Fashion and Love story

Plus que l'histoire d'une carrière, ce film est l'histoire d'un couple. Et la patte de Pierre Bergé est très nette, peut être même un peu trop me direz vous ! Et vous avez surement raison. A cela je répondrait simplement que sans sa contribution ce film ne serait resté qu'un simple documentaire parmi d'autres sur la légende YSL. Toutefois le film aurait du s'arrêter sur le dernier défilé - sublime avec une bande originale très bien choisie - avant dernière scène laissant ce film se terminer par un dernier coup de griffe de Bergé.

Certains critiquent le peu d'accent mis dans ce film sur la mode et ses révolutions, à ça j'aimerai répondre ALLO ?? c'est un biopic ! Pas un docu sur la mode des années 60, pour ça regardez Arte !

La performance de Pierre Niney et Guillaume Galienne fut exceptionnelle. Niney a réincarné YSL avec excellence tout autant que Gallienne s'est révélé bluffant, tout le monde l'a dit et redit – et c'est absolument vrai – donc je ne vais pas m'attarder plus que ça en éloges de leurs performances individuelles. Le point intéressant selon moi est leur duo complémentaire qui, en équilibrant fragilité et autorité, génie créatif et sang froid apporte une touchante sincérité au film. Parce que si il y a bien un mot qui résume ce film c'est « touchant ». La complicité des deux acteurs est telle que l'on se demande si certaines scènes ne sont pas totalement improvisées, comme deux gosses ensemble jouant et se cherchant.

Ma scène préférée est celle où Christian Dior reste bloqué sur ces croquis sans plus d'inspiration, là YSL débarque en maitre artiste, en une poignée de seconde grâce à un bout de tissu déchiré il transforme une simple robe en un chef d'oeuvre. Ou comment résumer le génie de l'artiste en une seule scène. Magistral.

Au delà de l'image de ce créateur, l'on découvre très vite l'abominable vérité, l'homme qui se cache sous son manteau d'artiste, un être timide, fragile, un oisillon que seules ces collections préserve du malheur. YSL petit génie de la mode baigné trop tôt et trop vite dans le flot des collections. Et Pierre bergé, l'homme d'affaires digne d'une série tv qui a su transformer ce couturier en légende, le pilier soutenant l'artiste. Chapeau bas tout de même à ce couple qui contre vents et marrées, infidélités et coups bas répétées, à su tenir en place.

Les décors, plans et prises de vue sont très soignés, mêmes artistiques, autant qu'un peintre soignerait son tableau, Jallil Lespert nous peint Yves Saint Laurent comme du Pop Art.

Je terminerai par ceci, merci Jallil d'avoir stoppé la caméra pile au bon moment nous évitant ainsi des scènes trop sexuellement explicites simplement destinés à choquer (inutilement), et contribuer au voyeurisme caractéristique de notre époque. Grâce à toi ce film reste chic et léger, autant qu'une robe YSL. Un bel hommage à ce révolutionnaire torturé.