(Des vertus paradoxales d'une bande-annonce séduisante)
Une bande-annonce efficace avait convaincu le plus jeune et le plus âgé de mes fils (13 ans d'écart entre les deux, tout de même): dans la famille Ness, Side et Quick ne voulaient pas rater le nouveau Disney.
Pourtant, l'extrait à base de paresseux employés de mairie, est doublement trompeur.
D'abord, parce qu'il constitue le moment le plus ouvertement drôle du film, alors que ce n'est précisément pas la ligne suivie par ce nouveau Disney, qui s'inscrit en ça dans la parfaite continuité des nouveaux héros. Salutairement éloigné des productions Sony ou Dreamworks à bout de souffle à coups de punchlines et de gags visuels mécaniquement centrés sur le décalage, toutes les 10 secondes, et qui en oublient de raconter une histoire, le nouvel esprit des productions de John Lasseter est double. 1) Permettre un scénario qui n'a plus, du coup, de convenu qu'un dénouement un peu trop classique (avant cette fin, pendant un bref moment, on se demande même où cette histoire va nous mener, ce qui est presque devenu miraculeux dans ce genre de productions) et 2) tordre gentiment le cou au postulat de base simpliste: Big hero Six proposait de penser un peu en dehors des sentiers battus pour s'en sortir, et ici, il s'agit d'adapter l'adage stupide qui veut que quiconque peut arriver où il veut s'il se contente d'y croire, et c'est donc en s'adaptant à la réalité que l'harmonie finale (personnelle ou globale) sera possible.
Ensuite parce que le film se pose comme un jalon supplémentaire sur le chemin (pavé de bonnes intentions) de la grande plaidoirie universelle et humaniste de l'ode à la différence et du refus des idées reçues. C'est ainsi que Nick Wilde, renard arnaqueur forcément au grand cœur, s'était jusque là refusé à faire autre chose que ce que la société pensait de lui. Mais du coup, cette facilité face au stéréotype du fonctionnaire tombe presque à côté de la plaque de la philosophie (oui, c'est un grand mot) du film, par son côté simplificateur et caricatural. Heureusement que le moment, qui s'inscrit parfaitement dans le cours du récit, est sauvé par une réelle drôlerie.
Notons enfin que la réalisation est propre et que les textures et les décors sont souvent assez soignés, ce qui rajoute au plaisir presque vintage (je sais, j'exagère) de la séance.
Si les intentions sont louables, si le public visé est désormais plus axé vers les 6-10 ans (alors que les films qui ont fait la légende de la firme étaient plus ouvertement universalistes, en terme d'âge), il pourrait presque suffire aux prochaines sorties Disney de tenter de retrouver un côté novateur et défricheur, au moins dans son scénario, pour redonner aux oreilles de Mickey une partie du lustre qui fut en son temps le sien.