Factorio
8.4
Factorio

Jeu de Wube Software LTD. (2020PC)

Les antibiotiques, c'est pas automatique. Pour tout le reste, il y a Factorio.

Il est proprement scandaleux que je n'aie encore jamais crié ici mon amour pour Factorio, surtout quand je vois le peu de notes et de critiques sur cet excellent jeu, injustement méconnu donc.


Au fil du temps, j'ai suivi quelques titres en Early Access (Steam ou non d'ailleurs), mais Factorio reste pour moi une référence absolue, faisant presque figure d'exception, que ce soit en termes de rapport qualité/quantité/prix, suivi de l'équipe de développement, ajout gratuit de fonctionnalités, et richesse. En outre, je le prends systématiquement en exemple quand il s'agit de parler d'un point essentiel : on sent que les développeurs JOUENT à leur jeu.
C'est un truc tout bête, mais cela résulte en cette impression que quasiment chaque ajout, modification, correction va dans le bon sens, que l'ensemble découle non seulement de leur expérience personnelle mais aussi, et c'est tout sauf négligeable, d'une prise en compte impressionnante des retours de la communauté. On a le sentiment qu'ils lisent ce qui se dit sur leurs forums, et surtout qu'ils l'intègrent quand c'est pertinent.


Bref, ça c'est pour la partie disons plutôt logistique, commerciale. Maintenant l'expérience de jeu.
Pour pitcher rapidement : suite à une avarie, votre vaisseau est tombé en carafe, et votre capsule de survie s'est écrasée sur une planète inconnue, visiblement habitée.
Votre but, évidemment : en repartir le plus vite possible, vivant si possible.


Pour ce faire, vous avez grosso-modo votre b*** et votre couteau. Et encore. Plus sérieusement, on commence la partie très démuni, avec quelques plaques de fer, un extracteur de minerai et un fourneau... Oui, le personnage se promène avec un poids assez conséquent sur lui, on se retrouvera avec des raffineries de pétrole, des locomotives, des centaines de plaques de métal dans la poche. Il faut accepter cette petite entorse aux lois de la physique pour apprécier pleinement le jeu.
Partant de ce maigre butin de départ, il va falloir faire fructifier votre capital technologique, et mettre sur pied une industrie complète afin de parvenir au but ultime : construire une fusée spatiale et l'équiper d'un satellite émetteur, afin de faire connaître votre position jusqu'à votre monde d'origine.
Un prétexte visant uniquement à justifier un jeu dont le gameplay pourrait presque se résumer à un seul mot : automatisation.


Dans les premières minutes, vous allez poser votre extracteur de minerai et votre four, afin d'accumuler du minerai de fer brut, et le transformer en plaques de fer. Vous allez également devoir couper du bois (la hache se révèle rapidement indispensable) pour assembler des coffres de stockage pour tous ces matériaux, pouvoir faire un second extracteur de minerai afin de récupérer du charbon (qui, dans un premier temps, est votre unique source d'énergie pour les extracteurs, fourneaux), vous tourner ensuite vers la production de cuivre, etc.
Durant tout ce temps, vous construisez manuellement tous vos outils et bâtiments (oui, là aussi, une abstraction à accepter). Mais va venir le temps de faire marcher un peu vos neurones, et mettre en place un petit réseau de recherche. Ce dernier va permettre de découvrir des technologies visant à faciliter la mise en place de vos usines. Des lignes d'assemblage vont produire les plaques de métal à la chaîne, avec des unités de production et des tapis roulants dans tous les sens.
On peut alors opter pour le freestyle "spaghetti" (des tapis qui se croisent et se recroisent jusqu'à ne plus savoir lequel va où, avec une extrême densité de bâtiments) ou bien encore au contraire pour un schéma très structuré, en séparant différentes zones de production bien aérées, reliées par de longues lignes droites de tapis roulants, puis éventuellement par la suite, des trains de marchandises ou, plus loin encore, une armée de robots qui va soit construire les bâtiments à votre place, soit transporter du matériel sur tout votre site, avant de bien entendu développer une conscience propre, prendre le contrôle de la planète et annihiler toute vie... mais ceci est une autre histoire.
Votre plan d'occupation des sols se modèlera donc selon vos aspirations, vos compétences d'architecte et votre patience.


Tout ceci est bien bel et bon, mais l'écologie dans tout cela ? Vos manœuvres, pourtant fort bien attentionnées (sauver votre peau), génèrent quelque activité inhabituelle en ces lieux d'ordinaire paisibles, et accessoirement une abondante pollution (qui augmente avec votre développement technologique, comme de juste). Les autochtones vont rapidement le prendre assez mal, et inévitablement décider que d'accord, les aliens c'est bien gentil (eh oui, ici c'est vous l'alien), mais on est quand même bien chez soi, et que ça serait pas dommage de faire disparaître le fauteur de troubles, tout en ravageant au passage ses vilaines machines qui font du bruit et de la fumée.
Si vous persistez dans l'idée que vivre c'est plutôt cool, il va donc falloir consacrer une partie de votre temps et de vos ressources à organiser une défense solide, manu militari comme il se doit.
Murailles, tourelles ballistiques puis laser (oui, assez rapidement il devient intéressant d'abandonner le charbon et d'apprivoiser la fée électricité), robots de combat, char d'assaut, lance-flammes, tout un arsenal à votre disposition pour massacr... Enfin je veux dire pour assurer votre légitime défense.
À noter toutefois que, pour les plus pacifistes, le jeu dispose d'un mode où les aliens observent patiemment votre manège, sans jamais initier d'attaque. Vous conservez, pour votre part, la possibilité d'engager les hostilités, mais ce n'est pas votre genre n'est-ce pas ?


D'un point de vue accessibilité, le jeu est certes quelque peu aride. Il existe des scénarios d'initiation qui font office de tutoriaux, où vous devez en gros compléter des installations déjà existantes, pour vous familiariser avec les différents mécanismes et la logique interne du jeu, mais leur difficulté n'est pas toujours bien dosée, et cela ne doit surtout pas vous empêcher d'aller chercher des infos en ligne, condition souvent indispensable à bien comprendre les mécaniques.
À savoir que ce "mode campagne" est actuellement et sera encore revisité d'ici la sortie définitive du jeu, afin d'améliorer la prise en main par de nouveaux joueurs.


Le gros du titre réside évidemment dans la partie sandbox. Vous commencez sur une carte vierge (générée aléatoirement, avec des éléments paramétrables), et vous fixez vos propres règles et objectifs.
Je le classerais plutôt dans la catégorie des "serious games". J'y trouve personnellement beaucoup de fun mais, comme le souligne ma chérie, de l'extérieur il peut paraître assez dingue de jouer à un truc qui oblige à tout calculer et planifier, quand je suis aussi peu organisé dans la vraie vie. Oui, elle est taquine.


Graphiquement c'est relativement laid, il faut l'admettre. Même si, dans le cycle actuel de développement (version 0.15.30 à l'heure où j'écris ces lignes) et jusqu'à la version finale prévue pour la fin de l'année (il y aura une 0.16 qui deviendra ensuite 1.0 avec la fin de l'Early Access), ils s'attachent à passer toutes les textures en HD.
Cela reste toutefois un jeu en vue de dessus où le pixel est roi, ce qui est de toute façon une nécessité car plus le jeu avance, plus il va devenir succeptible de mettre à genoux les meilleures configurations. Quand vous avez des kilomètres de tapis, des dizaines de trains automatisés, des centaines d'usines, des milliers de robots et qu'il faut calculer en temps réel le fonctionnement de tout cela, vous pouvez voir les UPS (unités de calcul par seconde) et FPS (images affichées par seconde) chuter drastiquement.


Si c'est votre trip, il faut foncer absolument. J'ai pour ma part acheté le jeu 15 euros avant son arrivée sur Steam, il est maintenant à 20 euros sur Steam en Early Access, et il n'est pas exclu qu'il augmente un peu avec la version finale.
Toujours est-il que Factorio reste mon champion toutes catégories en terme de rapport prix/temps, il y a toujours quelque chose à y faire.
Le système de trains à lui seul peut représenter une quantité d'heures incroyable, et à cela s'ajoute tout un système de réseaux logiques avec conditions qui permet de contrôler avec une précision infinie et sans intervention chaque aspect de votre usine.
Vous pouvez par exemple décider de faire stopper la production de telle zone lorsqu'une quantité donnée de tel produit est atteinte. Ou faire fonctionner vos trains à la demande, afin qu'ils ne se déplacent que quand une cargaison complète est disponible. Ou encore inventer des affichages visuels pour les jauges de vos cuves de pétrole.
Il y a même, depuis récemment, des haut-parleurs programmables. Certains fous ont été jusqu'à recréer des clips vidéos complets, image et son, entièrement dans le jeu.


Je n'ai fait qu'effleurer la richesse de Factorio. Il y a de l'énergie solaire, du nucléaire (tout récent), des ptites voitures pour se déplacer plus vite.
Si, pour ne citer que cela, vous étiez un adepte de la redstone dans Minecraft, Factorio peut exaucer vos rêves les plus fous en matière d'automatisation et de systèmes logiques.
Si vous aimez les jeux de gestion et l'optimisation, n'hésitez surtout pas. Vous allez passer des heures à chercher le bon ratio de production, des dizaines d'heures à trouver la meilleure disposition de vos usines pour maximiser le flux de produits et, bien entendu, à pester contre l'enchevêtrement insolubles de tuyaux dans la zone de pétrochimie.
C'est totalement dans la lignée des Civilization et autres Simcity / Cities Skylines : ce genre de jeu où à 23h18 vous vous dites "bon je termine juste ce petit truc-là", et 10 minutes plus tard votre moitié vient vous rappeler que vous travaillez demain et qu'il est déjà 3h42 quand même.


Et, last but not least : tout cela est multijoueurs ! Si vous avez un groupe de potes disponibles, l'expérience n'en sera que plus jouissive. Attention toutefois, comme dans Minecraft, il vaut mieux être sur la même longueur d'onde que vos camarades, faute de quoi vous vous exposez à quelques conflits sur la stratégie, le positionnement, voire à quelques actes de malveillance et autres discrets sabotages.
Quand votre usine aura pris des proportions gigantesques, il est frustrant de découvrir un peu par hasard et après plusieurs heures d'arrachage de cheveux que la pénurie de fer ou de pétrole qui paralyse votre avancée n'a d'autre origine que la disparition inexpliquée d'une portion de tapis roulants ou d'une section de pipeline...


Encore une fois, pour le prix demandé et la profondeur de jeu offerte, je vois mal comment on peut être déçu. Le seul reproche à adresser à Factorio, c'est que vous allez y passer des centaines d'heures.

SeigneurAo
10
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le 24 juil. 2017

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SeigneurAo

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