Enthousiaste, je l’étais certainement à l'idée de poser mes mains sur la suite de The Surge premier du nom. Si vous ne le savez pas encore, j'ai beaucoup défendu ce dernier et je vous invite à lire ma critique du premier épisode pour comprendre pourquoi The Surge reste encore aujourd'hui une œuvre pertinente pour tout amateur de la fameuse formule des Souls like. Celle-ci pourra servir aussi de complément sur quelques points identiques entre les deux épisodes et dont je ne traiterai qu’en partie ici.

Ce premier épisode posait des bases solides en prenant le genre à contre-pied sur de nombreux aspects et surtout avec originalité. On était donc en droit de s'attendre à une suite qui gommerait les défauts de l’aîné tout en perpétuant ses qualités, ce n'est malheureusement pas toujours le cas.


The Surge 2 commençait pourtant de la bonne manière, avec une introduction plutôt efficace. Lâché aux commandes d’un personnage personnalisable et donc anonyme, à l'opposé du 1 et son “héros” unique avec une place prédominante dans la narration, on doit rapidement prendre la mesure de nos capacités dans ce qui s’apparente à une évasion de prison déguisée en tutoriel.

Tout comme dans le premier, cette longue introduction s’effectue naturellement et sans coupures, avec quelques indications et conseils affichés de manière diégétique sur les décors.


Une fois sortis de cette prison, nous sommes abandonnés à notre sort dans Jericho City, le vrai départ, une ville qui semble à moitié abandonnée et contrôlée militairement.

À notre arrivée, on comprend rapidement que les développeurs ont une fois de plus concentré leurs efforts sur un level design qui se devait d'être aussi réussi que son prédécesseur.

La formule présentée est néanmoins légèrement différente du premier. Dans ce dernier, le monde était délimité en de grandes zones (au nombre de 6) reliées entre elles via un métro. La manière dont Deck13 avait construit chaque biome et pensé l’interconnexion entre eux était exemplaire, proche de la référence du genre qu’est Dark Souls avec une inspiration du Prey d’Arkane Studio.

The Surge 2 est quant à lui plus ramassé, l'ensemble du monde étant accessible à pied. Cependant, car il y a un mais, la ville est parsemée de temps de chargement via quelques portes ou ascenseurs et c’est bien plus flagrant et gênant que dans The Surge 1. Certes, celui-ci n'avait pas la prétention de créer un seul et même monde pour l’ensemble de l’aventure, mais chaque biome pris indépendamment était particulièrement vaste et la connexion du métro entre ces mêmes zones était faite de manière logique et surtout naturelle.

Dans The Surge 2, le fait que l’on est droit à des écrans noirs à de multiples moments, coupe légèrement l’immersion et l’effet “wow” que l’on pouvait ressentir à la découverte d’un raccourci dans le premier. D’autant qu’il m’est arrivé de ne trouver aucune logique à la connexion de certaines zones dans The Surge 2, avec un léger sentiment de “téléportation” par instant.

À la lecture de quelques avis sur la toile, on est nombreux à avoir préféré le choix de la première itération de la série, sans que The Surge 2 soit mauvais, il semble que celui-ci ne fasse pas consensus. C’est un sentiment difficile à exprimer et à mettre à l'écrit, mais de mon côté, je n’ai pas de doutes quant à la supériorité du 1 sur cette facette du jeu. Je trouvais celui-ci plus organique, avec une vraie dimension dans l’espace palpable, qui est globalement confuse dans ce deuxième épisode.


J'aurais amplement pardonné cela si la direction artistique avait apporté plus de variété, un point à améliorer dans le 1, mais malheureusement il n’en est rien. Deck13 n’a pas réellement effectué de vrai pas en avant. Si The Surge 1 n’avait peut-être pas pour lui la richesse des From Software, seulement, il possédait une présentation tout à fait singulière. Prenant place dans un énorme complexe industriel aux thématiques SF que les Souls like ont très peu exploité, et ce, encore aujourd'hui.

Cette suite se contente de reprendre l'ADN de son prédécesseur sans vraiment faire de grands efforts, se contentant du minimum syndical, et même de recyclage à de nombreuses étapes de l’aventure.

Au final, on se retrouve avec des zones plus petites et visuellement moins marquantes, ce qui me fait dire qu’on à réellement effectué un pas en arrière sur ces deux points. Le DLC “Kraken” est un bon exemple de ce qui manque au jeu et c’est certainement une zone qui aurait dû être intégrée d'entrée pour éviter une deuxième moitié de parcours qui voit le joueur traverser le monde une seconde fois et ce quasi à l’identique.


On notera aussi des choix d'éclairages peu pertinents, qui demandent au joueur d’activer sa lampe torche régulièrement. Ce qui était utilisé avec parcimonie dans le premier devient fatigant cette fois-ci, on est dans The Surge pas Amnesia. J’en profite pour parler de la technique rapidement qui s’avère sur PC très proche de The Surge 1, sans de grandes améliorations celle-ci reste efficace, mais ne vous attendez à aucune claque particulière.


Autre point bien plus gênant, le scénario. Entendons-nous bien, The Surge 1 n’était certainement pas un cador de l’écriture, mais que cela soit via son introduction audacieuse (personnage handicapé) ou l'évolution tout au long de l’histoire du protagoniste Warren, il y avait sans doute matière pour chacun des joueurs de trouver quelque chose à en retirer. La dernière partie du jeu proposait son lot de surprises et la conclusion piochait intelligemment dans de nombreuses références SF, en somme en tant que fan du genre, j’étais comblé.

Cette fois-ci, si le début suit une voie plus ou moins similaire au premier, cela s’étire dans tous les sens pour devenir, premièrement assez confus, mais surtout moins engageant que l'histoire précédente. Elle se voit d'ailleurs être connectée à cette suite de manière maladroite, je dirai même légèrement tirée par les cheveux. On ne comprend pas grand-chose et tout semble prétexte à simplement donner du grain à moudre au joueur.

Ce n'est pas là tripoté d’audiolog posés au sol, qu’on entendra à moitié durant un combat, qui viendront sauver notre compréhension.

Bref, je n’ai pas retrouvé l’intensité et la montée en puissance de The Surge 1 qui tenait en haleine le joueur jusqu'à la révélation finale, qui ne fait pas beaucoup d’effet ici.


Néanmoins, The Surge 2 n’est pas seulement stagnation ou régression et possède naturellement quelques points qui ont bénéficié de progrès.

Le gameplay est notamment bien plus riche et nerveux avec une générosité en armes et personnalisation des armures que n'avait pas le premier. La formule est identique et fonctionne toujours avec ce système de démembrement via le ciblage des parties de corps des PNJ à affronter et la gestion du niveau d’énergie de notre exosquelette. Un niveau qui influence les accessoires pouvant être équipés ainsi que le type d’armure que l’on souhaitera porter.

Comme précédemment, éliminer les ennemis de la plus simple des façons, c’est souvent se passer de ressources en tous genres essentiels.

En gardant à l'esprit cette balance risque-récompense et en fonction des parties du corps, on pourra évoluer plus ou moins facilement. The Surge 2 procure toujours ce moment jouissif en fin de combat quand on a réussi à récupérer une pièce d’armure ou d'arme bien ciblée, en particulier sur les boss.


D’ailleurs, combats auxquels j’ai longuement réfléchi concernant la difficulté. J’ai du mal à me prononcer et savoir si le jeu est vraiment plus simple, de même que si c’est un point négatif ou positif. J’ai trouvé la première moitié plus ardue à première vue, mais j’ai malheureusement littéralement roulé sur la deuxième moitié du jeu, notamment le boss final qui ne m’a procuré aucun challenge alors que je venais tout juste de finir le DLC avec sa conclusion réussie et relevée.

Le premier The Surge avait lui aussi son lot de problèmes d'équilibrage mais je pense avoir trouvé ce dernier plus dur (de la bonne manière) et si les boss étaient moins nombreux, ils proposaient notamment vers la fin un vrai challenge et quelques moments épiques.

À noter que si j’ai fait le DLC dans The Surge 2 avant la fin, je n’avais aucun DLC dans les pattes sur The Surge 1 avant de me pointer devant le boss final, cela pourrait expliquer pourquoi l’équilibrage m’a paru moins réussi dans cette suite, simple supposition.


Au rang des nouveautés, on trouvera aussi de nombreux “hub”, lieux regroupant des survivants et marchands pour acheter objets et améliorations mais aussi trouver des PNJ proposant des quêtes annexes.

Ces dernières sont légèrement plus passionnantes que dans le premier et peuvent s’effectuer à n’importe quel moment de l’aventure sans se retrouver bloqué mais ne vont pas transcender votre plaisir de jeu.


Paradoxalement et malgré tout ce que j’ai évoqué plus haut, j’ai toujours l’envie de retourner sur le jeu et je suis même surpris de vouloir lancer un NG+, qui offre quelques surprises intéressantes, surtout durant l’introduction.

Mais en étant honnête la formule de The Surge à perdu des plumes en cours de route et si les quelques restantes sont plus belles qu’avant on reste vraiment sur notre faim avec cette fausse suite.

J’ai donc eu beaucoup du mal à me décider sur la note finale sachant que l’on a plus l’impression d'être face à une relecture du premier épisode qu’une vraie suite aboutie. Globalement j’ai pris beaucoup de plaisir à parcourir Jericho City et ce même si l’histoire est clairement moins passionnante. Mettre la même note que le premier serait quelque peu se mentir à soi-même je pars donc sur un bon 6 juste en dessous du 7 du premier qu’il le méritait amplement.


Deck13 font certainement de leurs mieux avec les moyens engagés par Focus, mais je regrette quand-même que la série n'ait pas trouvé son public à la hauteur de son originalité. Certes elle n’est pas parfaite, mais c’est certainement une duologie qui mérite l’attention des joueurs, d’autant que celle-ci est bien plus accessible que les Souls et la difficulté ne peut pas être érigée en joker pour s’en passer.

Si vous avez encore des doutes n’hésitez pas à lire ma critique du premier et vous plonger dans celui-ci, d’autant qu’il se trouve pour une bouchée de pain un peu partout.


Sajuuk
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs jeux vidéo de 2019, Les meilleurs level design de jeux vidéo et Journal JV Edition 2023

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le 27 déc. 2023

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