Je vis Zelda, je respire Zelda, je vibre Zelda... The Legend of Zelda est ma licence favorite, et de très loin. Alors s'il y a bien un jeu sur lequel je me devais de faire une critique, c'est Breath of the Wild, le dernier opus de la licence, excellement bien accueilli par la majorité des joueurs. Il suffit de voir sa note sur le site : 8,8. Si ça c'est pas une note. Pour certains, il s'agit même du meilleur jeu de tous les temps. Mais pour d'autres, c'est assez différent... Et personnellement, j'avoue m'être retrouvé le cul entre deux chaises. Car si ce jeu bourré de qualités est indéniablement réussi en tant que jeu, c'est cependant un très mauvais Zelda à mon goût. J'irai même plus loin : Breath of the Wild a ébranlé l'identité de la licence, et elle aura du mal à s'en remettre.

Commençons d'abord par le jeu en lui-même, car avant de dire pourquoi il m'a déçu et pourquoi il fait un peu tâche dans la licence, je me dois de reconnaître ses qualités. Breath of the Wild est un bon jeu vidéo. C'est même un très bon jeu vidéo, doté notamment d'une direction artistique géniale. Le choix des couleurs est excellent, c'est beau, c'est aussi très bon graphiquement, et le jeu offre selon moi une vraie leçon de cel-shading. La bande-son est également très bonne, et malgré quelques points négatifs sur lesquels je vais revenir plus tard, elle est très bien pensée : la quasi absence de musiques d'ambiance se marie parfaitement avec l'amnésie de Link, qui après un sommeil de plus de 100 ans, ne se souvient plus de rien (c'est d'ailleurs le scénario du jeu : Link part à la recherche de ses souvenirs, mais surtout de Zelda, qui l'a attendu tout ce temps). Ajoutons à cela une super jouabilité et une durée de vie conséquente, entre autres, et nous pouvons affirmer que Breath of the Wild n'est clairement pas un mauvais jeu, loin de là. Bien au contraire. Et ce serait un mensonge si je vous disais que je n'ai pas pris de plaisir à y jouer.

Cependant, le jeu a quelques défauts sur lesquels je suis obligé de m'arrêter. Je ne vais pas parler du scénario, que je trouve personnellement moyen mais qui reste potable. Parlons plutôt des armes, par exemple : Breath of the Wild instaure un système d'armes, nous permettant d'en avoir plusieurs et de toutes sortes. Le problème, c'est que ces armes ne sont pas éternelles : elles se cassent après un certain temps d'utilisation. En plus de pourrir l'expérience de jeu (en tout cas personnellement, j'ai trouvé cela insupportable), c'est aussi parfois complètement stupide, comme lorsque l'arme ancestrale (transmise de génération en génération) que vous a offert un personnage important se brise après avoir frappé trois pauvres Moblins. La jauge d'endurance, elle aussi, défie toute logique : Link est capable d'escalader à mains nues d'immenses falaises sans se fatiguer, mais peine à sprinter plus de cinq secondes. On peut également parler de l'openworld. Celui dont tout le monde parle, celui que les joueurs adulent. Certes, il est vaste, il est beau, il donne envie de s'y aventurer... Mais il est d'un vide intersidéral. Et il faut bien s'en rendre compte pour comprendre qu'aussi bon soit-il, Breath of the Wild n'est pas une référence en termes d'openworld, et souffre beaucoup de la comparaison avec un Skyrim, par exemple, qui propose un monde plus petit, mais tellement plus rempli, plus riche et plus intéressant.

Enfin des défauts, j'imagine que tous les jeux en ont. Le vrai problème que j'ai avec Breath of the Wild, comme je le dis plus haut, c'est le (gros) coup de pied aux fesses qu'il a infligé à l'identité de la licence à laquelle il prétend appartenir. Pour le formuler autrement, je dirais même que cet opus a brisé les codes de The Legend of Zelda. Je viens par exemple d'évoquer l'openworld. C'est l'élément qui a le plus marqué et séduit les joueurs, pour sa grandeur et sa beauté. Je peux comprendre que cela plaise, mais ce n'est pas du Zelda. Jusqu'ici, tous les jeux de la licence se voulaient linéaires. Impossible d'aller du point A au point C sans être passé par le point B. Impossible, par exemple, de se pointer devant Ganon en n'ayant pas mis les pieds dans le moindre sanctuaire. Certains estiment que la licence avait besoin d'un vent de fraîcheur, et que cette nouveauté était nécessaire, mais je ne suis pas de cet avis. La linéarité proposée par The Legend of Zelda a toujours bien fonctionné, elle est même devenue l'un de ses éléments clés. Elle n'a absolument pas vieilli et il n'était pas nécessaire de tirer un trait dessus. Et pour parler d'un élément encore plus important chez Zelda, le plus important peut-être, évoquons les donjons. Lorsqu'on me parle de The Legend of Zelda, je pense aux donjons. Je pense au Temple de la Forêt d'Ocarina of Time, à la Forteresse de Pierre de Majora's Mask, à la Tour du Jugement de Twilight Princess... Les donjons sont le point d'orgue des jeux Zelda, leur plus grande qualité. Ils ont fait leur charme et leur renommée. Mais dans Breath of the Wild, ils sont anecdotiques, pour ne pas dire inexistants. Fini l'archétype bien défini du donjon Zelda (petites clés, clés de boss, mini-boss, cartes, boussoles...). On passe désormais aux "Bêtes Divines", d'immenses titans directement pompés de Shadow of the Colossus, mais avec des salles à l'intérieur, dont l'accès n'est possible qu'en activant des unités de contrôle. Les développeurs ont visiblement voulu innover, une fois de plus, en proposant des "donjons" très différents. Mais trop d'innovation tue l'innovation. En tant que fan de la série, j'ai été dépité par cette absence de vrais donjons, et j'en suis fortement resté sur ma faim. D'autant que ces Bêtes ne changent absolument pas l'une par rapport à l'autre, avec des boss complètement identiques. J'ai aussi été très déçu de l'absence des objets de donjons (grappin, boomerang, masse...), pourtant caractéristiques de la licence, et de l'absence de musiques marquantes, car malgré les qualités de la bande-son évoquées au début de la critique, il faut rappeler que The Legend of Zelda est aussi et surtout une licence qui s'est toujours démarquée musicalement en offrant régulièrement des thèmes inoubliables qu'aucun fan ne pourrait effacer de sa mémoire. D'ailleurs, dans la plupart des jeux Zelda, Link est guidé par la musique, et doit utiliser divers instruments pour avancer... Mais rien de tout ça dans Breath of the Wild.

J'ai donc été déçu par cet opus, et je m'attendais clairement à mieux. Malgré toutes les qualités évidentes qu'il possède, il a manqué de beaucoup de choses. J'ai tendance à dire que Breath of the Wild est un très bon jeu, mais un très mauvais Zelda, et je trouve que cela résume parfaitement les choses. Le souci, c'est que le jeu a très bien été accueilli, et c'est pour moi assez alarmant : si le jeu a autant plu malgré tous ces changements, pourquoi ne pas faire de même lors du prochain opus ? Pourquoi rajouter de vrais donjons, si les Bêtes Divines ont plu ? Pourquoi redonner accès aux objets de quête, si les modules ont plu ? Pourquoi refaire un Zelda linéaire, si l'openworld a plu ? The Legend of Zelda a trouvé une nouvelle recette, et je ne suis pas certain qu'elle réutilise un jour l'ancienne. Cette série mythique est malheureusement en train de se banaliser pour ressembler à des jeux vidéos modernes sur des points où ces derniers la surclassent totalement, au grand désarroi d'une très grande partie de ses fans qui voient l'identité de leur licence adorée s'effacer peu à peu...

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le 13 mars 2023

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Raymus

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