2017 : Les films que j'ai vus au cinéma

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Commençant comme n'importe quel film japonais où un étranger s'immisce dans une famille pour la chambouler (Visitor Q etc..), Harmonium s'en détache vite pour devenir un objet insaisissable et d'une profonde noirceur sur le vernis social et le traumatisme, aidé par une mise en scène précise jouant sur les dualités : absence/présence, fixité/zoom, noir/blanc... Kôji Fukada est à surveiller de très près.

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Certes, la musique tire parfois le film vers le mélodrame larmoyant (la faute aux producteurs ?) et la mise en scène en fait parfois trop pour montrer ses effets numériques. Mais, si l'on passe outre ses défauts évidents, Quelques minutes après minuit reste un film profond sur l'acceptation de la mort par l'enfant et la manière dont psychologie et imaginaire sont reliés. Il refuse le manichéisme classique des films et contes pour enfant afin de coller à un monde moderne complexe, où le dualisme bien/mal n'existe plus : cela donne des séquences de contes magnifiques mélangeant plusieurs techniques du cinéma d'animation. Au final, surpassant de loin la thématique du "l'imaginaire pour s'enfuir d'un monde angoissant", Juan Antonio Bayona le propose comme thérapie, et on ne saurait lui donner tort.

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Après une première partie là pour en mettre plein la vue gratuitement et "moderniser" la comédie musicale hollywoodien (pas désagréable mais manquant de distanciation), Lalaland sombre dans une seconde partie prévisible où tout semble là pour mythifier Emma Stone et Gosling en Dieu du cinéma moderne. Le discours sur la poursuite des rêves est tellement simpliste qu'il semble justement tout droit sorti du Hollywood des années 50. Jamais Lalaland n'essaie d'encrer le mythe de la comédie musicale dans une modernité complexe, il ne fait que resucer et donner un côté "méta" à l'oeuvre. Il reste la photographie parfois impressionnante (quand elle n'essaie pas à tout prix de calquer le côté factice de l'image hollywoodienne) et une remise en perspective du jazz et de son avenir, si cher à Chazelle. Pour le "renouveau de la comédie musicale", en revanche, on passera son chemin.

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Il faut reconnaître de Jackie se démarque des biopics Hollywoodiens par sa volonté de donner un portrait nuancé et loin d'être idéaliste. Mélangeant images d'archive/télévisuelles à une photographie texturée de toute beauté, Pablo Larrain a malgré tout tendance à un peu trop se reposer sur son actrice (avec des plans rappelant Xavier Dolan). Les questions politiques sont vite esquissées pour mettre en avant la psychologue de Jackie et ouvrir sur des questions philosophiques plus larges, qui font la saveur de ce biopic.

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Silence est un long et éprouvant chemin, de la foi au reniement (ou pas) d'un homme. Scorcese décrit avec beaucoup de nuances ce processus, en se servant de motifs figuratifs de la nature Japonaise (brume, mer déchaînée etc...) pour souligner deux visions du divin, conduisant autant à la folie qu'à des atrocités. Pourtant, pas de condamnation de la religion, mais seulement une remise en perspective de la foi. Peut-être que les 20 dernières minutes n'étaient en revanche pas nécessaires, tant elles explicitent ce qui aurait du rester de l'ordre du non-dit.

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Heureusement, Chez Nous évite le manichéisme qui lui pendait au nez. Si les mécanismes du Front National ne sont pas toujours abordés avec subtilité (tout l'aspect scénique des performance de Marine Lepen, par exemple, est d'une importance capitale dans l'image du parti et est ici caricaturé) et que le film se sent obligé de montrer du sentimentalisme pour toucher le public, il reste néanmoins plutôt intéressant quand il démontre les stratégies politiques du FN, qui touchent presque au marketting. Pas un grand film en somme, mais certaines personnes feraient bien le visionner.

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Dans la forêt fleurte avec le thriller horrifique pour offrir une métaphore de la monstruosité des rapports parentaux. Un peu bancale dans ses tentatives d'épouvante, la mise en scène remplie de décadrages et rendant la forêt étouffante (comme la figure du père) est assez intéressante.

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Shyamalan redresse un peu sa carrière avec un film correct, qui utilise la pathologie de la "dissociation" (en la vulgarisant évidemment) pour donner un thriller qui doit beaucoup à la performance de McAvoy, mais qui aurait pu se passer de sa partie "fantastique". Shyamalan arrive à instaurer une tension sans passer par les ficelles de mise en scène éculées du genre, et questionne la névrose et ses limite (sans jamais toutefois très approfondir). Sa construction du cadre par la multitude et l'environnement claustro-phobique donne au tout une ambiance assez intéressante. On se passerait en revanche aisément de la scène post-générique.

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Si Trainspotting 2 ne fonctionne pas malgré un paquet de bonnes idées (confronter les images du premier en pellicule au numérique pour produire un discours sur l'avancée du cinéma, la stylisation de certaines scènes et du montage parfois assez profond pour signifier l'isolation ou le temps passé etc...), c'est parce que Danny Boyle semble extrêmement mal gérer le ton du film (on passe de la comédie de teenager au mélodrame en l'espace de quelques minutes) et qu'il n'est pas aidé par sa succession de musiques produisant un effet indigeste. La fin achève le film par sa médiocrité.

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J'aime beaucoup Kurosawa, mais il faut admettre qu'il s'est franchement raté sur ce film. Malgré les bonnes idées de mise en scène (bien que souvent ça ne soit que du recyclage de ses films précédents), Le Secret de la chambre noire accumule des dialogues médiocres (surexplicatifs ou sans aucune finesse), une direction d'acteur à la ramasse (est-ce du au fait que Kurosawa ne parle pas français ?), un récit invraisemblable et qui part dans tous les sens (alors que certaines thématiques, chères à Kurosawa, auguraient un meilleur traitement) et une utilisation de musiques "à suspens" envahissantes et hors de propos.

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Moonlight propose des thématiques intéressantes (déterminisme social chez les afros-américains, l'homosexualité etc...) mais reste trop dans un carcan "film d'auteur" qui accumule certains poncifs pour totalement convaincre. La mise en scène en est un des symptômes, accumulant banalités du drame intimiste (caméra épaule très proche des personnages) et tentatives originales (la scène de baignade en est un exemple). Le film reste passable, mais n'est absolu pas mémorable.

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Orpheline a le mérite de questionner la notion de personnage, à travers une narration qui mêle plusieurs temporalités qui construisent par bout un tout changeant. C'est clairement un film "à personnage", avec tout ce que ça implique : caméra toujours très proche du visage des acteurs (presque à leur service) et récit qui ne s'éloigne jamais du personnage principal et de la complexité de sa vie (sans jamais tomber dans le social, même si certains éléments sont donnés). On en voit aussi vite les limites : le film ne va pas très loin dans sa réflexion et à tendance à s'étirer inutilement

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On pardonnera facilement à Grave les défauts inhérent à la première expérience en long-métrage de sa réalisatrice (acteurs pas toujours bien dirigés, influences un peu trop pesantes), d'autant plus que le film est une vraie proposition de cinéma qui tente de redonner un nouveau souffle au film de genre français. Cette métaphore des transformations adolescentes traitant des pressions familiales et scolaires (lorgnant évidemment du côté de Carrie, clairement revendiqué par le bain de sang) est une réussite, tant le film déstabilise constamment nos attentes et reste flou dans ses intentions. On a le droit à quelques grands moments de mise en scène sensorielle et l'esthétique gore outrancière est pleinement justifiée par les thématiques.

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Reichardt continue de se construire une filmographie cohérente, où le quotidien de ses personnages complexes (construits autant par les dialogues que la mise en scène, comme le mouvement du second personnage apparenté à celui d'une rivière) devient tout le propos du film et trace un regard sur la condition féminine aux Etats-Unis.

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James Gray plombe son projet par un académisme irritant de la mise en scène et une structure narrative prévisible, peinant à rajouter quelques chose aux grands films du même genre (l'étreinte du serpent, Aguirre etc...). Son discours sur le civilisé et le sauvage n'étant que deux facettes d'une même pièce est grossièrement amené par un héros extrêmement lisse, donnant au tout un aspect artificiel et vain assez agaçant. Reste quelques séquences plutôt réussies, et cette belle idée que la jungle amazonienne est autant un lieu physique que mental.

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Le cinéma de Aki Kaurismäki m'est complètement inconnu, mais je ne suis pas resté insensible à ce sens du cadrage et de la lumière créant plusieurs espace dans un même cadre, à ce montage qui lorgne du côté de Bresson appuyé par une direction d'acteur qui donne presque l'impression d'un théâtre de marionnettes (parfois très drôle) et surtout de ce traitement très subtile de la question de la politique migratoire en Europe et des migrants eux-mêmes (ce qui n'est d'ailleurs pas la seule thématique du film, puisqu'il confronte ça au libéralisme), sans jamais tomber dans un manichéisme qui pourtant se prête bien au sujet.

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"Un tel sujet aurait mérité un meilleur traitement" : on ne peut s'empêcher de penser ça à la sortie du film, tant "Les initiés" paraît tomber dans les travers d'un cinéma d'auteur pseudo-réaliste (comprendre : caméra épaule très près des personnages) et dans un récit finalement très balisé. Malgré quelques séquences réussies et le fait de cerner l'Afrique du sud entre traditions (ici le rite initiatique de la circoncision) et mondialisation, c'est donc un film en demi-teinte.

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Ce mélange entre de la philosophie bouddhiste et la lourdeur de mise en scène d'un Malick donne un film bien pompeux et répétitif au bout d'une vingtaine de minutes. Ajouté à ça des acteurs souvent à côté de la plaque, une musique plus qu'envahissante, la sensation de voir un court-métrage étiré et vous avez plus ou moins toutes les tares du cinéma "arty" contemporain, où la finesse est absente mais l'ennui bel et bien là.

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Critique sûrement à venir

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En fait, la force de Blade Runner réside davantage dans le détail (notamment dans les détails de l'univers dépeint, qui actualise certaines thématiques déjà présentes dans le premier film et se montre passionnant quand on le confronte aux théories de Baudrillard) et dans l'atmosphère globale qui en découle que dans sa trame principale un peu vaine et parfois mal amenée (Villeneuve a tendance a bien trop appuyé les retournements de situation, la musique lourdingue n'aidant pas vraiment).

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Good time c'est le thriller moderne par excellence, reprenant des codes de mise en scène aux reportages télé avec une distance ironique, et créant une atmosphère hallucinatoire à base de néons et de musique électronique. Ce qui sauve le film de l'exercice de style vide, c'est la volonté des deux réalisateurs de transmettre le lien entre les deux frères du récit, qui se révèle assez juste.

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Un film qui dépasse largement le cadre qu'il se fixe au départ (comment exposer de l'art en 2017 ?) pour questionner l'individualisme profond de nos sociétés (particulièrement de la classe bourgeoise, qui accompagne financièrement un art qu'elle ne comprend même pas) et surtout livrer une vision assez glaçante de la surmodernité (les zombies sur leurs smartphones sont de plus en plus présents dans les films contemporains, et me semblent ici mieux traités que dans "Faute d'amour" par exemple). Le film a malheureusement tendance à tourner un peu en rond ou à faire dans l'humour facile, mais il soulève assez de question pour masquer ses défauts.

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On peut légitimement reprocher au film une certaine lourdeur dans son récit qui a tendance à beaucoup trop romancer la vie de Van Gogh pour faire accrocher le public, ou encore les musique grandiloquentes qui sont bien trop envahissantes, mais la forme expérimentale est d'une poésie telle qu'à elle-seule elle vaut le visionnage, et rend par-là une superbe retranscription cinématographique du style de Van Gogh.