Diablo, ou Diablo 1, est un jeu sorti en 1997. Ayant eu pas mal de succès, il a bénéficié d’une extension, Hellfire, puis de deux suites qui connaîtront un succès de plus en plus en plus important.


A sa sortie Diablo était considéré comme un jeu de rôle d’action, et un hack and slash. Jeu de rôle est un genre qu’on assigne bien trop facilement aux jeux vidéos et la plupart n’en sont absolument pas. Diablo a certainement pris de nombreuses inspirations du côté des jeux de rôle, mais au niveau du « gameplay » ça n’en est pas un. Quand à hack’n slash, Diablo II a tellement redéfini le genre qu’il est difficile aujourd’hui de reconnaître le premier opus comme en étant un.


Dans Diablo le joueur incarne un personnage qui va aller se battre contre des hordes de monstres, morts-vivants et démons dans un donjon souterrain. Un élément important à considérer est la tension ressentie. Dans Diablo II ou Diablo III, il n’arrive pratiquement jamais qu’on se retrouve effrayé pour notre personnage face à la masse de monstres : plus il y en a, plus c’est amusant. Bien qu’il y en ai moins dans le premier jeu, ils sont bien plus dangereux, aussi on se retrouve à avancer avec précaution, et à faire demi-tour et fuir, enfin opérer une retraite stratégique, si on croise un groupe trop important.


Ça va de pair avec une ambiance très sombre dans le jeu. Le boss final, Diablo, est le démon de la terreur après tout, et ce premier jeu est le seul à bien faire ressentir ce point au joueur : l’ambiance est très gothique, les couleurs très sombres, la mort peut surgir très rapidement.


L’ambiance est vraiment un point fort de ce jeu. L’univers n’invente rien, ou quasiment, mais sa plus grosse originalité est de reprendre un moyen-âge très chrétien, à une époque où le médiéval-fantastique se définissait essentiellement en copiant sur Tolkien. Pas d’elfes, pas de nains, on est sur une imagerie très infernale ici. Et ça marche parfaitement. On se sent vraiment dans une apocalypse médiévale, en train de réaliser une descente aux enfers. Toute l’action se déroule dans la crypte d’une cathédrale, une cathédrale qui fait plus penser à une petite chapelle d’ailleurs, murs épais, fenêtres toutes petites, on est sur le haut moyen-âge, avant que les techniques de construction n’évoluent. On est tout de suite sur une ambiance mortuaire : murs et sol de pierre, de nombreux sarcophages, des tas d’ossements … après quatre niveaux on arrive sur des caves à l’aspect plus primitif : les pierres ne sont plus taillées mais entassées, les piliers de soutènement sont larges, il n’y a plus de décorations … quatre niveaux de plus dans ce style et on tombe sur des cavernes à l’aspect naturel, faites de roches, avec parfois de petites rivières de lave, et encore une fois après quatre niveaux on arrive aux enfers : de grandes pièces aux murs d’ossements qui flottent sur une mer de lave.


Bon les niveaux infernaux ne sont pas, à mon avis, les plus réussis. Mais le reste l’est tellement que ça passe. L’un des premier boss par exemple est le Boucher. Il nous accueille en criant « De la viande fraîche ! » et nous combat avec un hachoir géant. Son antre est plein de sang et de cadavres, dépecés ou en cours de dépeçage. C’est une rencontre qui marque !


Le côté religieux très poussé de Diablo l’éloigne des jeux de rôles classiques de l’époque, on pourrait tout de même le rapprocher de tout ce qui est Warhammer où l’aspect démoniaque est bien développé aussi. Mais en dehors de ça, Diablo a clairement été inspiré par les jeux de rôle. On a un petit village médiéval à la surface, avec un forgeron, et une sorcière, et toute l’action va donc se dérouler sous la surface, dans des souterrains. On franchit des portes, tue des monstres et récolte des trésors, c’est le scénario de jeu de rôle dans son expression la plus basique.


A la base, à la création de personnage il est possible de choisir entre trois classes : le guerrier, la « voyou » (une archère) et le sorcier. Alors que le jeu n’offre pas d’autre option qu’une forte dose de violence pour résoudre les problèmes, il est intéressant de constater qu’on retrouve les trois classes de base de Donjons et Dragons. Même l’archère est nommée rogue (traduction : voyou ?), le sous entendu en faisant donc une sorte de voleuse.


La distinction se fera donc par la manière d’appliquer la violence : le guerrier au corps à corps, l’archère à distance, et le sorcier avec plus de variété dans les moyens et en disposant de quelques trucs supplémentaires qui ne sont pas du domaine de la violence pure (soin, téléportation, identification des objets …).


Diablo est donc pour moi le jeu qui a récupéré ce trinôme issu du jeu de rôle et l’a transmis à tout un genre de jeux vidéos. Une des grandes réussites du jeu est d’avoir pris un type de jeu qui a priori n’était jouable que par une seule des trois classes (le guerrier) et d’avoir proposé trois façons différentes de le jouer pour offrir un plaisir de jeu équivalent mais varié aux trois.


Je n’irai pas chercher dans Diablo pour trouver un jeu d’infiltration intéressant, ni pour ses dialogues. Ce n’est pas un jeu de rôle, il s’en inspire uniquement d’un aspect mais il le fait très bien. Il n’est pas surprenant que les jeux de rôles se soient inspirés en retour des descendants de Diablo à travers la quatrième édition de Donjons et Dragons notamment qui envisageait les classes de personnage sous cet aspect.


Critique tirée de mon blog.

Mattchaos
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le 21 févr. 2021

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Mattchaos

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