Venant de Marco Tullio Giordana, auteur du sublime Nos meilleures années ou encore de Les cent pas ou Une fois que tu es né, Yara, réalisé pour Netflix, est une œuvre mineure, bien qu'efficace, mais assez pauvre sur le plan humain et cinématographique. Basé sur l'enquête autour de la disparation d'une jeune fille à Bergame, le film restitue les faits, avec fidélité apparemment, en mettant l'accent sur l'acharnement d'une procureure pour atteindre la vérité et la résolution finale, grâce à une vaste recherche ADN. Le côté documentaire de l'affaire est précis et rythmé mais, bizarrement, tout semble survolé, à commencer par la personnalité du présumé coupable, auquel Yara ne s'intéresse que très peu, alors que dans la réalité, il a toujours nié être l'auteur des faits qui lui sont reprochés. L'impression est celle d'avoir sous les yeux une sorte de film Wikipédia, factuel mais sans densité, ne sortant guère des clous. Sans doute le cahier des charges scénaristique est-il respecté, de façon à éviter toute polémique sur une affaire aussi récente, mais c'est au détriment de toute émotion. La mise en scène, sage et plate, confirme ce sentiment d'être face à un film presque sans odeur et sans saveur, dont le seul profit pour le spectateur est de vivre en accéléré une affaire qui se sera étendue sur plus de 3 ans.