Devil May Cry 5
7.4
Devil May Cry 5

Jeu de Capcom et Virtuos (2019PlayStation 4)

Après un DmC : Devil May Cry conspué par quelques fans, le retour de la série DMC se devait d’être impeccable. Le roi devait reprendre son trône trop longtemps laissé au fessier d’une sorcière se réclamant être la relève alors qu’elle était née du même père. Hideaki Itsuno et ses équipes sont donc en charge de montrer qui est le patron avant le retour, si des nouvelles viennent à jour à arriver, de Bayonetta 3.


Si le 1er trailer n’était pas le plus enthousiasmant, mettant en scène Nero dans un décor neurasthénique, rappelant DMC 2, et un Dante barbu, très vite les bandes annonces se sont empressées de montrer le juteux gameplay qu’on attendait tous de voir. Ces armes blanches qui charclent la chaire avant de laisser apparaître ce délicieux SSS… voilà c’est ça qu’on voulait depuis le début, des combos, de la classe sur du rock qui déboîte.


Et autant le dire tout de suite, c’est ce que DMC 5 réussit le mieux, un gameplay parfaitement calibré qui ne vous prendra absolument pas par la main. Après des passages obligatoires dans les menus pour voir les quelques coups disponibles, nous voilà partis dans un 1er niveau qui rappelle que la rouille s’installe aussi dans les doigts. Puis on reprend peu à peu le contrôle, un Nero qui frappe fort dans des combos qui respirent la violence, tout semble bien parti. Et à peine a-t-on le temps de se remettre en jambe avec l’épée gazoline que la grosse nouveauté de son gameplay apparaît : les bras.
Grosse nouveauté de cet opus ces bras, qui peuvent donner l’impression d’être des gimmicks à 1ère vue, vont en fait décupler les possibilités de gameplay de ce Laurent Wauquiez en devenir. Entre des impulsions, des rockets punch, – sur lesquels on peut faire du surf ce qui est le summum du cool – tous les bras finiront par trouver plusieurs utilités et permettront de préparer tranquillement l’arrivée de Dante dans l’arène. Mais c’est bien lors du 2ème run en difficile que Nero trouvera tout son potentiel grâce à l’arrivée de capacités donnant une nouvelle dimension au personnage. Peut-être les équipes avaient-elles peur que gérer 3 trucs en même temps n’était pas assez après tout.


Et puis il y a V, jeune recrue ténébreuse de la série et personnage assez conceptuel, il était intriguant, car semblait s’éloigner des standards. V marche à base d’invocations, qui rappelleront des souvenirs aux fans de la 1ère heure de la série, et il faut bien le dire : quel pied. Probablement le personnage le plus facile à prendre en main, V se la joue tacticien, restant bien à distance pendant que sa panthère et son griffon, un peu trop bavard, font le travail. La meilleure idée le concernant reste certainement ces finish poussant le joueur à venir dans la mêlée et à prendre des risques. V est une énorme réussite du titre, un personnage intelligemment construit dans sa palette de mouvements et diablement efficace. Il est peut-être à craindre pour les plus acharnés d’entre vous de lui trouver un plafond pas forcément hyper haut en termes de skill pur tant il semble se mettre moins en danger que les deux autres avec lesquels il partage l’affiche. Mais ce serait ne pas faire honneur à l’énorme soin apporté à un personnage assez ambitieux dans son gameplay et qui mérite beaucoup d’amour (et pas seulement parce que j’ai fait mes premiers triple S du jeu avec lui).


Pour finir, il y a celui qui vient clore le bal, le seul et l’unique Dante, celui pour lequel le jeu nous prépare depuis ses 1ères heures. Parce que le chasseur de démons reprend son gameplay si complexe de DMC 4 avec ses 4 styles interchangeables n’importe quand, toutes ses armes et ses combos disponibles… Autant dire que le reprendre en main n’est pas une sinécure. Mais les automatismes finissent par revenir, ce gunsliger après avoir ramené un ennemi au sol, ce trickster après un stinger, ce royalguard lors des combats plus tendus. Dante offre un véritable feu d’artifice en termes de gameplay, grâce à ses nombreuses armes toutes jouissives, et ne se laissera pas dompter si facilement. Les habitués y trouveront une profondeur folle avec des possibilités de combo incroyables (que je regarderai sur youtube parce que j’en suis foutrement incapable) et les nouveaux venus se mangeront probablement un mur avant de se dire que swordmaster fera l’affaire la plupart du temps et permettra de s’amuser avec toutes les armes disponibles.


Dans l’ensemble le gameplay de DMC 5 est la plus grosse réussite du jeu, et tant mieux on l’attendait sur ce point, reste encore ces esquives et sauts dont les frames d’invincibilités m’échappent, cette caméra trop proche la plupart du temps et qui fait nimp dans le décor une fois éloignée… Mais ces petits défauts et quelques anachronismes, - devoir appuyer encore sur 2 touches pour esquiver franchement – le jeu des équipes de Capcom est un précieux diamant qui ne demande qu’à être chéri. Car si le mode normal sert de tuto, c’est bien dans les difficultés supérieures que sa beauté éclatera vraiment aux yeux des plus combattants. Ma partie en mode difficile après avoir bien assimilé les personnages m’a permis de m’éclater à fond avant de me prendre l’inévitable mur en mode DMD que je n’ai réussi à passer que dans DMC 3, quand j’avais encore le temps de passer 50h sur un jeu qui se termine en 10.


Et c’est bien la musique qui vient complimenter le gameplay du jeu. La musique des combats s’adapte en fonction du style dans lequel le joueur se trouve, venant souligner encore plus ses actions et rajouter du piment à cette partie enflammée. Ces thèmes de combats sont puissants, jouissifs et siéent à merveille à ce qu’on vit… en dehors du combat final où juste… je comprends pas. Heureusement le reste de la BO n’est pas en reste puisque les musiques d’ambiance font plutôt bien l’affaire mais se font voler la vedette par la musique du van de Nico, un petit jazz à la cool qui fait vraiment plaisir au milieu de ces membres arrachés dans le sang et la douleur.


Mais malheureusement le diamant que représente le gameplay de DMC 5 est présenté dans un écrin un peu vieillot et pas franchement reluisant. Tout d’abord parce que le jeu ne s’autorise aucune folie en termes de game-design, ne se laissant jamais aller à des changements de points de vue entre les personnages dans les missions, voire les combats, mais aussi parce que ça manque cruellement de mise en scène. Difficile après un Bayonetta 2, tant débridé à ce niveau-là, de revenir à un système d’arènes très classique. Si le combat dans le théâtre qui glisse dans les environs de la mission 8 m’a fait croire que le jeu allait se permettre des folies, la suite m’a bien vite refroidie. Car en dehors de boss très sympathiques dans les patterns et la mise en scène, la 2ème moitié du jeu se contente de nous resservir une soupe déjà froide. La structure ronflante et répétitive du jeu n’en est alors que plus visible, certaines missions vont se contenter de 4 arènes reliées par des trous au milieu et basta, tableau des scores, passons à la suite. Et c’est dommage de ne pas avoir davantage tiré parti de son parti-pris de 3 personnages. Car en dehors de missions rejouables avec des personnages différents, le jeu semble sombrer dans une énorme fainéantise une fois la 1ère moitié passée.


Et cela se ressent à plusieurs niveaux, tout d’abord dans son scénario qui ne raconte finalement pas grand-chose et le raconte même assez mal avec un 2ème acte qui traîne en longueur et des dialogues relativement insipides. Oui Dante reste classe mais il est entouré de Nero, qui cherche à balancer de la punchline sans que ces dernières ne prennent, et de V, cliché de l’ado ténébreux récitant des citations sur le mal de vivre durant la récré. En fait il faut considérer le scénario comme ce pote qui vous amène de force à une soirée après vous avoir un peu chauffé. Une fois les présentations faites il se barre pour que vous tentiez de nouer quelques liens, une fois la fête bien engagée il vient vous revoir pour vous demander comment ça se passe avant de se tirer à nouveau pour revenir à la fin complètement bourré en s’exclamant que c’était une super soirée sans avoir aperçu que vous étiez seul dans votre coin depuis quelques heures parce que c’était quand même un peu chiant. Car la plupart du temps le scénario du jeu sera aux abonnés absents, ne vous lâchant des bribes que çà et là. Pourtant il y avait des choses intéressantes à faire, le lore de la série est même étoffé et respecté comme il se doit, mais au final, le jeu rate le coche. Sans parler de ce final shonen hors de propos et trop deus ex machina pour satisfaire pleinement. Il manque clairement quelque chose au jeu, un méchant supplémentaire (jsp un grand démon qu’on aurait déjà affronté plusieurs fois et qui régnerait sur le monde démoniaque hein), ou encore un nouvel environnement pour venir compléter tout ça.


Et si le scénario patine, c’est aussi le cas des décors et de la DA. Le jeu va vous faire parcourir seulement 3 environnements : ville, égouts, arbre démoniaque mais heureusement vous aurez 2 swap colors de l’arbre démoniaque : un en rouge et un en bleu. Si la 1ère partie du jeu va nous faire alterner entre Nero et V dans cette ville puis ses égouts, la 2ème partie laisse tout tomber et se déroulera uniquement dans l’arbre. Et ce n’est pas la DA qui va venir rattraper ça, car en dehors de quelques superbes endroits, le jeu est relativement plat dans ses décors. Pourtant appuyé par un RE Engine franchement très propre, ce n’est que par le design de ses ennemis que le titre tire son épingle du jeu. Ces insectes visqueux absolument répugnants sont extrêmement bien designés même si leur nombre laisse un goût de pas assez dans le fond de la bouche.


« Pas assez » c’est peut-être la meilleure conclusion qu’on pourrait tirer du jeu… ou alors « trop ». Pas assez d’ennemis pour trop de décors qui se ressemblent, pas assez de folies pour des passages qui traînent trop en longueur. DMC 5 n’arrive pas vraiment à trouver son équilibre sur la durée à cause de sa répétitivité et c’est bien dommage… Car putain qu’est-ce que c’est cool à jouer. Sans déconner en termes de gameplay, DMC 5 a presque totalement annihilé la concurrence pour l’année alors qu’on est au mois de mars, et hormis un Bayonetta 3, je ne vois pas qui pourrait venir lui tenir tête. 3 personnages, tous différents, tous intelligents et funs, voilà la vraie réussite du jeu, et heureusement, car c’est le cœur de l’expérience. J’aurais préféré que ces chasseurs de démons me rapprochent un peu plus du 7ème ciel mais il faudra se contenter d’un jeu à la gestation probablement compliquée et au budget pas aussi faramineux qu’on aurait pu le croire à 1ère vue. Vivement DMC 6 !

Ray
7
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le 6 mars 2019

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