J’ai erré en quête de sens. J’ai cherché, longuement, pour parvenir à retrouver des poussières de moi ; de mes moi, de qui j’ai été, de ce que j’ai fait, de mes crimes et de mes rêves.


J’ai voyagé en compagnie d’un crâne flottant à l’humour ravageur, et d’une jolie tieffeline aggressive et attachante. J’ai côtoyé un sinistre homme qui prétend accomplir un devoir de justice et n’est pour moi qu’un tueur sans état d’âme – mais je suppose que je suis mal placé pour émettre un avis. J’ai rencontré cet homme étrange qui se prétend lié à moi et dont la philosophie de vie m’intrigue tant. J’ai voyagé avec eux et ils m’ont suivi jusqu’au bout du monde, jusqu’au bout des plans, par-delà la vie, la mort, et tout ce qu’aucun mortel aura jamais vu.


J’ai rencontré une allée prête à accoucher, et je l'ai aidée. J’ai parlé avec des morts-vivants cultivés. J’ai fui des pièges innombrables, j’ai visité des villes et des plans indescriptibles et j’ai laissé une vieille femme m’arracher mes propres tripes pour en retirer des informations.


J’ai couru après mes souvenirs, j’ai croisé des Hommes-Poussières qui croient que la mort est tout, j’ai découvert que j’avais été un hédoniste dans une autre vie et j’ai appris avec horreur les crimes sans nom que j’avais commis.


J’ai retrouvé un dodécaèdre contenant une part de mes souvenirs. J’ai croisé un ange déchu, pactisé avec des démons, négocié avec des bandits, rendu sa voix à une prostituée, et discuté avec un pilier de crânes qui voulait aspirer ma vie en échange de réponses à mes questions.


J’ai combattu, j’ai réappris l’art de la magie et abandonné celui du guerrier que je croyais être le mien. J’ai parcouru mon propre tombeau et fait une terrible promesse à un fantôme. Je me suis réveillé à la Morgue, au commencement de tout, au commencement de ce voyage en quête de sens, de vie, en quête de moi. J’ai vécu ce que jamais nul n’avait vécu, j’ai des souvenirs gravés en moi pour toujours, et j’ai connu la fin la plus marquante que puisse vivre un être vivant. J’ai été immortel et j’ai pris des décisions terribles, fait des choix cornéliens en mon âme et conscience, si tant est qu’il m’en soit resté une. J’ai vécu. J’ai ri aussi, partagé des émotions avec mes compagnons, tenté de me racheter, tenté de me chercher.


J’ai tenté de trouver la réponse à cette lancinante question : Qu’est-ce qui peut changer la nature d’un homme ?


En somme, j’ai joué à Planescape : Torment. C’était il y a deux ans et si les souvenirs s’estompent, le sentiment, lui, reste toujours aussi puissant. Je n’ai jamais connu un tel jeu, et il dépasse en tous points ce que j’ai pu vivre partout ailleurs, et les dieux savent pourtant que j’ai connu de grands RPG. Sigil, je te parcours encore en rêve. Qui sait qui je serai à mon prochain voyage ?


J'en profite pour ajouter que ce jeu est vendu pour une somme ridicule sur GOG.com, dans une version parfaitement adaptée aux OS les plus récents ; et que vous trouverez un formidable guide pour vous aider à installer les meilleurs patchs ainsi qu'à avoir une traduction française corrigée et améliorée, ici même http://mirandir.baldursgateworld.fr/pst-guide-installation/

Kabouka
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le 10 oct. 2015

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Kabouka

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