Wonder : Le film qui poussait à la tolérance

Tiré du roman éponyme écrit par R.J Palacio, Wonder conte l'histoire d'un jeune garçon souffrant d'une malformation faciale entrant pour la première fois à l'école. Interprété par le jeune Jacob Tremblay, Julia Roberts et Owen Wilson, notre drame n'est pas un drame comme les autres. Mais pour quelles raisons? Qu’a-t-il de si spécial ?


Message plein d’espoir pour un film nécessaire


August, c’est un petit garçon de dix ans énergique, rêveur, joyeux, drôle, très intelligent et mature, un grand fan d’astronomie et de science, et aussi un digne fan inconditionnel de Star Wars (le réalisateur ne manquant pas de nous le faire savoir, de quoi rameuter les fans de la franchise grâce à un caméo d’anthologie). Mais depuis sa naissance, August a du mal à s’accepter, se cachant souvent sous son scaphandre d’astronaute, terrifié à l’idée d’être jugé par les autres, affolé de devoir essuyer de nombreuses moqueries blessantes telles des lames de rasoir. Heureusement, malgré son visage défiguré, August peut compter sur sa mère, son père, sa sœur, et sa petite chienne Daisy, lui apportant suffisamment de réconfort pour ne pas sombrer. Pour la première fois de sa vie, August va quitter sa bulle, cessé d’étudier avec sa mère aimante et découvrir le monde extérieur. Il le sait déjà, il va devoir affronter le regard des autres et se frotter sans aucun doute à la méchanceté de certains.


On ne compte plus les nombre de films tentant de nous prouver à travers leurs divers récits que la beauté vient du cœur, on ne compte encore moins ceux qui nous montrent à quel point l’égoïsme, la curiosité et la manie de certains à juger les autres sur leurs apparences peuvent leur causer du mal, et pour finir, on calcule encore moins les œuvres démontrant que le handicap peut être une force. Pour Wonder, c’est dans une toute autre dimension, une toute autre aventure dans laquelle nous serons plongés. A la vue de la bande annonce, humainement parlant, on ne pouvait s’empêcher là encore de juger ce film semblant axé sur August, notre héros. Pourtant, en allant voir cette œuvre, c’est une toute autre opinion que nous aurons.


En effet, la narration de Wonder fait dans l’inédit, bouscule la routine de ce genre de longs métrages. Et si August n’était pas le seul personnage central de notre histoire ? Et s’il n’était pas le seul à souffrir ? Certes, pas la même souffrance que ces autres partenaires mais une souffrance quand même. A travers son histoire, Wonder va nous mettre tour à tour, littéralement à la place de chacune des personnes concernées par la vie d’August, multipliant le point de vue de chacun(e), nous forçant à réviser notre jugement sur tous, mêmes ceux considérés d’emblée comme les méchants de l’histoire :


Via, la sœur d’August. Une adolescente timide et perdue traversant une période difficile, se sentant exclue de sa famille, souffrant encore de la perte de sa grand-mère, se souciant toujours de son frère qu’elle aime plus que tout au monde.
Jack Will, un élève désigné par le principal du collège pour accueillir et soutenir August.
Miranda, l’ancienne meilleure amie de Via revenue « changée » de ses vacances.
Julian, un autre élève désigné pour accueillir August pour au final être celui qui lui causera du tord, traitant ce dernier comme une bête de foire répugnante.



On se fond jamais dans la masse quand on nait pour briller.



Un nouveau tire larmes ?! Et si ce n’était pas le cas ?


Wonder ne compte donc pas nous faire pleurer en découvrant la vie d’August, Wonder voit le problème de ce jeune garçon sous de nombreux angles, cherchant à trouver une solution pour lui ainsi que chacun de nos protagonistes et qui sait, les réunir tous. Une personne souffrant d’handicap physique ou mental n’est pas une chose facile à vivre. Ni pour l’handicapé, ni pour ces proches. Wonder explorera les avantages et inconvénients d’August, sans jamais rien oublier.


La difficulté de s’insérer dans le monde extérieur quand on est handicapé, le premier jour de cours qui « craint toujours » handicapé ou non, les préoccupations des parents, harcèlement scolaire, méchanceté, préjugés, comportement médisant voir agressif de certains élèves, jalousie, amitié, amour, haine, espoir, désespoir, solidarité, compassion, Wonder transmet de nombreux messages, fait preuve d’une philosophie forçant à l’admiration de ces hommes, femmes, garçons et filles devant vivre avec leur invalidité. Nombreux sont les passages et les répliques mémorables à retenir nous obligeant à faire le point sur notre vie, notre manière de nous comporter vis-à-vis de notre prochain quelque soit sa race, son physique ou son caractère.


Wonder ce veut thérapeutique pour celles et ceux souffrant ou ayant souffert du regard des autres. Vous avez peut être une malformation ou un défaut physique qui a/avait maudit votre enfance/adolescence ? On c’est acharné sur vous ? Vous avez ou avez eu du mal à vous aimer ? Wonder vous apprendra à tenir bon, vous montrera que les épreuves de la vie font que l’on peut s’endurcir, devenir meilleur, devenir un exemple pour les autres. Qui sait, toute cette souffrance vécue pourrait vous servir, vous donner l’envie de venir en aide ou simplement encourager celles et ceux traversant cette expérience ?


Quoiqu’il en soit, Wonder a deux souhaits : nous voir changer notre regard porté sur les autres, découvrir que chaque personne est unique, à son histoire et qu’il en existe toujours deux versions : l’une est vraie, l’autre est fausse. Par ailleurs, Wonder ne manquera pas par l’intermédiaire de Julia Roberts de nous montrer métaphoriquement que nous avons tous deux cartes en nous qui nous définissent et montrent qui nous sommes vraiment : le visage, nous indiquant d’où nous venons, et le cœur, nous indiquant où nous allons.


Grâce à la précision dans le jeu sidérant de Jacob Tremblay imprégné par son rôle de garçon courageux, de l’interprétation parfaitement authentique de Julia Roberts, d’un Owen Wilson nous démontrant qu’il est bien meilleur et plus à l’aise dans un film dramatique que comique (cf Marley et Moi), de la talentueuse Izabela Vidovic nous emportant à ses cotés dans vie d’une jeune lycéenne paumée, timide et terriblement seule, Wonder gagne sur tous les plans, nous gâte par la beauté de sa mise en scène et de sa photographie, du rythme de son récit, de son humour joyeux mais aussi et surtout par ses nombreux dialogues inspirants.


Au final, Wonder, c’est un message d’espoir n’hésitant pas à décrire authentiquement la cruauté dont fait preuve les humains sans chercher à voir plus loin que les apparences tout en montrant que les enfants sont beaucoup plus ouverts que les adultes. A travers son histoire au scénario original, coloré, tendre, émouvant, drôle, poignant et enrichissant, Wonder ne réussira pas qu’à vous faire verser quelques larmes, il plongera au plus profond de votre âme grâce à son sujet traité de manière parfaite, le tout servi par un casting d’acteurs et d’actrices qui ne manqueront pas de bluffer ceux qui pensaient voir un énième mélodrame niais. Mettez exceptionnellement de coté Star Wars, allez plutôt voir ce feel good movie immanquable.

Jay77
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le 20 déc. 2017

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4 j'aime

Jay77

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