Zodi et Téhu, frères du désert surprend par la grossièreté de son exécution qui enchaîne les séquences comme un industriel débite des boîtes de conserve : la gestion du temps est catastrophique, jamais pensée en termes esthétiques, occasionnant de nombreux décrochages et une ellipse disgracieuse (« un an après ») éludant ce qui aurait dû être montré, à savoir la domestication d’un animal sauvage par un enfant caractérisé par sa rébellion. De même, les rencontres vont trop vite : Zodi croise la route du dromadaire par un heureux hasard et décide aussitôt de l’adopter, ce qui occasionne une résistance lâche de la part de sa famille ; sa relation avec la vétérinaire surgit tel un deus ex machina, en réalité fil narratif usé que le réalisateur utilise dans l’espoir de dynamiser un récit prévisible.
Pourtant, à mesure que le long métrage avance se redessine un cap : le divertissement familial semble délaissé au profit d’un message publicitaire émanant des Émirats arabes unis, puisque la course devient le prétexte à une vitrine dans laquelle exhiber la puissance du pays et, notamment, de sa capitale Abu Dhabi. La clausule, qui couvre Alexandra Lamy d’un voile, atteste d’ailleurs la victoire non de l’enfant mais de l’adulte émirati qui propose d’acheter l’animal contre une belle somme d’argent. Tout cela emmiellé dans un sentimentalisme forcé, tartiné de Nutella dont nous voyons longuement le pot dans lequel plonge un doigt comme dans la publicité consacrée. Zodi et Téhu, frères du désert serait alors un produit destiné à l’exportation, ou à l’importation de la culture émiratie en France. Et cela ne serait pas un problème si le film assumait pleinement ce statut, sans faire des familles venues suivre les aventures d’un jeune garçon les otages de placements idéologiques et économiques.
Seule la partition musicale de Mika, qui signe également deux chansons, fonctionne, quoique desservie par un montage charcutier qui parfois la désynchronise de l’action représentée.