Troisième opus de la licence, l’ambition de Bioshock infinite n’étais pas des moindres. Sorti trois ans après le deuxième volet, Irrational Games affichait clairement l’envie de franchiser son jeu, et de ne plus se cantonner à l’univers de Rapture. Mais alors qu’elle est l’essence d’un Bioshock ? Un jeu FPS, un univers influencés par le biopunk et le steampunk, une cité utopique et rétro sombrant peu à peu dans le chaos. Années soixante et ville sous-marine pour les deux premiers volets, années dix et ville flottante pour celui-ci. On retrouvera, comme précédemment, les capacités surnaturelles, les plasmides, devenus ici les toniques et les innombrables distributeurs servant à améliorer le pouvoir et les armes du personnage.
Ici, le joueur incarne Booker DeWitt, un ancien soldat reconvertit en détective peu scrupuleux. Pour effacer ses dettes de jeu, il accepte pour mission de ramener à New-York une jeune femme, dénommé Élisabeth. Son voyage l’amène à Columbia, gigantesque cité suspendue dans les airs, dans une société ultra religieuse, qui vénère son dirigeant et prophète le père Comstock.
Si Columbia se trouve être d’une grande beauté, par son gigantisme et sa direction artistique soigné, elle souffre d’un certain vide. L’ambiance, mêlant mysticisme et sectarisme dans une société marqué par le racisme et l’eugénisme trouve rapidement ces limites. Les épisodes précédents, marqués par la pensée individualiste de Ayn Rand amenaient à bien plus de réflexion. La chute progressive de Rapture, provoqué par les contradictions internes de son modèle ultra capitaliste et libertaire, questionnait l’individu et son environnement, que ce soit sur les thèmes de l’éthique, l’art ou le libre-arbitre. Columbia n’existe que par son esthétique, laissant un univers sans réelle profondeur. L’esthétique sous-marine de Rapture était quant à elle au service du récit : une cité se noyant peu à peu vouée à l’oublie des profondeurs. Bioshock Infinite essaye, mais sans y parvenir, à montrer la démesure d’Archibald Comstock, un homme se pensant l’égal de Dieu, allant plus loin que la Tour de Babel et bâtissant sa ville à même le ciel. La faute à une histoire qui ne tient réellement que par la relation des deux personnages principaux, Booker et Elisabeth, au dépens de l’univers et des personnages secondaires. Si celle-ci reste une réussite en ce qui concerne l’écriture, la narration dans laquelle elle prend place rappellera bien trop celle Bioshock 2. Le gameplay quant à lui, perd grandement en intérêt par sa simplification. La linéarité remplace l’exploration, la stratégie des combats est remplacée par la nervosité des gunfights. On trouvera peu d’intérêt à améliorer ses armes, étant donné que limité à deux, et les munitions s’épuisant vite, celles-ci ne cesseront d’être remplacé sans cesse. On regretta aussi les protecteurs et les chrosômes des anciens volets, qui offrait une diversité d’ennemis qu’on peine à retrouver dans ce Bioshock infinite.
De cette expérience vidéoludique on oubliera ni ce voyage céleste, ni Booker et ni Elizabeth. On s’y amusera quelques heures, mais quand il faudra répondre à la question qu’elle est l’essence d’un Bioshock ? Bioshock Infinite ne fera pas partie de la réponse.