Prendre 300, Le Choc des Titans, Platoon, Mortal Kombat, l'Odysée d'Homère et Streets Of Rage, les donner à des développeurs talentueux qui maîtrisent bien leur bécane... et dégustez l'un des chefs d'œuvre vidéoludiques les plus aboutis de ces dernières années.
God of War c'est un extraordinaire défouloir, d'une violence crue et bestiale, celle d'une Spartiate qui, dupé par ces satanés Dieux Grecs, veut renverser l'Olympe. De l'Athènes en guerre aux trou du cul des enfers, de la Boïte de Pandore située sur le dos d'un Titan au palais de Zeus... c'est toute la mythologie hellénique, revisitée façon rock'n roll et hémoglobine, qui défile sous les lames du héros. La mise en scène est extraordinaire, servie par des jeux de lumière époustouflants, un level-design à couper le souffle et une bande-son inoubliable, tantôt épique tantôt feutrée. C'est elle qui dicte le rythme, lui aussi impeccable. Les moments de bravoure et les massacres sauvages s'enchaînement avec un naturel déconcertant, tout comme chaque moment de furie peut suivre une instant paisible et calme, par exemple à lorsque l'on pénètre une résidence marbrée appartenant à quelque Divinité... Le silence et la classe des lieux contrastent à merveille avec le chaos le plus pénible, puisqu'inexorablement, tout se terminera dans une marre de sang et sous une montagne de cadavre. Ces moments épiques sont généralement ponctués d'affrontements contre des Boss, souvent gigantesques, qu'il faudra démembrer, tel ce Cyclope à qui l'on arrachera bestialement –mais avec classe !- son œil. Imparable.
Tous ces efforts de présentation auraient été vains sans un plaisir de jeu à la hauteur de ce que propose la mise en scène. Et de ce côté là aussi, le joueur sera servi puisque God of War a tout simplement réinventé le genre, si bien qu'aujourd'hui il est devenu le référentiel absolu en terme de Beat them all. Certains titres ont beau proposer plus de profondeur en terme de gameplay, peu de jeux offrent une telle expérience. Le sentiment de puissance, la brutalité et l'abondance d'ennemis à abattre poussent sans cesse le jeu dans des excès de folie fascinants. Provoquer le chaos, utiliser des pouvoirs sans cesse plus dévastateurs et multiplier les hits-combos à coup de lames, de masse et d'épée n'a pas d'égal quand on cherche juste à se défouler. Mais le jeu ne se résume pas à couper des têtes de cerbère et dépecer des gorgones, puisque de nombreuses phases de plate-forme et de puzzle, savamment inspirés des mythes Grecs, viennent ponctuer la mécanique générale du jeu. Aussi, le scénario, bien qu'un peu prévisible par moment, se laisse suivre avec grand plaisir.
Puisqu'à mes yeux les deux premiers opus sont de loin meilleurs que le troisième, God of War Collection est donc indispensable pour ceux qui auraient ratés le début de la trilogie. Moins marquant visuellement, puisque développés sur Ps2, ils n'en restent pas moins plus riches, plus denses et plus originaux. Vu son petit prix, inutile d'hésiter.