Cover 1996 au cinéma (du meilleur au pire)

Liste de

77 films

créee il y a plus de 9 ans · modifiée il y a plus de 9 ans

Casino
7.9
1.

Casino (1995)

2 h 58 min. Sortie : 13 mars 1996 (France). Biopic, Drame, Gangster

Film de Martin Scorsese

Scaar_Alexander a mis 9/10.

Annotation :

Que dire ? Magnum opus du petit rital. Chef-d'oeuvre de sa longue et fastueuse carrière. Climax de sa collaboration avec le grand Bob. Au bout d'à peine cinq minutes, ça relève de l'évidence : le prologue/flash-forward aussi bref que limpide (on sait que derrière le ballet de sexe et de strass, derrière les règlements de compte, ce qui tuera tout ce petit monde, c'est l'absence de confiance) ; le somptueux générique de Saul Bass sur la grandiose Passion selon Saint Matthieu de Bach (sa meilleure cantate, hop) ; l'apparition des voix-off de De Niro et Pesci (qui, avec quelques autres, habiteront littéralement le film sans jamais parasiter l'action ni servir d'artifice explicatif) ; le montage puissamment musical et les embardées électriques d'une caméra déjà sous cocaïne, typiquement scorsesiens ; enfin, la conscience que Casino, ce sera trois heures à ce niveau... On sait que ça va être monumental. Et on ne se trompe pas. Bien sûr, ces trois heures donneront lieu à quelques expérimentations stylistiques plus ou moins convaincantes (parce que Scorsese), Casino étant sans doute son film qui part le plus dans tous les sens... mais c'est bien peu face au grandiose du spectacle (sur une BO tonitruante). Certains reprochent à ce film sa froideur : on adhère à la forme, mais where's the love ? Aucun des personnages n'est aussi sympathique que Mary Poppins. C'est sûr, on ne versera pas des torrents de larme. Mais c'est un peu ça, le truc : bien qu'il adopte officiellement le point de vue d'Ace Rothstein, l'esprit de Casino flotte majestueusement au-dessus du décor. Cet oeil, c'est celui de Las Vegas, contemplant son apogée et sa déchéance (identitaire, cf. les plans effrayants des hordes de blaireaux en survêt sortant de l'aéroport), et, au passage, quelques pauvres créatures qui ont cru pouvoir flotter trop près de son soleil : dans cette perspective, l'assurance de Rothstein, la violence de Santoro, la beauté de Ginger (sublime Stone) paraissent ce qu'ils sont censés être : dérisoires. Si Scorsese et Pileggi se plaçaient à hauteur d'homme dans leur ouragan Goodfellas, avec Casino, on est dans la version monolithique, la version dont on peint des fresques murales. On peut se contenter d'apprécier la virtuosité technique et l'humour sardonique du film, mais dans ce cas, on préférera sans doute Goodfellas. Dans Casino, l'Histoire se joue (le déclin des mafias face aux multinationales). Et c'est pas rien.

L'Armée des 12 singes
7.7
2.

L'Armée des 12 singes (1995)

Twelve Monkeys

2 h 09 min. Sortie : 28 février 1996 (France). Science-fiction

Film de Terry Gilliam

Scaar_Alexander a mis 9/10.

Annotation :

Au-delà de sa carrière en tant que Monthy Python, Terry Gilliam a offert au cinéma trois grands films : Brazil, L'Armée des 12 singes, et Las Vegas Parano. À mon sens, les 12 singes est le plus brillant des trois, profitant tant de l'univers formel unique du cinéaste que de son absence à l'écriture du scénario (alors qu'il est derrière ceux des deux autres films). C'est un monument de SF, odyssée protéiforme à l'ambiance crépusculaire unique, dont le radical mélange de noirceur profonde et d'humour loufoque (Brad Pitt en Jeffrey Goines est hallucinant) n'aurait sans doute pas existé sans la présence de David Peoples à l'écriture (scénariste de... Blade Runner). En plus de sa direction artistique, aux frontières du gothique, et de la lumière pluvieuse de Philadelphie, la noirceur des 12 singes vient, entre autres, du sentiment d'inéluctabilité qui entoure le drame à venir (l'attaque virale qui décimera 99% de l'humanité), en adéquation avec la théorie du voyage dans le temps selon laquelle il est impossible de changer l'avenir, puisqu'il est le résultat de ce que l'on va faire. Son climax, apte à retourner le cerveau du non-initié, voit culminer cette logique, lorsque tout ce que savait, et tout ce dont avait rêvé Cole survient, y compris sa mort sous les yeux de la version de lui enfant (ouf). Tout n'est plus qu'harmonie dans l'après-holocauste. Bien qu'il soit en train de mourir, Bruce Willis, sous sa perruque de guitariste des seventies et dans le meilleur rôle de sa carrière, sourit parce qu'il le sait. Alors nous, on fait pareil.

Seven
8.1
3.

Seven (1995)

Se7en

2 h 07 min. Sortie : 31 janvier 1996 (France). Policier, Thriller

Film de David Fincher

Scaar_Alexander a mis 9/10.

Annotation :

Nul besoin de résumer en vingt lignes prévisibles notre admiration pour Se7en, monument du polar et mécanique virtuose traînant sa dépression dans une ville anonyme n'ayant pour amies qu'une pluie incessante et poisseuse et une atmosphère de damnation, perdue aux confins de la société américaine, prête à être dévorée ; on va s'arrêter sur sa fin, euh, über-vicieuse. Parce que cette dernière, cultissime s'il en est, porte en elle toute la beauté crépusculaire et tout le nihilisme ému du film. Dans ce qui reste peut-être son meilleur film à ce jour (ex-æquo avec Zodiac ?), Fincher se fend d'un climax à la hauteur de ce qui a précédé, canevas narratif implacable et chiadé au millimètre qui mène à cet instant précis, où le spectateur se dit "oh putain", puis répète son "oh putain" lorsqu'il réalise que c'était quasiment écrit depuis le départ. Comme les deux inspecteurs, il s'attendait à deux cadavres ; mais des cadavres plus vraiment frais, et planqués quelque part dans le désert, et dont on se fout un peu - certainement pas ça. C'était oublier qu'il était en face d'un grand film. Et ça bute - c'est le cas de le dire. Ex-superflics américains, Niels et Sommerset découvrent en même temps que nous leur nature de pions, et hurlent avec nous la haine que nous inspire, à cet instant, un film au fatalisme vénéneux (si Brad Pitt est convaincant, Freeman, lui, est renversant). La puissance du final s'appuie également sur le joker Kevin Spacey, qui campe un tueur au charisme typiquement hollywoodien (à la fois glaçant et quelque part "sympathique", comme Hannibal Lecter) mais sans les défauts habituels (on ne tient pas là un génie absolu - la discussion avec Miles et Sommerset pendant le trajet le montre bien). Se7en n'aura pas été "qu'un" objet cinématographique d'une beauté rare (ce film révéla Darius Khonji), régal des yeux épouvantés jouant avec le pire de notre voyeurisme comme aucun autre film ne l'avait fait jusque là, car il se sera montré tout à fait ludique jusque là (mention au gars attaché à un lit pendant un an) ; il restera dans les mémoires comme un chef-d'oeuvre au coeur broyé.

Heat
7.8
4.

Heat (1995)

2 h 50 min. Sortie : 21 février 1996 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Michael Mann

Scaar_Alexander a mis 8/10.

Annotation :

Quand Heat sort, son réalisateur Michael Mann n'est pas encore le cinéaste célébré qu'on connait. Était-on en droit d'attendre un pareil classique de sa part ? Car bien qu'il souffre d'une durée excessive (2h50, qui dit mieux ?), et d'une inégalité dans la caractérisation des personnages, on a affaire à un classique. Un classique dont le statut ne doit pas TOUT à la présence des deux monstres Pacino et De Niro (on ne peut pas parler de duo, puisqu'ils sont ensemble cinq minutes montre en main), bien que chacun brillant à sa manière, le premier tout de calme professionnel, le second sous cocaïne (il l'a clairement joué comme ça, mais Mann ayant sucré au montage la partie où Hannah en prend, le spectateur a l'impression qu'il est survolté de naissance). Mann touche au cœur du polar. Pas difficile à remarquer, hein : l'histoire de Heat n'a rien de neuf. Mais c'est justement ce qui fait l'ambition démesurée du film : prendre une trame classique et des personnages clichés, et transcender le tout. Faire le film définitif du genre, le plus magistral honneur à la tradition. Alors, comme suggéré un peu plus haut, le spectacle que nous propose Mann n'est pas assez parfaitement maîtrisé pour se montrer à la hauteur de ses ambitions. À l'exception de quelques saillies mémorables du flic ("cause she's got a great ass, and y ou got your head all the way up it !", "Who ? Who ? What are you, a fucking owl ?") et quelques répliques cultes du braqueur ("'cause there is a dead man on the other end of this fuckin' line"), Mann ne brille pas par ses talents de dialoguiste. La fresque familiale se plante un peu : les scènes avec Diane Venora suscitent peu d'intérêt, et à l'exception du couple Kilmer/Judd, on ne saura jamais suffisamment des vies de chaque personnage secondaire, et de leurs familles, pour vraiment s'y intéresser (allez, il y a le cuistot joué par le président Palmer, à la limite). La tentative de suicide de la gamine n'apporte rien au récit. Tout tourne autour du duel Hannah/McCauley. Mais la majesté du duel pardonne tout, et l'électricité de la réalisation emballe le tout, à commencer par la scène de la fusillade en plein carrefour, sans doute la plus belle jamais réalisée (et conçue), une parmi une série de grandes scènes (en fait, dès qu'on sort du drama bavard, c'est souvent fabuleux). Parce que quand il brille, il brille de mille feux, tant bien que mal, Heat marche, et laisse une empreinte profonde dans la mémoire du cinéphile et de l'amateur du genre.

Bound
7
5.

Bound (1996)

1 h 48 min. Sortie : 6 novembre 1996 (France). Policier, Romance, Thriller

Film de Lilly Wachowski et Lana Wachowski

Scaar_Alexander a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Meilleur film des frères Wachowski (pas très difficile) et oeuvre des plus singulières, Bound peut être vu comme la jonction sexy et baroque d'un film des frères Coen du type Blood Simple (pour l'humour noir et les figures de gangsters décalées), d'une série b (pour le genre et le budget dérisoire), et de Sin City (de très loin, pour son aspect plastique). Il ne ressemble à aucun autre film, sinon au suivant des frères, l'incontournable Matrix, mais le fond diffère bien trop pour poursuivre la comparaison. Cette richesse de parallèles en fait un objet appréciable par une grande variété de spectateurs : les amateurs d'objets racés, les fans de films de truands sardoniques (les dialogues sont assez géniaux et souvent drôles, cf. la scène du massacre dans le living room - "tire plus !"), et les pervers pépères, pour la partie lesbienne, à la fois riche et élégamment exploitée. Bound est surtout un régal pour les yeux, objet d'un soin esthétique assez extraordinaire de minutie. Tout, des cadrages chiadés des frères à l'éclairage de Bill Pope, faits de forts contrastes et de clair obscur, en passant par la direction artistique, créant un oasis de raffinement immobilier au coeur d'un vieil immeuble baroque, les choix de costume représentant parfaitement le caractère de chaque personnage, les cuivres intimidants de Don Davis qui donnent parfois au film des airs d'opéra, et, bien sûr, le filmage amoureux des deux héroïnes, figures érotiques parfaitement complémentaires (préférer Violet ou Corky - super nom - peut en dire long sur ses préférences sexuelles), constitue une conflagration de maniérisme racé (ça se voit dès l'apparition du titre, en fait, qui rappelle celle des Incorruptibles) et de sensualité exacerbée. La scène de cul entre les deux filles, qui consiste en un seul plan (mais quel plan !) à la fois puissamment érotique et assez pudique, en est une bonne illustration. Sous le charme du spectacle, les sens aux aguets, le pop-corneur appréciera la mécanique narrative et les ficelles maîtrisées d'une histoire sans temps mort ni problèmes de prévisibilité, et la performance hallucinée de Joe Pantoliano (qui ne sera jamais aussi bon) dans le rôle de Caesar. Sans être d'immenses actrices, les filles, elles, s'en sortent bien, et ça suffit amplement. Note : aux plus réacs, il est conseillé d'ignorer l'entreprise de destruction du mâle alpha, peut-être inconsciente et forcément liée aux troubles d'identité de Larry/Lana Wachowski, et d'apprécier la vue...

Leaving Las Vegas
7.3
6.

Leaving Las Vegas (1995)

1 h 51 min. Sortie : 20 mars 1996 (France). Drame, Romance

Film de Mike Figgis

Scaar_Alexander a mis 8/10.

Annotation :

Si l'insaisissable et inégal Mike Figgis devait n'avoir fait qu'un film, ce serait sans doute LLV. Remarqué à deux ou trois reprises par le passé grâce à Richard Gere (Affaires Privées et Mr. Jones), le gars doit la reconnaissance de la critique internationale à ce film, ainsi qu'à l'oscar du meilleur acteur attribué à Cage dans le rôle principal, et l'intérêt de la même critique pour ses films des années 90 (l'ultralibéral mais joli Pour une nuit, l'expérimental Time Code). Ouais, 90 aura été sa décennie, balisée par ce grand, grand drame interdit aux esprits dépressifs tant il ne recule devant aucun aspect de la tragédie de l'alcoolisme, ni un dénouement à se tirer une balle. Noir et visuellement envoûtant, sans compromis ni compte à rendre (il ne s'impose pas de ligne narrative claire, ni un quota de rebondissements), porté par deux acteurs transfigurés (Cage, donc, et Shue remarquable de résignation), bouleversant comme un drame filmant la déchéance comme un état de grâce, et filmant le fatalisme sans misérabilisme, LLV est un coup de maître - coup de poing.

Bernie
7.1
7.

Bernie (1996)

1 h 27 min. Sortie : 27 novembre 1996 (France). Comédie

Film de Albert Dupontel

Scaar_Alexander a mis 8/10.

Annotation :

"Bonjour, je m'appelle Bernie Noêl, j'ai 28 ans, bientôt 32, et j'aime les hyènes. Pasque je trouve queee être ami avec une hyène, ben c'est parfois mieux qu'être ami avec des vrais amis... pasque quand y'a du danger, "Ah ouiiiiii mais moi, j'suis avec une hyène" alors là, hein..." Ce film est génial. Juste génial. Que Positif et les Cahiers l'aient incendié à sa sortie est un signe qui ne trompe pas : on tenait là un OVNI littéral, made to be cult, summum d'humour noirissime (la scène du massacre de la famille bourgeoise) et d'anarchisme cohérent (par opposition à poseur), un machin étrange mais fascinant, tombé d'une sorte de ciel, que personne n'aura vu venir, puisque rien ne laissait penser que Dupontel, à l'époque comique sympa mais au répertoire un peu limité ("les viets !"), nourrissait depuis son enfance un univers aussi original et tordu, pas seulement dans les idées, mais aussi visuellement. Et moralement : sans le malaise existentiel non feint qui le parcourt, essentiellement véhiculé par le personnage parfaitement désabusé joué par la géniale Clause Perron, sans ce malaise réel qui alourdit chacun de nos ricanements nerveux, le film ne serait pas aussi inoubliable. La moitié des scènes de Bernie est culte, et sa courte durée (moins d'une heure et demi !) renforce son effet de tarte dans la gueule. Ah, et le duo Roland Blanche/Hélène Vincent est énorme, à faire passer l'Affreux, sales et méchants de Scola pour Santa Barbara. Ouais, carrément.

Nos années sauvages
7.1
8.

Nos années sauvages (1990)

Ah Fei jing juen

1 h 40 min. Sortie : 6 mars 1996 (France). Drame, Romance

Film de Wong Kar-Wai

Scaar_Alexander a mis 8/10.

Annotation :

Encore à ce jour, mon préféré de WKW aux côtés de Chungking Express, et un film injustement ignoré par la presse internationale, qui découvrira le cinéaste sur le tard, et n'aura d'yeux que pour l'un peu surestimé In the mood for love (seconde partie non-officielle du film...). Bien que vieux de six ans quand il sortira dans l'hexagone, et donc réalisé par un jeune Wong, on y trouve déjà l'essentiel de son cinéma... en simplement plus libre, et moins millimétré et autoréférencé que ses films des années 2000. Canonisation esthétique des corps sublimés par la photographie de Chris Doyle (as usual, donc) et des ralentis parfaitement maîtrisés, magnifiques portraits amoureux tracés dans un canevas chaotique et elliptique (les personnages priment sur l'intrigue), et peintures d'émotions sourdes dans l'atmosphère contemplative de l'esthète, sur l'électricité fiévreuse de l'amant (fureur de vivre toute en retenue !), et sous la pluie nonchalante et les rythmes latinos des 60s. Tout y est plaisir des sens, sans surprise : Leslie Cheung ne narcissique ambigu comme nul acteur à HK ne savait l'être, Carina Lau qu'on aimerait gifler puis prendre dans ses bras, Jackie Cheung dans son meilleur rôle, Maggie pour les messieurs, fabuleuse sous toutes les coutures, et Andy Lau en bonus pour les dames, contenant à peine sa classe internationale sous son uniforme de flic qui emporte avec lui, durant ses patrouilles, son flegme joueur.

Le Tombeau des lucioles
8.2
9.

Le Tombeau des lucioles (1988)

Hotaru no haka

1 h 29 min. Sortie : 19 juin 1996 (France). Animation, Drame, Guerre

Long-métrage d'animation de Isao Takahata

Scaar_Alexander a mis 8/10.

Annotation :

C'est l'histoire d'un petit garçon vaillant et de sa petite sœur toute petite et trop meugnonne super-hamster choupi-kawaii survivant tant bien que mal dans l'horreur de la guerre, et subissant la couardise et la cruauté des adultes en temps d'apocalypse, et meurent à la fin dans le dénuement et le désespoir. C'est bon, vous en voulez plus, encore ? Non ? Bon. Regarder le chef-d'oeuvre de Takahata, c'est comme observer la lente mise à mort de bébé phoque étranglé avec une chaîne à vélo. Une fois, pour satisfaire sa curiosité morbide (et là, en plus, accomplir son devoir de cinéphile). Puis c'est tout, au nom de sa propre santé mentale (et de la loi).

Crash
6.7
10.

Crash (1996)

1 h 40 min. Sortie : 17 juillet 1996. Drame, Thriller, Érotique

Film de David Cronenberg

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Shall We Dance?
6.8
11.

Shall We Dance? (1996)

Shall we dansu?

2 h 16 min. Sortie : 27 janvier 1996 (Japon). Comédie dramatique

Film de Masayuki Suo

Scaar_Alexander a mis 8/10.

Annotation :

Une des plus jolies comédies dramatiques que le cinéma japonais nous ait offert, dont la conjugaison d'un divertissement efficace (c'est très drôle et enlevé) et d'un vrai drama à substance, en plus de la très belle performance de Yakusho Kôji, expliquent le succès gigantesque au BO nippon. Sa substance, c'est le sérieux avec lequel Suo Masayuki aborde, sous les rires, un sujet typiquement japonais : le mal-être du salaryman, brave employé de la Japan Corp vouant à un travail sans passion sa vie qu'il voit défiler, impuissant, rêvant de choses qu'il ne touchera jamais du doigt, doublé de la crise de la quarantaine, pour enfoncer le bouchon. Cette spécificité socioculturelle explique la nullité de son remake américain, incapable de transposer l'histoire chez l'Oncle Sam (au Japon, du moins dans les années 90, prendre des cours de danse pour un mec est grotesque). Le savant mélange de comédie et de drame (qui jamais ne se parasiteront, pour changer), de bouffonnerie et d'humanisme de Shall We Dance rend le film inoubliable jusqu'à son climax, capable de tirer quelques larmes alors qu'il n'y a pas mort d'homme ou génocide arménien (climax qui fait penser que le film a peut-être inspiré The Silver Linings Playbook, qui sait ?). Frais et chaleureux, film de mœurs et de gags, Shall We Dancee, dans sa catégorie, est parfaitement incontournable.

Irma Vep
6.7
12.

Irma Vep (1996)

1 h 38 min. Sortie : 13 novembre 1996. Drame, Fantastique

Film de Olivier Assayas

Scaar_Alexander a mis 8/10.

Annotation :

Hommage au film silencieux, cet art négligé, et au cinéma français via un Jean-Pierre Léaud jouant Truffaut et une attention amoureuse à tous les métiers d'une équipe de tournage, élégie hypnotique de la muse détenant les clés de l'univers aux yeux du cinéaste vieillissant, ode à Maggie Cheung (fascinante et sexy en diable), dont la beauté fût un des moteurs d'Assayas (parfois, pas besoin de chercher plus loin), critique de l'industrie du cinéma (avec ses studios aussi primordiaux que castrateurs) et du snobisme crétin du milieu "artistique" parisien, crainte de la folie comme prix de la création, OVNI méta (Maggie jouant Maggie), odyssée somnambule à la fois intellectuelle et très amusante par moments... le meilleur film de l'inégal Assayas avec Clean. Justement parce qu'Assayas, le découpage et le montage sont parfois un peu hasardeux, les idées manquent parfois un peu de cohésion, et la démarche "film parlant des films" fait parfois un peu première année d'études de cinéma. Mais ce chaos fait généralement le charme libre de ses films. Même quand il s'égare un peu, il n'oublie jamais de divertir son public. Et les dernières minutes du film sont fascinantes. Rien que pour elles en bonus, hop, huit.

Richard III
7.2
13.

Richard III (1995)

1 h 43 min. Sortie : 26 juin 1996 (France). Historique

Film de Richard Loncraine

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Transposer la fresque démoniaque de Shakespeare dans une Angleterre alternative fasciste des années 30, en gardant les dialogues originaux parce que sinon ce n'est pas drôle, avait quelque chose de risqué. Il fallait assurer ses arrières, au cas où la voie initialement choisie s'avérait mauvaise, au cas où le tournage serait catastrophique, au cas où le réalisateur perdrait l'inspiration. Cette assurance tout-risque, c'était Ian McKellen. Et ça tombe bien : Ian McKellen fait une bonne BONNE partie du film, renversant dans ce rôle de créature en phase terminale de mégalomanie carnassière, tordue, vicieuse, impassible, nihiliste au possible ("I can smile... And murder while I smile!"). Coeur d'un film... par ailleurs pas manchot. On peut y voir une farce d'esthète couillue doublée d'une performance explosive (Richard III n'est pas la plus facile à adapter des pièces du grand Bill). Mais il n'est pas interdit d'apprécier le film au premier degré, implacable et millimétré comme son antihéros, riche d'un excellent casting, à la direction artistique flamboyante, et d'une radicalité de ton admirable. En gros, on s'éclate bien en se cultivant. Que Loncraine ait réalisé, dix ans plus tard, l'immonde nanar Firewall (avec Harrison Ford), donne une idée de ce qu'Hollywood peut faire à un auteur du vieux continent.

Trainspotting
7.5
14.

Trainspotting (1996)

1 h 34 min. Sortie : 19 juin 1996 (France). Comédie dramatique

Film de Danny Boyle

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

On subodore Trainspotting d'être un brillant enfumage de petits malins doués à la caméra. On subodore Trainspotting d'avoir surfé sur le succès de Pulp Fiction, puisqu'il en est, après tout, une version anglaise, avec moins de gangsters, et plus de came. Bon, ok, il est un peu plus dramatique que Pulp Fiction. Mais il a un côté frimeur, dans sa forme comme dans la nonchalance de son récit (qui se veut sans doute glaciale, cf. la mort pathétique du sportif du groupe). L'héroïne l'autorise aux pires excès, et il s'en gave, la bouche pleine, cadavres de bébés, pires toilettes du Royaume-Uni, toucher anal, draps couverts de merde, "cunt" prononcé autant de fois que "fuck" chez Scorsese, Tout cela est très ludique, parce que filmé par un Danny Boyle alors encore bourré d'hormones, et parce que le film ne sombre pas dans l'hystérie comme le Requiem for a dream d'Aronofsky. Malgré ses excès, Trainspotting est un film de gars doués, qui veulent simplement se faire plaisir sous couvert de message parfaitement convenu (= la drogue, c'est mal). Il faut donc, simplement, ne pas chercher au-delà du fun outrancier ; la narration en voix-off de Renton, tentative de donner plus de substance et de sens au récit, sera au final plus cheap que convaincante. Parce qu'il est plus honnête dans le cynisme et moins artificiel, on préférera de loin le précédent film de Boyle, Petits meurtres entre amis. Mais bon, ne pas hésiter à le mater quand même : qu'on adhère ou pas, Trainspotting produit son petit effet, notamment grâce à un Ewan McGregor formidable.

Rock
6.4
15.

Rock (1996)

The Rock

2 h 16 min. Sortie : 31 juillet 1996 (France). Action, Aventure, Thriller

Film de Michael Bay

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Rock, c'est la consécration du savoir-faire et de la mégalomanie du producteur Jerry Bruckheimer en matière de blockbusters (Flashdance, Beverly Hills Cop, Top Gun, Jours de Tonnerre, Bad Boys, USS Alabama...), au coeur d'une décennie dont il fût le roi hollywoodien. La consécration parce que ce sera son dernier bon blockbuster (sans nostalgie déplacée !) marqué de SA patte (Black Hawk Down, sa dernière prod de qualité, n'aura pas ce parfum d'entertainment bruckheimerien), et que le succès de ce film, sans être son plus grand, lui fera atteindre le palier supérieur en terme de gigantisme : cf les énaûrmes Armageddon, Pearl Harbor, Pirates des Caraïbes... Bref. En dépit d'une réalisation typiquement bayesque pour le meilleur (pour être dynamique, c'est dynamique) et pour le pire (trois-cents images seconde), et de ses dialogues un peu bidons, Rock est un BON divertissement appuyant son pouvoir d'attraction sur une chose (en plus du spectacle son et lumières qui ravira l'amateur, cf. la BO génialement pompière de Hans Zimmer) : le triumvirat d'acteurs de premier plan autour duquel s'agite toute l'action : Connery (majestueux), Cage (hilarant) et Harris (poignant), et qui donnent à leurs personnages une épaisseur inattendue. Grâce à eux, le buddy-movie entre Goodspeed et Mason devient l'attraction du film, et le général Hummel un bad guy d'envergure de par l’ambiguïté de ses actes. Sans eux, les one-liners n'auraient pas le même impact. La conjonction de leur talent et du sens du divertissement made in Brukheimer fait de Rock un film d'action outrancier (le plot est du grand n'importe quoi) mais pas trop non plus, simpliste mais pas trop, bourrin, mais appréciable par un pop-corneur en quête de bons films du genre et rebuté par les nanars actuels du type de GI Joe. "What kind of a fucked up tour is this ?"

Get Shorty
6.1
16.

Get Shorty (1995)

1 h 45 min. Sortie : 27 mars 1996 (France). Comédie, Policier, Thriller

Film de Barry Sonnenfeld

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Get Shorty, c'est avant tout une nouvelle du grand Elmore Leonard tournant autour de deux bonnes idées : A) la confrontation de l'univers pulpeux d'Hollywood et celui, plus brutal et moins pulpeux, des truands de l'east coast ; et B) le personnage de Chili Palmer, usurier un peu rêveur (!) rêvant d'écrire des films en toute cordialité. Puis c'est son adaptation par Scott Frank, scénariste qui s'y connait en personnages cools, cf. Hors d'atteinte ou encore The Lookout (bon, il a aussi fait des merdes du type Vengeance Froide ou Wolverine, mais tout le monde a ses bas). Enfin, c'est le duo hilarant John Travolta/Gene Hackman, le premier n'en pouvant toujours pas de sa résurrection (il est littéralement extatique du début à la fin du film), et le second trop heureux de jouer dans une comédie pour changer. Le reste, la réalisation pro mais cool de Sonnenfeld (jamais un grand réalisateur), le charme roux de Russo, les moulinets de De Vito (pourtant le "shorty" en question), les quelques twists sympas vers la fin, et même Gandolfini et Lindo dans des seconds rôles épatants, est secondaire. La séquence où Hackman/Zimm, se prenant dans un moment d'égarement pour Palmer, essaie de frimer face au vrai caïd Barboni (génial Dennis Farina), est un monument comique. Hollywood dans sa coolitude la plus convaincante.

Une nuit en enfer
7
17.

Une nuit en enfer (1996)

From Dusk till Dawn

1 h 48 min. Sortie : 26 juin 1996 (France). Action, Policier, Épouvante-Horreur

Film de Robert Rodriguez

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

En un mot : fun. Ne cherchons pas plus loin. Imaginez... deux DVD disposés à dix rangées d'écart dans un VidéoFutur. Deux catégories différentes. Deux mondes presque à l'opposé l'un de l'autre ; en l'occurrence, celui des vampires, de préférence monstrueux (rien à voir avec True Blood, donc), et celui des braqueurs de banque prenant une gentille famille en otage, de préférence déjantés. Mélangez les deux. WTF, répondrez-vous. Oui, WTF. But WTF can be your friend... à condition qu'il soit orchestré par des trublions en état de grâce comme Tarantino, entre Pulp Fiction et Jackie Brown, et l'éternel ado Rodriguez, entre Desperado et The Faculty. S'attendre naïvement à suivre la cavale de deux gangsters, otages en mains, comme dans des thrillers génériques du type de La Dernière Cavale, est en fait ce qui peut arriver de mieux au spectateur, qui se prendra le twist de mi-métrage en pleine tronche, passant de Reservoir Dogs aux Frontières de l'aube en cinq minutes. Le pop-corneur aura déjà apprécié la verve tarantinienne des dialogues et le charisme de le star naissante Clooney ; très vite, il se laissera emporter dans la danse trash et exubérante de ce parfait exemple de film d'exploitation qui s'assume à 100% pour le plus grand plaisir du public, "gorefest" improbable et jouissif pour tout amateur de vampirettes topless, et moyen comme un autre d'assouvir le fétichisme de Tarantino pour le pied féminin... (cf. la scène de Satanico Pandemonium)

Peur primale
6.7
18.

Peur primale (1996)

Primal Fear

2 h 02 min. Sortie : 5 juin 1996 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Gregory Hoblit

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Peur Primale, sous ses dehors d'énième film de prétoire thrilleresque dont les années 90, traumatisées par John Grisham étaient friandes, est davantage une entreprise de manipulation épatante (justement pour un film de cet acabit) dont le climax explose lors de son twist final parfaitement inattendu. Peut-être n'aurait-il pas tant marqué les esprits, en dépit de ses vraies qualités, sans la performance du jeune Edward Norton. Too bad, il y est, il y crève l'écran face à un Gere servant plus de faire-valoir. Le solide artisan de la télé Hoblit surprend par la finesse de sa réalisation, embrassant les nuances de la performance de son acteur-joker, et le somptueux Cançaõ do Mar de Dulce Pontes irrigue de son énergie mélancolique un film autrement très discret.

Toy Story
7.7
19.

Toy Story (1995)

1 h 21 min. Sortie : 27 mars 1996 (France). Comédie, Animation

Long-métrage d'animation de John Lasseter

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Vers l'infini et au-delà ! Revoir TS aujourd'hui fait un peu mal aux yeux (rien que le deuxième volet, pourtant séparé du premier par seulement quatre petites années, donnera une idée du chemin parcouru technologiquement entre 95 et 2000), mais on ne peut qu'admirer la performance... ainsi que le sens de l'aventure du film en lui-même, et l'ingéniosité de la réalisation du grand John Lasseter, qui ne retrouvera pas dans les années 2000 son inspiration d'alors, cette époque riche qui le verra réaliser le génial 1001 pattes. Et puis, Tim Allen est génial en Buzz Lightyear.

Ridicule
6.9
20.

Ridicule (1996)

1 h 42 min. Sortie : 9 mai 1996 (France). Comédie dramatique, Historique, Romance

Film de Patrice Leconte

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Une des grandes surprises de l'année 96 dans le paysage du cinéma français, et... le statut n'était pas volé. On connaissait Leconte pour son cinéma populaire (Les Bronzés, Viens chez moi, j'habite chez une copine...), au mieux auteurisant (Tandem, Monsieur Hire). Avec Ridicule, il déploie un flegme, une élégance et un sens du rythme éclatants, livrant une réalisation digne des dialogues truculents de Rémi Waterhouse. Bien qu'il rappelle les Liaisons Dangereuses de Frears ou le Valmont de Forman (avec par exemple sa Madame de Blayac rappelant la Merteuil) soit des références pas dégueues, Ridicule verse moins dans la manipulation libidineuse (bien qu'il n'en manque pas) que dans le cynisme absolu du jeu social dans le cadre haut en couleur d'une noblesse en pleine déliquescence qui méritera, quelques années plus tard, ce qui lui arrivera. Il explore cet univers darwinien où la VRAIE noblesse, celle du coeur et de l'âme, n'est d'aucune utilité face aux putes de la cour, et propose une belle réflexion sur la vanité et la futilité du manège social, porté par un casting de premier ordre (Rochefort et Berling en premier). Le ridicule n'épargne personne. Ridicule non plus.

Shanghai Grand
7.2
21.

Shanghai Grand (1996)

Sun Seung Hoi tan

1 h 36 min. Sortie : 13 juillet 1996 (Hong Kong). Drame, Policier

Film de Poon Man-Kit

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Filmé sur trois heures, plus finement écrit (manque d'unité au récit, climax parfois mal amenés, sous-intrigues et ressorts parfois flous, certaines relations bâclées), épuré de ses cascadeur-pantins épileptique sautant dans tous les sens (typique ciné HK), et réalisé par un metteur en scène d'une plus grande stature (Poo-Man Kit est un bon artisan, mais pas un tireur d'élite)... Shanghai aurait été un chef-d'oeuvre égalant les grands classiques du film de gangster hollywoodien. On pourrait se dire "ouais, bon, en gros, SG aurait été génial s'il avait été mieux, c'est ça ?", ce à quoi l'on répondra niet ! Les listes de doléance de ce genre appartiennent aux grands films ratés, pas aux nanars. Le romanesque de SG, bien que bridé, et la beauté des enjeux et des liens, bien que parfois simplement suggérée, le tout porté par une photographie somptueuse, parviendront à satisfaire l'amateur du genre... surtout quand le tout est servi par deux acteurs du calibre de Leslie Cheung et Andy Lau (la classe incarnée). Grâce à eux, l'amitié tragique des deux protagonistes finit par toucher (ouais, parce qu'à côté de ça, le triangle amoureux, assez inepte, fait partie des victimes du charcutage). Alors, de Shanghai Grand, on prendra le bon (eux deux, l'esthétique, la reconstitution opulente, les canardages feutrés), plutôt que de chouiner à l'idée de ce qu'il aurait pu être.

Mission: Impossible
6.5
22.

Mission: Impossible (1996)

1 h 50 min. Sortie : 23 octobre 1996 (France). Action, Thriller

Film de Brian De Palma

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Malgré son accumulation de scènes-chocs comme son ouverture haute en bodycount, le dîner explosif de l'aquarium, le casse à Langley ou encore la poursuite de l'Eurostar en hélicoptère à l'intérieur du tunnel, ce premier M:I ne laisse pas grand chose à la postérité. Cela tient essentiellement à une chose : des scénaristes justement trop occupés à chiader le spectaculaire pour vraiment s'occuper de l'histoire, et de leurs personnages. L'intrigue manque de liant (on a l'impression d'une compilation de mini-épisodes), et ne parvient à passionner ni par ses dilemmes, y compris avec le personnage-joker de Phelps (excellent Voight), ni par son suspense (quel suspense ?), tarabiscotée pour rien. On peut arguer que c'est surtout une longue démo du savoir-faire technique de De Palma, pas exactement manchot à ce rayon. On ne niera pas qu'on s'amuse malgré tout, parce le cinéaste exécute avec une précision et un sérieux d'horloger des scènes pourtant totalement délirantes (mais c'est justement leur charme). On aurait cependant été plus convaincu par la forme si le film avait proposé un spectacle un peu plus sexy. Or, comble du comble pour De Palma, son M:I est aussi sexy qu'une planche à pain, et le couple Cruise/Béart produit autant d'étincelle que le frottement d'une tranche de jambon cru sur ladite planche à pain. En gros, ça s'excite beaucoup, ça frime beaucoup, mais une fois rentré du boulot, il n'y a pas grand chose à raconter, et au lit, c'est le zéro pointé. Mais le dernier, et à la fois le premier vrai, gros problème de M:I, c'est qu'il n'est même pas un bon film d'espionnage.

Love Etc.
6.1
23.

Love Etc. (1996)

1 h 45 min. Sortie : 27 novembre 1996 (France). Comédie dramatique

Film de Marion Vernoux

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

On tient peut-être là le seul bon film de Marion Vernoux, réalisatrice sans grand caractère qui a eu l'excellente idée de s'appuyer sur un roman de qualité de Julian Barnes (Talking it over), et sur des jeunes acteurs de talent. Alors plutôt que de lui mettre six, ce qu'il mérite peut-être sur un plan strictement cinématographique, on va lui mettre 7. Pour le triangle amoureux, à la fois terriblement classique et original, histoire de changer. Pour les dialogues vifs et les voix-off douces-amères. Pour une Charlotte au top de son charme androgyne (et très jolie en rouquine aux cheveux courts). Pour le bagout du personnage de Pierre, joué par un Berling qui faisait alors autre chose que de chouiner son antiracisme sur les plateaux télé. Pour la naissance du couple Attal/Gainsbourg, palpable à l'écran. Et pour la mémorable scène du clash au moment du dîner, sur fond de Leonard Cohen ("tu sais, moi, un mec qui fait rimer "ay" avec "ay ay ay"..."). Toute une époque.

Strange Days
7.1
24.

Strange Days (1995)

2 h 25 min. Sortie : 7 février 1996 (France). Action, Science-fiction

Film de Kathryn Bigelow

Scaar_Alexander a mis 6/10.

Annotation :

Strange Days, ou la frustration sur celluloid du pop-corneur ayant un minimum d'exigence. Sur le papier, SD brille. C'est un scénario de James Cameron (premier wouaaah), une réalisation de Kathryn "Point Break" Bigelow, soit la seule femme capable de réaliser autre chose que des films de gonzesses (deuxième wouaaah), un thriller d'anticipation au budget confortable, jouant avec la réalité virtuelle et avec les peurs de décadence urbaine à l'approche de l'an 2000, interprété par un frais nominé aux Oscars (Ralph Fiennes). Au final, on obtient... beaucoup de bruit pour pas grand chose. C'est très beau à voir, très soigné, surtout en terme de montage, comme tout film de Bigelow. L'univers proposé, société futuriste à 1/3 dans lequel des adolescents se font sauter le caisson dans la cour de récrée et des putes fardées agressent des pères Noël dans la rue, est crédible et immersif. La technologie de réalité virtuelle, bien que parfaitement surréaliste, fait son petit effet. Ralph Fiennes brille en ex-flic déchu passé dealer-roublard. Qui aime les héroïnes cameroniennes tombera en arrêt devant la sculpturale Angela Bassett, excellente en bodyguard de caractère. Son duo avec Fiennes/Nero a un sacré charisme. Et l'autre duo, Cameron/Bigelow, propose quelques séquences mémorables, comme l'attaque de la limousine blindée, ou celle de la poursuite dans le métro. Il y a plein d'idées ou d'éléments hauts en couleurs, dans SD, comme l'association désespérée des deux flics assassins, le viol enregistré à travers les yeux de la victime, etc. Mais à la fin, on n'en a un peu rien à foutre, et c'est ça, le drame. On s'intéresse plus à la romance entre Fiennes et Bassett qu'à la trame centrale, qui inclue pourtant le meurtre d'un rappeur-prophète rappelant l'affaire Rodney King (mais dont on a un peu rien à foutre), et la menace de chaos civil, si bien que les personnages fatiguent un peu quand ils en font des tonnes avec cette histoire. SD s'excite beaucoup et part dans tous les sens, épate les mirettes et en fait des tonnes, mais il ne raconte rien de bien captivant, et quand vient la grande révélation finale, on en a un peu rien à foutre - insulte suprême. La voilà, la frustration. Alors Cameron propose bien une réflexion sur la préciosité du souvenir, et l'importance de leur fragilité. Mais c'est bien maigre pour un film aussi agité durant aussi longtemps. Alors sur le moment, on apprécie la balade, pour les raisons susmentionnées. Mais à la fin, on a tout oublié.

Les Grands Ducs
6.2
25.

Les Grands Ducs (1996)

1 h 25 min. Sortie : 21 février 1996 (France). Comédie

Film de Patrice Leconte

Scaar_Alexander a mis 6/10.

Annotation :

L'autre film de Leconte sorti en 96 ! Pas un souvenir impérissable, si ce n'est celui d'un archétype du film français qui "parle de ce qu'il connait", divertissement sympa, carré et bien fichu maîtrisant son sujet (le monde du théâtre, que ce soit pour filmer - ingénieusement - les représentations ou pour décrire son monde chaotique) et maîtrisant son casting de grands talents (maîtrisant eux-mêmes, et aussi, le sujet). Leconte ne sera jamais un grand réalisateur, mais sa qualité de cinéaste coincé entre le populaire (Les Bronzés) et l'auteur (La fille sur le pont) peut parfois générer de l'imprévu. Ici, c'est la liberté offerte à trois monolithes du cinéma français (Noiret, Marielle, Rochefort) de se lâcher pour notre plus grand plaisir, donnant un cachet incroyable aux dialogues sympas de Leconte et Frydman. Bref, ajoutez l'inénarrable Catherine Jacob (à l'époque un peu partout) et la chtite Courau pour ces messieurs, et l'on est dans du divertissement "vermeille" de bonne qualité.

Microcosmos, le peuple de l'herbe
6.8
26.

Microcosmos, le peuple de l'herbe (1996)

1 h 20 min. Sortie : 20 novembre 1996 (France). Animalier

Documentaire de Claude Nuridsany et Marie Pérennou

Scaar_Alexander a mis 6/10.

Annotation :

Y a des insectes partout. C'est mortel. Et filmés de super près, hein. Tellement près que même les insectophobes supporteront le spectacle, car il me semble que la petitesse des bestioles joue un rôle prépondérant dans l'insectophobie, en tout cas celle des frappadingues persuadés que des fourmis malintentionnées vont se faufiler dans leur canal auditif pendant qu'ils dorment pour leur grignoter le cerveau. Dans Microcosmos, les insectes sont vraiment nos amis. Ils peuvent se montrer impitoyables, mais aussi aimants envers les plus proches de leurs prochains. Après, il y en a pas mal qui ont l'air soit de s'emmerder, soit de se foutre royalement de ce qui peut arriver à qui que ce soit. Ceux qui auront du mal à s'identifier pourront toujours se contenter d'admirer les images magnifiques et d'apprécier la performance technique du film. 1h20, c'est suffisamment court pour encaisser la balade.

Planète hurlante
6.2
27.

Planète hurlante (1995)

Screamers

1 h 48 min. Sortie : 10 juillet 1996 (France). Action, Aventure, Épouvante-Horreur

Film de Christian Duguay

Scaar_Alexander a mis 6/10.

Annotation :

Quand un film n'a pas la prétention d'un chef-d'oeuvre terminal (comme l'Interstellar de Nolan), mais de "simplement" divertir le public du samedi soir (enfin, pas si simple que ça non plus !), il faut le juger en tant que tel. Screamers a beau être un film de SF assez mineur réalisé par un faiseur hollywoodien relativement compétent mais destiné à l'anonymat (il fera le mauvais Art de la guerre avec Wesley Snipes quelques années plus tard, puis, euh... de la télé), il n'en est pas moins un divertissement très correct. Il n'a pas l'originalité et la personnalité qui fait le succès d'un Pitch Black, mais l'efficacité d'une série b qui compense son manque de moyens par un script solide, une mise en scène débrouillarde, et des performances de qualité (en l'occurrence, celle excellente du charismatique Peter Weller). Par ailleurs, en parvenant à reconstituer efficacement les créatures originales, hurleurs aux scies circulaires se retournant contre l'Homme, Screamers s'est assuré l'appréciation du public fan de SF (échec au BO, il deviendra culte par la suite). Et puis, dans le champ des adaptations de Philip K. Dick, toutes mineurs à l'exception de Blade Runner, Total Recall et Minority Report, on tient sans doute la meilleure pousse. Ne crachons pas dans la souplette.

Lone Star
6.9
28.

Lone Star (1996)

2 h 15 min. Sortie : 18 septembre 1996 (France). Western, Thriller

Film de John Sayles

Scaar_Alexander a mis 6/10.

Annotation :

Pas un grand souvenir de ce film, vu au lycée, attendu comme une grande update du western à cause des critiques élogieuses, et vécu comme 140 minutes de drama plus occupé à réfléchir qu'à se bouger, et d'action inexistante (on n'en demandait pas beaucoup, pourtant, même à l'époque). En gros, le spectacle m'avait autant fasciné qu'un documentaire sur une fabrique d'allumettes du Gers. On me répondra que je devrais lui donner une seconde chance. Peut-être. Mais je ne serais pas étonné d'y voir un There will be blood avant l'heure, film suffisamment classique dans son aspiration et ses inspirations, chiadé esthétiquement et lent de préférence, pour titiller le fantasme du cinéphile en quête de nouveau classique instantané. Enfin, pour McConaughey avant sa traversée du désert, maybe...

Jumanji
6.7
29.

Jumanji (1995)

1 h 44 min. Sortie : 14 février 1996 (France). Aventure, Fantastique

Film de Joe Johnston

Scaar_Alexander a mis 6/10.

Annotation :

Jumanji, ou le divertissement familial hollywoodien dans ce qu'il a de meilleur. Bon, peut-être pas meilleur meilleur puisqu'il n'est pas du niveau d'un Goonies, mais quand même sacrément bien fichu. Peut-être parce qu'il est un des meilleurs exemples de cinéma sous perfusion spielberguienne : Jumanji ne se contente pas d'être un des premiers (sinon LE ?) films à exploiter les mêmes techniques d'effets spéciaux numériques que Jurassic Park ; sa capacité à associer une certaine gravité (à travers la mort des parents des deux gamins - figures assez spielberguiennes, et les 26 ans en solitaire du héros) à son sens du délire gamin, son rythme, la bande-originale de Horner ont un furieux parfum d'années 80, deuxième grande époque du film d'aventure. Dans ce grand bazar ludique, (le regretté) Robin Williams ne fait même pas son Robin Williams, trop occupé à survivre, comme tous les autres acteurs et personnages ainsi que les spectateurs... Face à ce modèle de savoir-faire en matière d'entertainment, fun de bout en bout, ludique, très bien rythmé, et garni d'acteurs qui jouent tous le jeu en tirant les pires grimaces possibles, et considérant l'année, on passera sur la qualité très inégale des effets spéciaux, allant de l'excellent (les rhinocéros/éléphants, le lion) au franchement hideux (les singes, les moustiques). La réalisation de Joe Johnston emballe le tout. Notons que ce dernier réalisera, cinq ans plus tard, Jurassic Parc 3...

Mes Doubles, ma femme et moi
6
30.

Mes Doubles, ma femme et moi (1996)

Multiplicity

1 h 50 min. Sortie : 11 septembre 1996 (France). Comédie

Film de Harold Ramis

Scaar_Alexander a mis 6/10.

Annotation :

J'aime les pizzas. Fais-moi une pizza. *se met à lécher la pizza* Ne pas s'attendre à un chef-d'oeuvre du cinéma comique américain, malgré la présence à la réalisation d'Harold Ramis, fraîchement auréolé de son génial Jour sans fin. De toute façon, l'affiche et le titre français l'empêchent sans mal. Le voir comme un délire potache en forme de Keaton show, aussi subtil qu'une émission de Sébastien (on a le clone viril, le clone efféminé, et le clone débile...), mais très sympathique malgré tout, et agrémenté ci et là d'excellentes idées (l'employé parfaitement incapable, le coup susmentionné des pizzas). Et même quand on n'est pas fan de McDowell, elle fait ici un joli couple avec Keaton. Bref, c'est frais.

Liste vue 766 fois