Dans cette critique, je considère comme acquises les bases de la saga, et je ne reviendrai que brièvement sur les fondamentaux de la série, pour m’attaquer prioritairement aux nouveautés. Je ne voulais pas écrire de critique mais vu la longueur de mon annotation initiale, celle-ci me semble plus lisible sous cette forme.


J’ai vraiment hésité à noter ce jeu maintenant et par la même occasion donner mon avis dessus car même après plus de 125 heures passées à arpenter mon île de fond en comble en seulement trois semaines et l’aventure principale bouclée, avec une ville qui commence à ressembler à quelque chose d’assez agréable grâce au terraforming, je sais que ce n’est encore que le début. En effet, du fait du déroulement en temps réel du jeu, il me reste une tonne de choses à découvrir comme à l’ensemble de la communauté, avec les mises à jour liées aux futurs événements qui nous sont dûes mais tout simplement aussi par le biais de l’écoulement des jours, des mois et des saisons, qui vont chacune à leur tour proposer une faune différente et des particularités qui leur sont propres, et notamment des nouvelles activités dont seul Nintendo a le secret pour le moment, rendant ainsi impossible tout jugement exhaustif au bout de quelques semaines de jeu. Mais dans le même temps, je pense avoir fait le tour des fonctionnalités principales propres à ce titre, et notamment le crafting et le terraforming, les deux nouveaux apports principaux de cet opus.


Ces deux éléments contribuent à en faire le volet ultime de la série, tant elles permettent une personnalisation extrêmement poussée de son île et font qu’aucune ne peut ressembler à une autre, tout en permettant de créer des environnements assez somptueux, qu’ils soient thématiques ou non. J’ai vu ça et là sur Youtube des îles magnifiques qui créaient de l’émulation dans la communauté de fans du jeu, et qui poussent tout simplement chaque joueur motivé à donner encore plus le meilleur de lui-même. Voici deux exemples d’îles qui m’ont fait rêver (présentées par un Youtubeur enjoué que je recommande pour les anglophones) :


https://www.youtube.com/watch?v=pJHp21kD_sk (thématique western)


https://www.youtube.com/watch?v=drfUSUMKyps&t=2s (pas de thématique)


Tout l’enjeu du postgame est d’acquérir des moyens de personnaliser encore plus son île, par le biais de l‘acquisition de plans de bricolages, saisonniers ou non, thématiques ou non, et par la réception de meubles nouveaux grâce aux PNJ notamment. Mais aussi de remodeler l’île à sa guise, grâce à la possibilité offerte de modifier les cours d’eau et de détruire ou construire des falaises. Voilà en gros ce qui se cache derrière l’appellation barbare de terraforming. Avant cela il va falloir cravacher pour rembourser ses prêts successifs et faire venir un par un les habitants de l'île qui deviendront nos voisins.


Pour le crafting, cela consiste à fabriquer des objets grâce à un établi à partir de ressources disponibles sur l’île. Il est certes plus amusant de construire ses propres meubles plutôt que refaire à l’infini nos outils qui se cassent sans cesse (Zelda Breath of the Wild a fait des émules, pour le meilleur comme pour le pire), mais ce n’est pas non plus cela qui prend le plus de temps et qui aime farmer et collecter des ressources comme moi va pouvoir tolérer, voire apprécier ce changement d’envergure.


Dans tous les cas, le fait de pouvoir meubler l’extérieur est en soi génial par rapport à ce qui était possible auparavant, permettant de passer d’île déserte à mégapole (sans exagération aucune de ma part bien entendu) en quelques temps, et les missions sont tellement variées qu’il est impossible de s’ennuyer, même s’il y a toujours plus de choses à faire en début qu’en fin de journée. La liberté procurée par le titre, malgré la taille limitée de l'île (mais largement suffisante), est assez grisante, et même ne rien faire et seulement arpenter les lieux que l'on a façonnés suffit à procurer du plaisir. Mais pour les missions qui constituent l'essence même du jeu, l’invention des Nook Miles qui nous gratifient de récompenses lorsqu’on accomplit un objectif est en soi merveilleuse, car elle permet à chacun de vouloir remplir plus vite ses objectifs, quand bien même cela peut être répétitif pour y parvenir. Il y a en plus des paliers progressifs à atteindre, qui rendent le système de récompenses pratiquement journalier, tant la moindre des activités les plus banales nous fait remporter des miles. Dire bonjour à ses habitants ou couper du bois suffisent par exemple. Pour autant, la monnaie (sous forme de clochettes) ne disparaît pas et les visites sur les îles mystère sont un excellent moyen de s’enrichir quand on connaît les bonnes combines, en pillant leurs ressources en toute impunité (un jeu plus capitaliste qu'il en a l'air finalement), tandis que le musée n’a jamais été aussi beau, riche et intéressant à visiter, rempli d’espèces qui ne nous auront aucunement épargné les blagues Carambar des développeurs au moment de leur capture.
Ainsi, les activités propres aux précédents opus n’ont pas disparu et on continue à adorer voir les pluies d’étoiles filantes, décorer notre maison, pêcher et attraper des insectes, déterrer des fossiles, et rembourser ce sale usurier de Tom Nook pour agrandir notre habitation. C’est typiquement le genre de jeu qui s’apprécie par petites bouchées, rien ne sert de jouer des heures chaque jour, mais chaque réveil vous poussera à voir ce qu’il se passe de nouveau sur votre île, et à effectuer le minimum de labeur quotidien sous peine de louper des choses importantes, et plus si affinité, rendant le jeu extrêmement addictif.


A ce titre, Animal Crossing : New Horizons est un bol d’air frais qui fait tellement de bien en cette période de confinement. L’attention portée aux détails et la minutie accordée au développement du titre rendent l’immersion assez incroyable : ainsi, les interactions avec nos habitants sont beaucoup plus poussées qu’auparavant, ils interagissent également entre eux de manière extrêmement variée. On les voit courir sur la plage en faisant l’avion, on les voit installer des chaises sur la place de la mairie pour prendre le thé, on les voit parfois chanter en choeur ou lire au pied d’un arbre. Mais les détails sont aussi présents dans les interactions avec l’environnement : chaque paire de chaussures va produire un son différent sur le sol, qui lui-même va changer le bruit du contact avec nos pieds en fonction de son revêtement, le vent fait bouger les éléments comme je l’ai rarement vu dans un jeu, la qualité de la musique intradiégétique varie en fonction de la qualité de l’appareil qu’on utilise pour l’écouter, etc. De manière plus générale, la refonte graphique de l’opus enchantera les plus sensibles d’entre nous à la mignonnerie qui se dégage de l’ensemble. Le chara-design participe à l’ambiance innocente du titre, qui ne ressemble vraiment à aucun autre, et les musiques, bien que répétitives, contribuent pleinement à cette atmosphère tranquille et paisible.


Au rang des défauts, je les trouve minimes comparés au fun que procure le jeu. Certaines options du menu manquent clairement d’ergonomie (les crafteurs d’appâts en masse comme moi déploreront l’impossibilité de tout faire d’un coup et de devoir les fabriquer un par un), de même que les activités proposées par le online semblent assez limitées, même s’il est un excellent moyen de progresser plus vite dans l’aventure par le biais d’échanges avec des inconnus (ce à quoi je me refuse pour le moment). Par ailleurs, des mises à jour ont corrigé l’événement de Pâques qui était mal calibré et qui ont fait faire une overdose de ballons et d’oeufs à beaucoup d’entre nous.


Mais à part cela, je ne vois pas bien quels reproches on pourrait faire à ce jeu, pour quiconque adhère un minimum à la formule proposée. Il plaira avant tout à ceux qui ont aimé les opus précédents, tant cette saga ne ressemble à aucune autre et s’oppose à l’idée de rush pour finir l’aventure (d’ailleurs se finit-elle un jour?). C’est un jeu qui s’apprécie sur la longueur, et j’ai toujours pensé que ceux qui s’adonnaient au « time travel » n’avaient pas compris l’essence du jeu. Il n’y a rien de plus gratifiant qu’attendre le lendemain pour voir le pont qu’on a construit la veille se dresser enfin, ou le début du mois pour pêcher de nouvelles espèces de poisson ou de nouveaux insectes. Et encore mieux, le changement de saison pour découvrir les nouvelles couleurs du décor. Pour autant, chacun joue comme il veut et je ne compte pas donner de leçon.


En définitive, Animal Crossing : New Horizons est une pépite de la Switch, un jeu AAA qui est l’un des rares à justifier à lui seul l’achat de la console tant le nombre d’heures passées dessus peut être conséquent et divertissant. Cela étant dit, le jeu n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains tant il s’éloigne des modèles vidéoludiques classiques et pourra déplaire aux gamers hardcore, même si personnellement je me situe à mi-chemin entre le casual et le gamer et que j’apprécie pleinement pouvoir varier mes expériences vidéoludiques. Ce que j’adore dans Animal Crossing, c’est que chacun peut y trouver son compte, qu’on joue une heure par jour ou qu’on ait envie de développer notre île à toute vitesse : le jeu saura effectivement récompenser à sa juste valeur les deux attitudes. Je conseille tout de même à tout le monde de le tester sur la durée pour en saisir toute la pureté, toutes les qualités, car si on se laisse prendre au jeu, on a affaire à une expérience pour le moins pittoresque et dépaysante.

Albiche

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