N*gg*z in Barris

Grand fan de comédies, d'Eddie Murphy, de Jonah Hill et a priori très intéressé par les sujets abordés par le film, quelle ne fut pas ma déception devant cette œuvre superficielle, mal filmée, mal montée, quasiment jamais drôle (Julia Louis-Dreyfus m'a peut-être tiré quelques sourires j'avoue) et probablement trop états-unienne pour trouver un écho en France.

Je trouve assez choquant de montrer des personnages aussi stéréotypés sans jamais chercher à aller un peu plus en profondeur pour comprendre leur culture et leur façon de vivre. Les noirs du film sont quasiment tous racistes et les blancs quasiment tous stupides ou maladroits. De plus, à part quelques touches de folklore par ci par là, rien ne permet de comprendre quelles sont les différences entre leurs cultures respectives. Si l'idée était de montrer que tout le monde peut s'aimer, peu importe la couleur, la religion, l'origine, etc, c'est totalement raté.

Et le plaisir de voir des acteurs trop rares sur les écrans est particulièrement gâché par ses rôles mal écrits et joués apparemment sans grande conviction, en particulier par un Eddie Murphy en sous-régime qui ne fait même pas un bon "méchant beau-père". Quant aux seconds rôles "comiques", aucun n'est suffisamment développé pour susciter l'intérêt. A croire qu'il n'y avait pas vraiment de scenario mais juste une liste de personnages stéréotypés à insérer au forceps dans l'histoire, un mix entre "Devine qui vient diner" (ou plutôt son remake inversé et raté "Black/White") et "Le père de la mariée" (dont le remake avec Andy Garcia vient justement de sortir et semble nettement plus regardable) filmé comme une émission de téléréalité.

Connaissant un peu les séries de Kenya Barris (comme Blackish ou Black AF), j'imagine qu'il y avait largement mieux à faire niveau humour ou niveau message politique que cette pseudo-comédie romantique à la limité du racisme qui ne fait jamais mouche et arrive à être immédiatement datée.

Et c'est d'autant plus dommage que, connaissant Barris et Hill, j'imagine qu'il y avait de vrais bonnes idées et de bonnes intentions derrière ce projet. Peut-être qu'il s'agissait de se moquer de ce genre de films justement, ou de dénoncer par le rire l'hypocrisie de certains comportements communautaires (la paranoïa, la mise en compétition des souffrances, le racisme des "victimes du racisme", l'intolérance de ceux qui se disent tolérants, les excès de certains "wokistes"...) mais, sur ce genre de sujets dits sensibles, il faut une grande qualité d'écriture pour que le propos puisse atteindre sa cible. Et malheureusement, rien ne fonctionne vraiment ici.

Dans le genre, je recommande plutôt la série "En place" de Jean-Pascal Zadi qui, malgré son apparente balourdise, s'avère beaucoup plus subtile dans son regard sur la société et sur les communautés.