Bloodborne est mon deuxième jeu From Software (FS) après Sekiro, oui je fais la ludothèque à l'envers visiblement.

Quand on pense à un jeu FS, une chose revient tout le temps : un gameplay exigeant. On sait que l’on embarque pour un jeu où l’on va suer pour le boucler. Mais si un jeu trop dur peut être décourageant s’il est injustement punitif, ce n’est pas le cas de Bloodborne. From Software, j’en suis convaincu maintenant, c’est en premier lieu l’école du gameplay. Un gameplay sur le papier classique (attaque rapide, chargée, esquive, parade etc.), qui prend le parti pris de volontairement réduire les possibilités du personnage et d’augmenter sa vulnérabilité, dans le but de créer des situations où appliquer bêtement une pression sur une touche ne suffit pas pour se sortir d’affaire. Tout est une question de timing et de précision dans le déplacement. Le but n’est pas de foncer dans le tas bêtement mais d’apprendre le moveset d’un ennemi, c’est-à-dire de comprendre quels coups sont punissables, puis comment les punir. Peut-on les parer, les esquiver ? Si oui dans quelle direction pour pouvoir contrattaquer, puis à quel point peut-on infliger des dégâts avant la prochaine attaque et ainsi de suite. Le tout en prenant garde, dans le cas de Bloodborne, à ne pas épuiser complètement son personnage sous peine de se retrouver démuni face aux assauts adverses. C’est à la fois tactique et technique, nécessitant aussi bien anticipation que réaction lors des combats. C’est cet équilibre qui rend les combats si gratifiants, le joueur n’est pas récompensé immédiatement, c’est à lui d’aller chercher la victoire en puisant dans ses propres ressources. Les sensations manettes en main sont agréables, la parade quand elle fonctionne étant particulièrement jouissive.

Autre aspect qui a fait la renommée des jeux signées FS et non sans raison, il s’agit du level design. Rarement j’ai vu un level design si intelligent. Le jeu pousse à l’exploration des zones, il s’agit là à la fois d’un moyen de progresser vers nos objectifs mais aussi de faire progresser notre personnage. Nombreux consommables, composants, armes, tenues ou autres bonus sont dissimulés et permettent bien souvent de simplifier les affrontements de boss. Les niveaux sont toujours construits de telle sorte qu’un joueur l’ayant bien fouillé de fond en comble sera à terme récompensé, par exemple en débloquant des raccourcis qui à notre prochaine visite de la zone (ou prochaine mort plus loin dans celle-ci) nous permettront de gagner un temps précieux. J’ai parlé de la sensation d’accomplissement lors des combats, c’est également vrai lors de l’exploration quand, après 1 heure de vagabondage, l’on finit enfin par prendre ces repères et retourner au point de départ en débloquant un raccourci : la boucle est alors bouclée.

Un des points les plus frappants dont je n’ai toujours pas parlé est évidemment la direction artistique et l’ambiance qui se dégage du titre. L’univers est complètement dément, il mélange ce silence dérangeant en contraste avec la folie des décors, des ennemis et même des rares humains. Des statues en souffrance aux tombes scellées en passant par les bûchers humains, le tout au sein d’énormes bâtiments gothiques dont on ne parvient pas à mesurer les limites, Bloodborne est une vraie anomalie du paysage vidéoludique qui visuellement il ne ressemble à aucun autre. Le design des ennemis et en particulier des boss est hallucinant, mention spéciale à la Nourrice de Mergo et Paarl Sombrebête.

En parlant des boss, ceux-ci sont nombreux et presque tous réussis. Ils se distinguent en deux catégories. Les tailles petites et moyennes, souvent très mobiles, laissent peu d’ouverture et demandent un apprentissage de leur pattern pour les battre. La parade est au centre de l’affrontement ainsi que l’esquive. La deuxième catégorie concerne les ennemis de très grande taille. Pour ceux-ci l’exécution a une importance moindre, il s’agira surtout de trouver leur point faible/angle mort et de frapper en continu, en évitant certaines attaques. Si ce sont les ennemis les plus marquants et impressionnants visuellement parlant, j’ai préféré les combats contre les boss plus petits qui demandent au joueur de se surpasser bien souvent, et donne des affrontements très dynamiques. Certains mini boss rentrent également dans cette catégorie, la plupart du temps des ennemis humains, notamment le chasseur fou de la cathédrale en fin de jeu qui est potentiellement mon combat préféré avec le père Gascoigne et le boss final.

Pour toutes ces raisons, Bloodborne fut une très belle aventure, mais non sans une certaine part de frustration, qui me fait privilégier Sekiro : et ce pour deux voire trois "défauts" majeurs.

Je me suis lancé dans Bloodborne en ne connaissant absolument rien du jeu, je ne savais même pas qu'il y avait une dimension RPG avec prise de niveau (cette dernière étant absente de Sekiro). J'imagine que pour ceux qui ont déjà fait les Souls, ils ont vite récupéré leurs repères sur le jeu mais ce n'est pas le cas pour les nouveaux venus. Il manque trop d'informations primordiales qui ne sont pas données au joueur comme ce qui concerne la prise de niveau avec les échos de sang. J'ai dû aller voir un guide du débutant sur internet pour vraiment bien commencer et prendre du plaisir sur le jeu car je n'y comprenais tout simplement rien. Bloodborne possède donc définitivement un problème d'un point de vue didactique, certains défendent qu'il s’agisse au contraire d'une volonté de pousser le joueur à trouver les réponses lui-même mais je ne suis pas d’accord. Comme je l'ai dit, Bloodborne est un jeu difficile et exigeant. Dans ce type de jeu qui demande un apprentissage continu et une minutie dans les commandes, et où la moindre mauvaise prise de décision ou exécution peut signifier la mort, il faut donner au joueur toutes les cartes en main pour pouvoir progresser et appréhender le jeu sereinement, sous peine de quoi les premières heures ne vont être qu’un véritable calvaire où l’on fait du quasi-surplace. Cacher volontairement des éléments essentiels à la progression ne fait que rebuter une partie des joueurs moi y compris, j’ai presque failli lâcher l’affaire au début avant de trouver ce miraculeux guide.

Deuxième problème, je trouve le jeu moins précis et juste que Sekiro sur certains aspects pendant les combats, qui lui s’approchait presque de la perfection. Certains coups visuellement ne semblent pas me toucher mais font tout de même mouche, les armes à longue portée passent à travers le relief ou encore la parade au pistolet trade parfois avec le coup ennemi donc on se prend des dégâts. C’est comme si dans Sekiro je réussissais un contre mikiri mais me prenais le coup, c’est extrêmement frustrant. En plus de cela on ajoute quelques problèmes de caméra et de perte de lock aussi présent chez Sekiro et on se retrouve parfois avec des situations où l'on perd avec la désagréable sensation de s'être fait entuber par le jeu et non nécessairement pas manque de skill. Ce problème est d'autant plus mis en exergue qu'il est impossible de courir lorsqu'on lock un ennemi (contrairement à Sekiro), ainsi lorsqu'on se prend des coups que l’on n’a pas vu venir pour X ou Y raisons il est bien plus dur de prendre ses distances avec l'ennemi pour se soigner (ou alors en lui tournant totalement le dos ce qui est rarement une bonne idée).

Enfin dernier défaut qui lui est plus subjectif, je trouve que les zones proposées par le jeu s’essoufflent au fur et à mesure. Les premières sont tout bonnement excellentes (Centre et vieux Yharnam, Faubourg de la Cathédrale, Village invisible, Hemwick) puis ça se gâte au fur et à mesure. Les bois interdits commençaient bien mais finissent dans un labyrinthe de serpent venimeux qui ne m’a pas spécialement engagé, Byrgenwerth et le centre de conférence sont anecdotiques, et le Cauchemar de Mensis m’a juste saoulé par moment en plus de posséder le « boss » le plus péniblement long du jeu. C’est un comble quand les zones facultatives comme le château de Cainhurst, le faubourg supérieur ou la frontière du Cauchemar m’ont pourtant bien plu.

Le hasard a fait que j’ai rejoué à Sekiro juste avant de faire Bloodborne donc je me suis senti presque obligé de faire la comparaison. Si celle-ci joue en la défaveur de Bloodborne, elle ne retire rien du titre et de ses nombreuses qualités, ainsi que les quelques aspects où il tire son épingle du jeu (le contenu par exemple, plus dense). Bloodborne est un jeu qui demande de l’investissement mais il saura vous le rendre soyez-en sûr, ne vous laissez juste pas décourager par les premières heures laborieuses. Assurémment l'une des mes meilleurs expériences de ces dernières années.

8/10.

Kino-san
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes La Grande Collection : PS4 et Les meilleurs jeux de FromSoftware

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le 14 sept. 2022

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