercé par un environnement où l'harcèlement sexuel est monnaie courante pour les femmes.
Seule une scène essaiera de créer un peu de tension autour de cela mais là encore contre productive car il dévie assez vite son focus sur autre chose et dédramatise la situation. Au final, à manquer de point de vue Bombshell ne rend service à personne et ne dénonce rien surtout que Jay Roach filme l'ensemble de manière bien trop détachée et légère dans une démarche totalement générique et opportuniste. Et les trois actrices principales peinent à relever le niveau de l'ensemble car seule Margot Robbie nuance un peu l'ensemble grâce à une partition un peu plus habitée là ou Charlize Theron et Nicole Kidman reste dans la caricature froide et maniérée de leur personnages.
Bombshell ne manque pas d'idées par instants, et ce qu'il dit en fond sur l'Amérique et ses institutions dégénérées ne manquent pas de pertinence mais il loupe finalement ce qui constitue le cœur de son sujet car il n'arrive jamais à le traiter avec la même subtilité. Moyen.

Bad Boys for Life
5.2

Bad Boys for Life (2020)

2 h 03 min. Sortie : 22 janvier 2020 (France). Action, Comédie, Policier

Film de Adil El Arbi et Bilall Fallah

Flaw 70 a mis 7/10 et a écrit une critique.

La Voie de la justice
7.1

La Voie de la justice (2019)

Just Mercy

2 h 16 min. Sortie : 29 janvier 2020 (France). Drame, Biopic

Film de Destin Daniel Cretton

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

Édifiant lorsqu'il porte son regard plein d'empathie et de justesse sur les condamnés qui attendent dans le couloir de la mort, Just Mercy perd de sa force dans sa partie pénale bien trop pompeuse et grandiloquente qui vire sur le pathos académique. Cette dissension se traduit aussi au travers du casting là où Michael B. Jordan s'avère trop appuyé et pédant dans son jeu pour paraître vraiment convaincant en avocat prêt à défendre les opprimés. A trop tirer sur la corde moralisatrice, il réduit son personnage à un caricature peu crédible. Il en est de même pour une Brie Larson effacée et anecdotique.
Le film se voit bien plus incarné quand il pose son regard sur Jamie Foxx, ici impeccable de justesse et de retenue, qui se voit accompagné de formidables seconds rôles comme un excellent Rob Morgan et un bouleversant Tim Blake Nelson, absolument sidérant et qui vole toute ses scènes. C'est quand il laisse la place à eux que Just Mercy parvient à accoucher de scènes fortes et pointer habilement du doigt un système judiciaire corrompu et expéditif dans sa façon de traiter les minorités et les défavorisés.
Just Mercy est un film nécessaire sur ce qu'il dénonce sur le système judiciaire américain et d'une société encore embourbé dans son racisme latent. Néanmoins il manque trop souvent de finesse pour s'imposer comme une totale réussite, comme il peine à être incarné par une réalisation des plus génériques. Il est en plus assez inégal dans le traitement de ses deux pôles principales et à trop tendance à porter son intérêt sur le moins intéressant des deux, qui plus est possède aussi les interprètes les moins inspirés. Just Mercy en devient donc un film militant quelque peu banal alors que dans ses meilleurs moments il a pour lui une puissance et une authenticité qui force le respect. Dommage qu'il ne la maintienne pas sur tout ses aspects.

Waves
7.2

Waves (2019)

2 h 15 min. Sortie : 29 janvier 2020 (France). Drame

Film de Trey Edward Shults

Flaw 70 a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Voir ma critique

Jojo Rabbit
7.1

Jojo Rabbit (2019)

1 h 48 min. Sortie : 29 janvier 2020 (France). Comédie, Drame, Guerre

Film de Taika Waititi

Flaw 70 a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Taika Waititi semble s'orienter vers un cinéma plus grand public et accessible avec Jojo Rabbit qui confirme le tournant pris par le cinéaste avec Thor Ragnarok. Disposant des mêmes défauts, notamment sur ses influences mal digérés tant Jojo Rabbit évoque ses modèles sans jamais vraiment s'en démarquer ou encore avec un humour parfois trop lourd et évident qui ne marche pas plus de 5 minutes avant de lasser son spectateur. L'exemple le plus frappant étant la fausse bonne idée de l'amie imaginaire du protagoniste qui prend la forme d'Hitler et qui s'avère devenir vite un prétexte assez mal exploité et surtout qui sert d'egotrip à un Taika Waititi trop envahissant et là que pour faire le pitre.
Mais pourtant, même si très grossier dans sa satire, Jojo Rabbit parvient à se montrer extrêmement sensible et fin lorsqu'il aborde la question de l'enfance et de l'éveil comme arme contre le totalitarisme. Souvent même touchant, il réussit mieux lorsqu'il bascule adroitement dans le drame que lorsqu'il essaie de naviguer sur la comédie burlesque parvenant même à dresser de très beaux portraits de personnages. Tous parfaitement incarnés mais dont on retiendra le duo attachant formé par le prometteur Roman Griffin Davis et la solaire Thomasin McKenzie.
Pour la réalisation, Taika Waititi arrive à offrir quelque chose de très bucolique et qui contraste habilement avec son cadre de guerre et de dictature. L'ensemble s'avère très soigné et impressionne surtout par l'intelligence d'une mise en scène qui caractérise ses personnages par des symboles et qu'il détourne avec brio pour nous surprendre. Notamment la façon dont il représente la mère de Jojo par ses chaussures qui marqueront indéniablement les esprits.
Jojo Rabbit est donc un film plaisant et attachant qui arrive par instants à être foncièrement touchant. Pourtant évoquant des classiques comme Le Dictateur ou La vie est belle, il en reste constamment dans leurs ombres sans vraiment parvenir à se distinguer. Assez évident dans sa démarche et un peu trop lourd dans son humour et sa satire, le film n'en devient qu'inoffensif. Pas de quoi être honteux mais pas non plus de quoi marquer les esprits ou d'arriver à donner une autre perspective sur ce visage de la guerre confronté au regard de l'enfance, car Jojo Rabbit sera au final un film qui sera vite oublié.

Cuban Network
5.6

Cuban Network (2020)

Wasp Network

2 h 03 min. Sortie : 29 janvier 2020 (France). Thriller

Film de Olivier Assayas

Flaw 70 a mis 4/10.

Annotation :

Avec une carrière mine de rien assez éclectique, Olivier Assayas tente de faire ses marques dans le thriller d'espionnage pour donner plus d'ampleur à son cinéma et s'essayer à un divertissement plus spectaculaire qui a aussi pour vocation de développer un récit dense et complexe sur une histoire oublié de la fin de la Guerre Froide.
Les intentions sont nobles, mais l'exécution n'est pas loin du catastrophique tant Assayas s'empare d'une histoire aussi riche avec une mollesse incroyable. L'histoire étant suffisamment complexe qu'il est difficile d'en saisir tout les enjeux ou de s'y intéresser pleinement tant le cinéaste oublie ses personnages et se noie dans une narration confuse qui ne fait jamais honneur aux événements et qui manque cruellement de point de vue. Désincarné au possible, notamment par un casting qui n'ont que très peu de choses à jouer et qui ne donne que le strict minimum en dehors d'un Ana de Armas qui fait office de coup d'éclat d'un ensemble qui ronronne bien trop souvent.
Et le tout n'est pas relevé par une mise en scène plate qui horripile par son montage agaçant et répétitif. Reste quelques scènes d'aviations plutôt bien gérés et qui donne un peu d'ampleur au film même si elles manquent elles aussi d'énergies et de tensions notamment celle qui met directement ces personnages en danger. Wasp Network est donc un film paresseux et quelque peu raté qui maintient son spectateur en éveil que grâce au caractère passionnant de l'histoire qu'il dépeint. Mais ne parvenant ni à prendre en grippe la politique de Cuba ni à remettre en cause pleinement le suprématisme américain, le film passe à côté de sa partie politique. Et avec ses personnages effacés, il ne parvient pas à donner suffisamment d'émotions à son récit qui en plus s'avère confus. Wasp Network étant donc au final un film qui n’accomplit rien et ne parvient même pas à créer le frisson du divertissement quand bien même on sent parfois qu'il se rêve en palpitant film d'espionnage. Quelques coup d'éclats l'empêche d'être vraiment mauvais, mais on aura du mal à lui pardonner sa mollesse.

Uncut Gems
6.9

Uncut Gems (2019)

2 h 15 min. Sortie : 31 janvier 2020 (France). Thriller, Drame

Film de Josh Safdie et Benny Safdie

Flaw 70 a mis 8/10.

Annotation :

Continuant le tournant entrepris par Good Time, les frères Safdie signe un Uncut Gems filmé dans l'urgence où le protagoniste se voit embarquer dans la spirale infernale de ses propres mauvais choix. A l'instar du héros de Good Time, qui se mettait lui-même dans les pires situations, celui de Uncut Gems s'impose comme un looser magnifique aussi attachant qu'irritable qui plonge la narration du film dans un chaos assourdissant à l'image de son quotidien frénétique.
Mis en scène avec une énergie et une fluidité incroyable, avec une photographie granuleuse somptueuse et une bande son électrisante, le film s'impose comme un formidable morceau de cinéma qui permet aux frères Safdie de définitivement placer leur cinéma dans la continuité de celui de Cassavetes notamment dans leur façon de s'imprégner du bouillonnement new-yorkais. Good Time en était déjà une mémorable exploration nocturne, Uncut Gems pousse la démarche encore plus loin pour se muer en une oeuvre bien plus ambitieuse et audacieuse même si elle perd quelque peu l'émotion fondamentale qui faisait le sel du cinéma des deux frères.
Ici le film gagne en brio ce qu'il perd en spontanéité ce qui en fait une oeuvre plus froide et donc par instants moins accrocheuse. Trop bouillonnant, trop bruyant Uncut Gems est une descente aux enfers qui nous laisse essouffler ce qui en fait sa force mais aussi sa limite car étant par instants trop long il vient vite à bout de notre énergie.
Néanmoins on ne peut nier la radicalité de la démarche et la maîtrise impressionnante des cinéastes qui offrent par la même occasion son meilleur rôle à un Adam Sandler transcendé qui montre trop rarement sa capacité à être un grand acteur dramatique tant il a à sa disposition le bon matériel. Ici il insuffle toute son énergie et son ambivalence à Uncut Gems et signe une belle performance qui finit d’asseoir Uncut Gems en intense film noir. Pas aussi poignant et marquant que Good Times, mais le dernier né des frères Safdie les place définitivement comme les cinéastes qui vont compter de leur génération.

Birds of Prey (et la Fantabuleuse Histoire de Harley Quinn)
5.1

Birds of Prey (et la Fantabuleuse Histoire de Harley Quinn) (2020)

Birds of Prey (And the Fantabulous Emancipation of One Harley Quinn)

1 h 49 min. Sortie : 5 février 2020 (France). Action, Aventure, Policier

Film de Cathy Yan

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

L'univers étendu de DC est devenu un grand n'importe quoi depuis le départ forcé de Zack Snyder, où chaque film tente de maladroitement de faire oublier le précédent comme si il n'avait jamais existé dans une débandade artistique assez embarrassante. Jusqu'à présent, seul le pulp Aquaman avait su tirer son épingle du jeu. Pourtant, même si il ne fait pas partie du haut du panier, Birds of Prey (and the Fantabulous Emancipation of One Harley Quinn) s'impose presque comme une honnête surprise.
On passera sur son récit qui finalement ne raconte pas grand chose à force de vouloir partir dans tout les sens, qui manque cruellement d'enjeux forts la faute à des antagonistes peu crédibles et que la plupart des personnages secondaires se voient aspirer dans ce vortex parfois épuisant qu'est ce Margot Robbie Show. Néanmoins, l'actrice se réapproprie le personnage avec une énergie communicative et une dévotion sidérante qui est d'autant plus pertinent lorsqu'il est mis en parallèle avec son traitement dans le précédent Suicide Squad. Ici le regard que pose Cathy Yan sur le personnage tranche avec le male gaze du précédent film pour ne plus imposer ces femmes comme des figures hypersexués qui se battent mais de vraies icônes du cinéma d'action. Cette réappropriation féministe se montre plutôt rafraîchissante et nécessaire surtout que cela permet à Cathy Yan d'emballer des scènes d'actions efficaces, aux plans longs et maîtrisés et aux chorégraphies souvent inspirées.
On notera peut être un manque de renouvellement dans l'action, où un certain manque de réactions parmi les figurants antagonistes dont on sent parfois qu'ils attendent leurs tours en arrière plans pour attaquer les héroïnes. Mais Birds of Prey reste un spectacle plaisant grâce à sa photo colorée et son montage énergique. Dommage que ce dernier soit un peu mis au service d'une narration chaotique, qui abuse aussi un peu trop de la voix-off explicative et du brisage de 4e mur surtout qu'on pille ici sans la moindre gêne Deadpool dont pourtant son procédé était déjà dépassé et agaçant à partir de son deuxième film.
Y a une volonté de bien faire indéniable dans ce Birds of Prey mais cela le pousse surtout à en faire trop et se perdre en chemin. Les principales victimes étant au final les Birds of Prey du titre qui sont ici réduites à bien peu de choses, bien symbolisé par le manque de présence et d'implication de Mary Elizabeth Winstead. Mais en soit le divertissement n'est jamais honteux.

The Gentlemen
7.1

The Gentlemen (2019)

1 h 53 min. Sortie : 5 février 2020 (France). Action, Comédie, Gangster

Film de Guy Ritchie

Flaw 70 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Guy Ritchie revient à ses origines mais n'opère pas pourtant le grand retour qu'on lui annonce, probablement parce qu'il n'a été nulle part et que malgré ds résultats parfois frustrants sont passages à Hollywood était loin d'être mauvais. Néanmoins, avec The Gentlemen, il retourne à ses racines pour offrir un film de gangsters 100% british qui évoque avec un certain brio ces premiers films même si il n'en atteint jamais la spontanéité jubilatoire.
Il faut dire qu'en récupérant sa totale liberté artistique, Guy Ritchie à des choses à dires et on sent que ces années à Hollywood l'on laissé blasé tant il leur porte un virulent discours dans le fond. Composant son récit comme un scénario qui prend forme et évoquant directement l'industrie cinématographique, il pointe d'une doigt une industrie qui ne pense qu'au profit, à la suite facile et aux sensationnalismes gratuits pour se vendre. Beaucoup diront, et probablement à raison, que Ritchie a viré en vieux con aigri. Mais cette aigreur insuffle une énergie cinglante et un sens du verbe mordant pour un film qui envoie valdinguer le politiquement correct et marche fièrement sur la ligne floue de l'immoralité.
Personnages odieux, réacs et racistes, il fait de ce monde criminel l'extension d'un patriarcat omniprésent où les vieux hommes blancs allergique aux changements et intronisés comme sagesses face à la stupidité des jeunes vont se battre pour conserver leurs lopin de terre et montrer qu'ils restent maîtres de cette jungle sans morale. Avec une ironie non dissimulé, Guy Ritchie appuie ses effets et cherche la provoque pour un film qui divisera mais il touche pourtant du doigt un sujet pertinent derrière ses protagonistes, des hommes aux egos fragiles qui ne parviennent pas à se faire aux changements et luttes inexorablement par peur de devenir obsolète. Les derniers balbutiements d'un mode de vie presque éteint qu'il décortique avec autant de satire que de mélancolie.
Avec son casting exemplaire, dont on retiendra le face à face hilarant entre un Hugh Grant qui n'a pas été aussi bon depuis des années et un Charlie Hunnam impeccable mais aussi un Colin Farrell parfait. Matthew McConaughey reste dans sa zone de confort mais impose son charisme. Finement écrit avec ces dialogues ciselés et ses rebondissements bien senties et mis en scène avec énergie et fluidité, The Gentlemen est un film plus énervé et lucide qu'il n'y parait tout en parvenant à se hisser dans les meilleurs films de son cinéaste. Une réussite.

Le Voyage du Dr Dolittle
4.9

Le Voyage du Dr Dolittle (2020)

Dolittle

1 h 41 min. Sortie : 5 février 2020 (France). Aventure, Comédie, Fantastique

Film de Stephen Gaghan

Flaw 70 a mis 3/10.

Annotation :

Il n'y a pas grand chose à dire sur cet accident industriel qu'est Dolittle, où Universal peine à faire son Disney dans un divertissement sans énergie et sans visions qui rejoint les limbes de ces blockbusters aux effets spéciaux approximatifs, aux incrustations laides et à la réalisation générique qui ressemble à tout et donc à rien.
Stephen Gaghan semble totalement perdu dans l'entreprise et ne sert que des moments peu inspirés, sans emphases et parfois même totalement gênants de ridicule comme ce climax qui semble sortie tout droit d'un fantasme peu avouable qui inclue le rectum d'un dragon. Surtout que Gaghan tente parfois des effets de styles hideux qui risquent de provoquer l'hilarité chez les amateurs de grands moments nanardesques. On ne parlera pas du script qui tient sur un timbre poste et qui occulte toute ses potentielles idées comme le deuil de son protagoniste pour offrir une intrigue qui fera illusion sur les moins de 6 ans mais dont les autres ressortiront avec des lésions neurologiques face à la masse de péripéties sans queue ni tête qui jonche le film. Dolittle béguait tellement qu'il parvient d'aller d'une scène à l'autre que grâce à l'utilisation systématique de deus ex machina en plus assez pauvre.
Une catastrophe narrative, un affront visuel mais Dolittle est avant tout un formidable cimetière à acteurs tant le défiler de figures respectés du cinéma semble être ici pour un concours de cabotinages gênants qui marquera assurément la fin de leur carrière. Et la palme revient sans doute à un Robert Downey Jr. qui avec son regard mort et son effroyable imitation de l'accent écossais semble s'être donné pour objectif de repousser les limites du malaise. Et ça c'est pas rien.

Mickey and the Bear
6.7

Mickey and the Bear (2019)

1 h 29 min. Sortie : 12 février 2020 (France). Drame

Film de Annabelle Attanasio

Flaw 70 a mis 7/10.

Annotation :

Mickey and the Bear est un film qui pourrait très vite se voir rangé dans la case du premier film indépendant US comme on en a vu des dizaines, notamment de ceux qui navigue sur les méandres d'une relation père-fille aussi aimante que toxique. Récemment, on pense au joli Leave No Trace dont le postulat de départ pourrait se rapprocher de Mickey and the Bear tant mêle aussi étroitement les séquelles de guerre chez le père et le besoin d'émancipation chez la fille.
Mais c'est sans compter le regard adroit et percutant d'Annabelle Attanasio qui signe un film d'une rare précision et très personnel qui frappe par son authenticité et son âpreté. Même si il ne révolutionne pas son genre, et c'est le gros reproche qu'on pourrait lui faire, il en tire le meilleur dans un récit certes attendu mais qui parvient à prendre aux tripes. Le fait que le récit soit très court marche en la faveur d'un film qui va droit au but sans ménager ses effets et qui parvient avec intelligence à instaurer un malaise crescendo jusqu'à un final glaçant. Il est juste dommage que le film tente par moments d'explorer trop de pistes sans parvenir à les mener à bien et laisse donc beaucoup de ses personnages secondaires sur le bas côté. Parfois même littéralement.
Mickey and the Bear reste un premier flm réussi qui brille par sa mise en scène classique mais précise et le traitement très personnel et nuancé de son sujet n'hésitant pas à plonger dans les aspects les plus ambigu de sa relation centrale. Qui est tenu de plus par deux acteurs de talent, l'épatante Camila Morrone et l'excellent, et trop sous-estimé, James Badge Dale.

Queen & Slim
6.8

Queen & Slim (2019)

2 h 12 min. Sortie : 12 février 2020 (France). Drame, Romance, Thriller

Film de Melina Matsoukas

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

Malgré un début accrocheur, Queen & Slim perd vite en impact la faute à un récit beaucoup trop démonstratif qui ne parvient jamais à complètement digérer ses influences ni harmoniser son envie d'être une icône cool et son propos politique engagé et enragé, ce qui laisse son positionnement dans une position parfois bien trop flou.
Se voulant sans subtilité comme l'héritier du film de gangster, avec son fort propos libertaire et contestataire qui le place dans la lignée d'un Thelma & Louise ou d'un Bonnie & Clyde, dont il en reprend sans effort la forme, le film s'embourbe dans une narration balisée et sans surprises. Et le voyage aura du mal à se montrer engagent tant Queen & Slim a dû mal à faire sortir ses personnages de leurs caricatures. Au contraire même, au lieu de les révéler au fur et à mesure, il a tendance à les enfermer dans les stéréotypes qu'ils évitaient pourtant habilement en début de film.
L'écriture se perd et devient donc trop pâteuse et ce n'est pas vraiment aidé par une mise en scène ampoulée de Melina Matsoukas qui a dû mal à se débarrasser de ses tics issues du clip et tombe vite dans la pose tape-à-l’œil. C'est d'autant plus dommage que la réalisation est plutôt maîtrisé avec sa photographie léchée et son montage habile mais ce road trip devient vite bancal faute d'un vrai point de vue.
Reste les acteurs, tous impeccable, où Daniel Kaluuya prouve définitivement être une des valeurs sûres de sa génération et que Jodie Turner Smith fait office de belle révélation. Queen & Slim arrive donc par instants à se montrer pertinent et nécessaire, ne serait-ce que pour la vérité enragé derrière son sujet mais le traitement n'arrive jamais à faire honneur aux ambitions et tant à ne laisser que l'arrière goût d'un drame empli de pathos qui n'arrive jamais à cristalliser son envie d'être la référence moderne du film de gangster. Dommage.

Sonic, le film
4.8

Sonic, le film (2020)

Sonic the Hedgehog

1 h 39 min. Sortie : 12 février 2020 (France). Action, Aventure, Comédie

Film de Jeff Fowler

Flaw 70 a mis 3/10.

Annotation :

Presque 30 ans après Super Mario Bros., c'est au tour de Sonic, l'autre grosse icône du jeu vidéo d'avoir le déplaisir d'une médiocre adaptation cinématographique. L'ensemble s'annonçait déjà mal avec le premier design affublé au célèbre hérisson, et malgré une refonte à ce niveau il faut constater qu'au final, le principal problème de Sonic the Hedgehog ne se situait pas là.
Avec son scénario qui tient sur un timbre poste, le film va cumuler les situations gênantes souvent amenées de manière ridicule et incohérentes par pure facilité et pour justifier la présence de personnages humains insipides et qui ne font que ralentir le récit. A de bien trop nombreuses reprises, le récit en vient à limiter les capacités de Sonic juste dans le but de donner de la matière aux personnages humains et d'allonger des situations qui pourraient être réglées en une fraction de secondes. Ce qui souligne le manque d'enjeux flagrants et qui cumule avec un tout où l'humour ne fais quasiment jamais mouche et que les dialogues impressionne par leur factures risibles.
Même les acteurs ne semble finalement ne pas être là, l'exemple le plus frappant étant peut être le jeu totalement désincarné et ridicule de James Marsden qui semble avoir un mal fou à donner la réplique à une créature numérique ce qui offre des moments de flottements proche du malaise généralisé. Seul Jim Carrey arrive un tant soit peu à insuffler de la vie à la machine même si il semble pour cela évoluer dans un film totalement différent du reste et que son tempo comique à pris ici un sacré coup de vieux. Et on ne comptera pas sur une réalisation fade et générique pour relever le niveau, surtout avec une mise en scène qui se vautre dans la facilité lorsque Jeff Fowler se contente juste de plagier les séquences de Quicksilver dans les X-Men de Bryan Singer pour mettre en scène la vitesse de Sonic. Pathétique.
Il y a quasiment rien à sauver dans ce Sonic the Hedgehog qui vient s'ajouter aux trop nombreuses adaptations ratées du jeu vidéo, une autre preuve que ce sont deux univers qui marchent bien mieux de façon séparé. On notera quand même le capital toujours sympathique de Jim Carrey ou encore quelques rares blagues qui prête à sourire même si on rigole plus souvent du film que avec lui. Et le fait que l'ensemble soit au final assez court marche en sa faveur tant sa narration usante et usée ou sa forme insipide tant à vite avoir raison du spectateur. Une mauvaise adaptation dont on espère être préserver d'une suite.

L'Appel de la forêt
5.8

L'Appel de la forêt (2020)

The Call of the Wild

1 h 40 min. Sortie : 19 février 2020 (France). Aventure, Drame

Film de Chris Sanders

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

Plutôt fidèle à la plume de Jack London, ce The Call of the Wild s'impose comme un honnête divertissement qui pourtant aura pu faire craindre le pire face à une bande annonce qui aura mis plus à l'honneur ces effets spéciaux approximatifs que la sincérité de son histoire.
Mais il faut reconnaître que la qualité des animaux en CGI laisse souvent à désirer et souffre d'un manque de crédibilité qui enlève un peu de son âme à cette aventure de facture honnête. Et c'est surtout grâce à son récit universel et son ton qui oscille entre un humour bon enfant et un sérieux touchant que l'ensemble arrive à sortir son épingle du jeu pour s'imposer comme un divertissement familial qui saura contenter le plus grand nombre. On échappe pourtant pas à un certain manichéisme avec son méchant très caricatural surtout qu'on a dû mal à croire en des personnages humains au final assez peu développés et qui restent trop dans leur stéréotypes.
L'ensemble est plutôt superficiel mais cherche avant tout l'efficacité qui est trouvé avec succès, grâce aussi par un casting convaincant avec en tête un Harrison Ford impliqué qu'on aura pas vu aussi attachant depuis un certain temps. Pour ce qui est de la réalisation, on déplorera une utilisation trop systématiques des effets spéciaux, notamment pour les animaux entièrement en CGI et qui on souvent des comportements assez peu crédibles. Mais la mise en scène de Chris Sanders reste suffisamment énergique pour passer outre et offrir une action soutenue et agréable dans le divertissement qu'elle offre.
The Call of the Wild est un film d'aventures sans prétention et parfois un peu trop artificiel pour son propre bien mais qui arrive à se montrer sincère, drôle et touchant. Un divertissement familial honorable qui arrive même à agréablement surprendre alors qu'on aurait pu aisément en attendre le pire. Il ne marquera pas l'année, mais pour un film destiné à un jeune public il est assurément ce qu'on a eu de mieux jusqu'à présent grâce à l'authenticité de sa démarche qui nous rappelle l'âge d'or du cinéma d'aventure à l'ancienne.

Le Cas Richard Jewell
7

Le Cas Richard Jewell (2019)

Richard Jewell

2 h 11 min. Sortie : 19 février 2020 (France). Biopic, Drame, Policier

Film de Clint Eastwood

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

Encore une fois Clint Eastwood prouve sa fascination des héros ordinaires avec ce Richard Jewell mais démontre surtout l'incapacité de son cinéma à se renouveler et qui tombe dans un mécanisme ronflant et très peu palpitant. Il faut dire que son Sully, film qui se rapproche le plus de ce Richard Jewell, explorait déjà une histoire finalement pas si épaisse et qui ne dépassait jamais le cadre du biopic académique. Sauf que Sully avait l'avantage d'être un film assez court comme si il avait conscience du manque de matière de son récit.
Ici, à vouloir trop gonfler son intrigue, le film va plonger dans le grossissement des faits pour créer de la dramatisation au point même de se montrer particulièrement insultant envers un de ses personnages féminins principaux. On vire vers un sexisme assez rebutant surtout que Eastwood n'ose jamais creuser les côtés troubles de son protagoniste qui s'avère bien plus ambigu qu'il n'y paraît et s'avère le produit d'une Amérique républicaine et particulièrement anxiogène. Mais c'est là où le film revendique un positionnement politique plus que discutable étant une oeuvre trumpiste où Eastwood revendique son appartenance. En vient donc une étude tout aussi fascinante que gênante tant le film à conscience des travers de son positionnement mais n'ose jamais les creuser. Reste une oeuvre souvent superficielle et qui cède à la facilité d'une critique des médias plus que simpliste qui atténue la partie la plus passionnante de son récit.
Le tout n'est pas en plus dynamisé par une mise en scène au classicisme un peu ankylosé de Clint Eastwood qui s'avère assez peu inspiré et se contente du strict minimum. Quitte même à ouvrir et clôturer son film sur des séquences incroyablement sommaires qui témoignent presque d'une paresse olympique. On notera surtout le savoir-faire des acteurs, tous impeccable même dans des rôles pourtant ingrat comme pour Olivia Wilde qui se trouve enfermée avec un personnage trop caricatural. Mais Kathy Bates et Sam Rockwell s'avère impeccable en soutien du protagoniste tandis que Paul Walter Hauser livre une performance d'une grande subtilité notamment dans sa façon d'embrasser adroitement l’ambiguïté de son personnage.
Richard Jewell est un film dont on a dû mal à vraiment s'enthousiasmer tant il traduit un essoufflement dans le cinéma de Eastwood et un tournant politique de plus en plus discutable. Le casting est très bon et l'étude du personnage parfois pertinente mais sa critique tourne à vide.

Sa dernière volonté
4.1

Sa dernière volonté (2020)

The Last Thing He Wanted

1 h 55 min. Sortie : 28 avril 2020 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Dee Rees

Flaw 70 a mis 4/10.

Annotation :

Jeune réalisatrice pourtant prometteuse, Dee Rees vient de connaître son premier faux pas avec ce The Last Thing He Wanted qui se rêve en thriller politique tortueux mais qui se perd dans une narration confuse et amorphe dont on peine à tirer un quelconque développement intéressant.
Le problème étant la prétention de l'ensemble, avec ces nombreux retournements de situations et sa densité vertigineuse, on sent que le scénario veut se donner des grands airs d'intelligence même si il ne parvient pas à accomplir les éléments les plus basiques comme la caractérisation de ses personnages. Son apparente complexité se transforme donc en récit alambiqué et difficilement compréhensible par la stérilité de ses choix. Trop centrée sur le point de vue de son personnage principal pour que sa partie thriller trouve de la consistance et la protagoniste est bien trop embourbé dans la machination d'état pour que l'empathie fonctionne et que l'on s'investisse dans son drame personnel.
Ce n'est clairement pas la faute des acteurs, tous très bons dont surtout une Anne Hathaway toujours aussi impeccable et investie, mais l'écriture est tellement chaotique qu'il est difficile de pouvoir rendre digeste un matériau clairement défectueux. Et la mise en scène maniérée de Dee Rees n'est pas pour aider tant elle accentue le côté artificiel de son histoire et nous laissant l'impression d'un roman-photo désincarné et guère palpitant.
Pour le coup, Netflix mérite sa réputation et produit quelque chose qui ressemble à un téléfilm un peu pataud en plus d'être assez mal exécuté sur son écriture. Certes la réalisation bénéficie de moyens évidents et le casting se montre irréprochable mais la sauce ne prend jamais faute à des effets de zèles et la prétention d'un récit plus intelligent qu'il ne l'est et qui finit de rendre The Last Thing He Wanted insignifiant. Et pour le coup, il est presque certain que personne ne voulait une telle chose.

Invisible Man
6.3

Invisible Man (2020)

The Invisible Man

2 h 05 min. Sortie : 26 février 2020 (France). Épouvante-Horreur, Science-fiction, Thriller

Film de Leigh Whannell

Flaw 70 a mis 8/10 et a écrit une critique.

Dark Waters
7.2

Dark Waters (2019)

2 h 06 min. Sortie : 26 février 2020 (France). Biopic, Drame, Thriller

Film de Todd Haynes

Flaw 70 a mis 7/10.

Annotation :

Todd Haynes navigue avec ce Dark Waters dans des eaux inexplorées pour son cinéma mais arrive pourtant à plutôt bien s'approprier cette histoire en développant un récit minutieux qui impressionne par sa rigueur. Mais son attachement par instants trop didactiques des faits noie ses personnages dans une reconstitution froide où les enjeux émotionnelles se voient seulement esquissés. La pression qui pèse sur les épaules de son protagoniste, et la dégradation de sa santé sont donc assez mal amenés et confus car on ne parvient parfois pas à savoir si cela vient d'une paranoïa sous-jacente ou d'un vrai problème de santé. Il en va de même pour sa vie de famille qui s'avère trop présente mais aussi paradoxalement sous-exploité.
L'ensemble en devient donc attendu, entre l'épouse qui doit gérer avec l'implication déclinante de son mari obnubilé par son affaire et la narration s'embarque assez vite dans des rails qu'elle aura dû mal à quitter. Le film est correctement exécuté et efficace mais s'enchaîne sans identité particulière car on a vu pareil traitement dans d'autres films du même genre. Il n'empêche que son histoire est nécessaire, que le parcours est aussi passionnant que terrifiant et montre l'horreur d'une industrie capitaliste prêt à empoissonner le monde entier pour se faire du profit. Dark Waters bénéficie en plus de ça d'une réalisation irréprochable, où la photographie somptueuse et la mise en scène millimétrée de Todd Haynes flatte la rétine malgré un montage par instants trop rigide.
Dark Waters reste un film réussi et habilement exécuté, fait sans génie certes mais qui prend son histoire avec sérieux et parvient à lui faire honneur grâce à son ton alerte et la maîtrise de sa réalisation. L'émotion est peut-être un peu trop noyé parfois tout comme la structure en ellipses offre une narration balisé qui aurait gagné à pouvoir respirer un peu. Cela dit, le visionnage reste particulièrement enrichissant et le film touche sa cible, aidé en plus par un casting exemplaire dont un Mark Ruffalo impeccable qui retrouve son talent qu'on craignait disparu dans les limbes du MCU.

3 from Hell
5.3

3 from Hell (2019)

1 h 55 min. Sortie : 2 juin 2020 (France). Épouvante-Horreur, Action, Thriller

Film de Rob Zombie

Flaw 70 a mis 4/10.

Annotation :

Réalisateur prometteur du début des années 2000, Rob Zombie était parvenu à créer un univers visuel bien à lui et assez unique en son genre tout en étant dans la continuité du cinéma d'horreur des années 70. Après un The Devil's Reject qui marqua le pic de sa carrière en 2005, où il parvenait à créer une empathie et une ambiguïté dérangeante autour de marginaux particulièrement abjectes, il créait le tour de force d'offrir une vision inédite aussi malaisante qu'attachante de la figure du serial killer. Sauf qu'il se frotta assez vite à ses limites où les tentatives de changement trop timides et les retours aux sources moins inspirés le poussèrent vers un cul-de-sac créatif.
Mais au lieu d'amener son cinéma vers de nouveaux horizons, Rob Zombie fait le choix de revenir encore à ses origines avec ce 3 from Hell qui retrouve la famille Firefly pour venir clôturer leur trilogie. Un choix pas nécessaire tant cette suite s'avère inutile et désacralise la force du final du précédant film. Divisé en 3 actes mal agencés qui met en lumière une narration foireuse et un montage proche de l'amateurisme, 3 from Hell rate ses bonnes idées dans un premier acte carcéral qui préfère le choix du documentaire TV pour montrer l'incarcération des personnages. Alors qu'il aurait été intéressant de les voir justement évoluer en prison, cette partie se montre vite caricaturale et éclipsée pour revenir à quelque chose de plus proche de ce qu'on a vu par le passé. Le film dans ses grandes largeurs n'est qu'un remake désincarné de The Devil's Reject, qui n'a ni sa fougue ou son sens de la subversion.
On est face à une approche complaisante des personnages et de la violence, où dans une mise en scène tapageuse Rob Zombie essaie de les iconiser maladroitement en figure du cool à coups de ralentis exagérés et de séquences musicales sans queue ni tête qui n'en finissent plus. La réalisation vieillissante apparaît même très cheap et Zombie expose les limites de sa mise en scène ici incroyablement ronflante. Il en va de même pour un casting en demi-teinte, où le cabotinage agaçant de Sheri Moon Zombie finit par rendre certains moments insupportables. Au final, 3 from Hell parvient à exister dans une pincée de scènes, plus calmes et posées, où il nous rappelle habilement l'attachement morbide qui nous unit à ses personnages. De plus, Richard Brake est un ajout de qualité, lui qui sauvait déjà 31 de l'ennui. Mais ça ne sauve pas un film décevant où Zombie y perd sa pertinence et sa force.

Guns Akimbo
5.5

Guns Akimbo (2020)

1 h 35 min. Sortie : 23 mars 2020 (France). Action, Comédie

Film de Jason Lei Howden

Flaw 70 a mis 3/10.

Annotation :

Après un premier film passé relativement inaperçu mais qui avait su s'attirer quelques bonnes critiques, Jason Lei Howden décide de persévérer dans son style outrancier en offrant avec Guns Akimbo un nouveau trip sous acide sans temps morts. Avec en plus un Daniel Radcliffe qui depuis quelques années se forgent une carrière composée de petits films barrés dans ce genre là qui aiment à passer sous les radars.
Pour autant, même si sur le papier le film possédait un certain potentiel on déchante assez vite devant l'exécution indigeste de l'ensemble. Et il est presque dommage qu'une certaine créativité visuelle, notamment dans des scènes d'actions survitaminées et des mouvements de caméra nerveux et plutôt inspirés, soient au service d'une entreprise aussi abjecte. Véritable film de boomer aigri qui se dorlote sur les bonnes grâces de trolls en colère, le scénario s'impose comme une critique sans subtilité, grasse et en plus inoffensive de la génération des réseaux sociaux, de la télé-réalité et de la manière dont on consomme les images. Et non seulement le film s'avère assez dépassé dans sa démarche mais en plus il se vautre avec complaisance dans ce qu'il tente de dénoncer en ré-exploitant grossièrement la charte visuelle du jeu vidéo.
Guns Akimbo est donc un film qui se veut nerd et dans l'air du temps tout en méprisant assez salement l'imaginaire auquel il essaye d'appeler, en résulte un film souvent nauséabond et qui vire vers la série Z bien ridicule. Avec ses acteurs catastrophiques qui réinventent le cabotinage où Daniel Radcliffe semble totalement perdu au milieu de tout ça, ainsi que des effets spéciaux franchement vilains qui implose lors d'une scène de course poursuite véhiculé absolument atroce où le tout vire dans le nanar grotesque qui ne parvient même pas à être franchement drôle. C'est d'autant plus regrettable car la première demi-heure fonctionne vraiment et promettait un petit délire sympathique, avant que ce Guns Akimbo tourne en rond et montre son pire visage. Même la mise en scène assez jouissif de Jason Lei Howden de prime abord, finit par devenir éreintant et répétitive. A éviter.

Spenser Confidential
5.4

Spenser Confidential (2020)

1 h 51 min. Sortie : 6 mars 2020. Action, Policier, Drame

Film de Peter Berg

Flaw 70 a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Pour leur 5e collaboration Peter Berg et Mark Wahlberg vont faire un tour chez Netflix, suite aux accueils plutôt frileux de leurs précédents films, et signe avec Spenser Confidential un polar hard boiled mâtiné de buddy movie pour un résultat sans prétention mais hautement efficace.
Il révolutionne assez peu de chose, et suit globalement le chemin très balisé de son récit, mais ce Spenser Confidential parvient à nous offrir des personnages attachants, un humour qui fait plutôt mouche et arrive même quelques fois à détourner habilement quelques ficelles de son genre éculé. Que ce soit dans quelques ruptures de ton bien placés, une course poursuite qui vire en lutte brutale contre un chien ou encore les interventions loufoques de l'ex du protagoniste, où l'excellente Iliza Shlesinger éclipse tout le monde, le film parvient à distiller une poignée de moments qui l'élève au dessus de la mêlée.
Mais c'est sans compter quelques petites chutes de rythme tant dans sa première partie il s'efforce à ralentir les chevaux lorsque son intrigue est prête à vraiment s'envoler, ce qui engendre quelques faux départs agaçants pour un film qui met du temps à vraiment démarrer. Il est néanmoins plaisant de rester au côté d'un casting investi, où le duo Mark Wahlberg, très en forme, et Winston Duke, bête de charisme malheureusement un peu sous-exploité, fonctionne plutôt bien. La réalisation est exemplaire mais un peu sage, où Peter Berg emballe quelques moments d'actions rares mais brutaux et efficaces même si il se laisse aller à une mise en scène un peu trop en pilotage automatique.
Spenser Confidential reste un divertissement particulièrement plaisant et qui même si il reste mineur pour le réalisateur et sa star, n'en reste pas pour autant leur pire coup d'essai. On passe un bon moment devant un film fait sans génie mais particulièrement solide dont on ne serait pas contre au final d'en voir une suite grâce au capital sympathique de son casting. Avec des histoires plus complexes, de meilleurs antagonistes et enjeux et un Peter Berg plus énervé, on pourrait même avoir là une très bonne franchise de polar hard boiled.

La Couleur hors de l'espace
5.8

La Couleur hors de l'espace (2019)

Color Out of Space

1 h 51 min. Sortie : 7 septembre 2020 (France). Épouvante-Horreur, Science-fiction

Film de Richard Stanley

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

Il aura fallu 28 ans à Richard Stanley avant de retourner faire des films, lui qui a débuté sa carrière au début des années 90 en démontrant son amour de l'horreur et du cinéma bis. Après l'échec de son projet d'adaptation sur The Island of Dr. Moreau en 1996, où il fut viré du projet suite à des tensions avec la production, il semblait avoir disparu des radars avant de revenir cette année avec son troisième film qui prend le risque d'adapter frontalement une oeuvre de H.P. Lovecraft et clairement pas une de ses plus aisées à mettre en oeuvre.
Adapter, c'est trahir. Et lorsqu'on s'attaque à une oeuvre qui parle d'une couleur indescriptible, il est évident que sa transposition à l'écran risque d'être des plus simplistes. Et c'est évidemment le cas avec ce Color Out of Space qui s'impose avec une esthétique pas des plus travaillés avec ses couleurs mauves flashy et son manque d'idées quand à la manière de créer son horreur visuel. Le bestiaire est plutôt dans l'ADN de l'univers lovecraftien et le côté pratique des effets visuels rend plutôt bien, rappelant même le The Thing de Carpenter, même si ici Richard Stanley accentue une mise en scène un peu trop démonstrative et tant à vite dénaturer le mystère de son récit au profit d'un spectaculaire parfois un peu bancal.
Néanmoins, malgré toute ces années d'absences, le réalisateur n'a pas perdu la main et signe son oeuvre la plus aboutie qui arrive à bien réactualiser sa patte tout en continuant à alimenter cet amour un brin rétro de la série B des années 90. Un aspect en plus très bien porté par un Nicolas Cage dans une performance halluciné dont il a lui seul le secret et qui cultive un aspect grandiloquent qui fonctionne plutôt bien au milieu de cette escalade vers la folie. On échappe pas à quelques moments attendus et un peu grossier, notamment dans un climax un peu chiche en tensions et qui se révèle même un peu foutraque, mais Stanley gère finalement assez bien le traitement de la folie qui s'immisce petit à petit dans le quotidien des protagonistes. Il évite sur ce point la subtilité, mais trouve malgré tout le chemin de l'efficacité.
Color Out of Space est une adaptation simplifiée et un brin trop racoleuse de la brillante nouvelle de Lovecraft, mais le film s'avère quand même comme un coup d'essai honorable et moins casse gueule qu'escompté. On retrouve au final l'ADN de l'oeuvre d'origine tout en étant un retour convaincant de la part de Richard Stanley qui pour le coup évite de tomber dans le Z.

Escape from Pretoria
6.6

Escape from Pretoria (2020)

1 h 46 min. Sortie : 9 septembre 2020 (France). Thriller, Biopic, Drame

Film de Francis Annan

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

Premier film de Francis Annan, Escape from Pretoria souffre surtout de son exécution sommaire. Que ce soit dans son approche politique, de l'univers carcéral ou du déroulement de son récit, il se contente bien trop souvent du strict minimum dans un ensemble certes maîtrisé et convaincant mais très vite classique et fonctionnel.
Parlant de l'évasion de deux activistes anti-Apartheid à la fin des années 70 d'une prison de haute sécurité, le film ne passe finalement que peu de temps sur ces personnages et leur combat face à un racisme institutionnalisé. Il ne s'intéressera au final qu'à l'élaboration et l'exécution de l'évasion en suivant scrupuleusement les codes du film d'évasion. On est donc face à un déroulement efficace mais attendu qui néglige les aspects les plus intéressants de son histoire là où il prend beaucoup de libertés avec la manière dont se sont déroulés certains événements.
La mise en scène est efficace et possède ici et là quelques idées et mouvements de caméra bien sentis qui permet d'offrir un minimum de tension à l'ensemble en plus d'être tenu par un casting convaincant avec en tête un impeccable Daniel Radcliffe. Mais Escape from Pretoria à plus l'allure d'un téléfilm de luxe, certes bien tenu mais sans génie et qui manque d'un véritable point de vue. Reste que l'histoire n'en est pas moins nécessaire et que l'on passe un moment relativement plaisant devant ce modeste film d'évasion.

Flaw 70

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