Le prince Ali Ababwa fait peau neuve

Le diamant d'innocence, solitaire, acrobate, amateur de pommes, accompagné de son singe espiègle et le génie de la lampe, fait un retour évènement sur grand écran. Après avoir conquis le cœur des fans de Disney en 1993, Aladdin a droit à sa version Live- action retraçant son histoire depuis son commencement. Etes-vous près à repartir pour Agrabah en tapis volant et chanter le rêve bleu?


Le Live-action qui forçait les vieux fans à accepter le changement


Je sais ce que je veux dans ce live-action d’Aladdin, je sais ce que je ne veux surtout pas. Je ne vais pas garder le suspense très longtemps : j’ai vraiment aimé ce live-action d’Aladdin, retrouvé tout ce pour quoi j’aime autant son univers et sa version animée. Mon impression est exactement la même que pour le live de « La Belle et la Bête ». Sauf qu’ici, contrairement, à « La Belle et la Bête », Aladdin subit de multiples modifications. Ancienne et nouvelle génération, pas de jaloux. La version animée se sépare totalement de la version live. Peut-on en conclure que ce live-action d’Aladdin a été conçu à la manière du live-action de Dumbo ? Tout à fait.


Pour éviter l’effet « copie » du live de « La Belle et la Bête », ce live-action change plein d’éléments. Vous aurez beau retrouver certaines choses de la version de 93, tout a été repensé. Le fan hyper pointilleux de la version animée d’Aladdin doit impérativement ranger tout ce qu’il connait par cœur sous peine de risquer de ne pas apprécier à sa juste valeur cette revisite.


Dialogues, intonations de acteurs doublant les personnages, scènes clés (à noter l’absence de certaines un peu « secondaires »), paroles de chansons, tout a été revu pour être crédible en vue du nouveau format utilisé. Amis inconditionnels du classique des studios Disney, vous allez devoir prendre sur vous, accepter le changement d’époque, de mentalité, de créativité et d’imagination. Logiquement, cet Aladdin souffre de la comparaison. Cependant, n’ayez aucune crainte, la magie de l’univers perdure. Les thématiques importantes à l’univers (Etre soi-même, indépendance et liberté, protection parentale, amour, amitié et bonnes valeurs) et relations entre personnages seront quant à elles étoffées.



Fini le silence Enfin libre, j'avance Je ne tremble pas, oui j'avance
On ne peut m'empêcher de parler.



Rester soi-même, faire entendre sa voix


Rien à critiquer d’un point de vue esthétique des décors/costumes. Plein de détails, de couleurs, le tout en adéquation avec la culture Orientale mise en avant. Certes, demeure quelques passages (surtout de nuit) où on sent les fonds verts, mais la plupart ont un très bon rendu. Quant à l’architecture du palais du Sultan, elle est différente, plus authentique d’intérieur comme d’extérieur.


Aladdin, Abu (égal à lui-même), Jasmine, le Génie, le Sultan (moins gamin), Jafar, Iago (« une plume » différente du Iago qu’on connait), le tapis (toujours aussi drôle et énergique), Rajah le tigre, tous répondent de nouveau à l’appel, accompagnés de petits nouveaux importants tels Dalia la servante et amie de Jasmine, le maladroit Prince Anders, ou Hakim le chef de la garde royale. L’interprétation de Mena Massoud en Aladdin, pure et maladroite quand il fait la cour à la donzelle, est juste, tout comme l’aie le reste du casting. Toutefois, certaines surprises sortent du lot.


Naomi Scott par exemple. Elle n’est pas qu’une déesse (et encore je pèse mes mots tant sa beauté éblouie l’écran de cinéma), elle a aussi un charisme de dingue. Adieu la Jasmine d'antan, bonjour la Jasmine travaillée, approfondie, attachante et surtout s’affirmant encore plus au point de pousser souvent sa gueulante dans ce monde de gros machos. Sa gueulante, elle la poussera même dans une chanson. Et cette chanson, elle est inédite. Il faut la vivre en vrai pour ressentir toute la puissance dégagée dans la voix et les paroles de cette chanson engagée. Je n’y crois pas moi-même mais « Parler », balaye toutes les autres chansons du film. Moi qui suis au départ si fan des chansons d’Aladdin ai été le premier étonné. "Parler", son petit coté contemporain parlant de la place de la femme dans la société collera des frissons d'émotions aux plus sensibles. Sur une échelle de 1 à 10, cette chanson vaut au moins 11. « Restes à ta place et tais-toi ! » que disaient Jafar et inconsciemment du Sultan. Certainement pas ! Une Jasmine plus proche des dernières princesses voulant s’émanciper des Blanches Neiges et autres Cendrillon. Ca j’aime !


Et Will Smith ? Celui qui se fait toujours critiquer quoiqu’il fasse et qui c’était déjà fait avoir en montrant le design du nouveau génie. Figurez-vous que Will Smith, il gère en Génie roi de la gonflette. L’acteur ne nous avait pas menti : il ne souillera pas l’interprétation de feu Robin Williams, s’en inspirera sur certains points, mais gardera sa propre identité. Le Génie maitre du déguisement, tchatcheur, drôle, attachant et bienveillant n’a pas disparu, il a juste prit un petit coté « groovy », cet esprit de l’époque « Prince de Bel Air » en un poil plus sage. Et lorsqu’il chante « Je suis ton ami », on le croit toujours. Alors oui, ça manque un peu d’excentricité, de fougue à la Robin Williams, mais c’est bon, c’est vraiment TRES bon. En plus d’une complicité toujours forte vis-à-vis d’Aladdin, le Génie a gagné en profondeur. Sa fin ne sera pas celle que vous connaissez.


Des étoiles plein les yeux tel un enfant, des frissons de plaisir de naviguer dans un univers m’étant familier, il n'empêche que cette relecture d'Aladdin commet quelques impairs. La petite tâche du tableau vient du fait que ce Live-action d’Aladdin manque cruellement d’épique, de puissance dans ces propos, dans ces chansons (sauf cette séquence chantée par Jasmine juste BOULEVERSANTE), dans ces dialogues et dans certaines scènes clés.


Surtout, comme je le redoutais, l’interprète de Jafar qui a perdu sa barbiche tellement…ensorcelante, est la grosse déception du film. Sans être raté, il manque cruellement de charisme, de prestance, d’expressions (sauf pour hurler). Le réalisateur, ainsi que l'acteur, ont voulu donner une autre image de Jafar, un peu plus calculateur, avide de pouvoir et moins caricatural. Sauf que cette nouvelle interprétation n'arrive pas à la cheville du personnage original et ça, pour un film de l’envergure d’Aladdin, ça casse un peu le mythe. Pour le coup, Jafar reste à la barre, ça a été un vrai cauchemar!


Dernier point négatif : la VF ! Horreur et damnation, comment à notre époque, peut-on autant rater un doublage ? Hormis Hiba Tawaji pour Jasmine, les voix ne collent pas aux acteurs, certaines paroles de chansons sonnent bizarres. Pour un grand fan de VF, là, non, ça le fait pas du tout.



Tu as l'air d'un prince en apparence, mais je n'ai rien changé à celui
que tu es à l'intérieur.



Au final, ce live-action d'Aladdin a sincèrement voulu rester fidèle à la version originale. Que ce soit les décors, costumes, répliques et même chansons, le fan de la première heure marche en terrain connu. Mais, ce petit plus des live-action Disney, ce sont ces nouveautés, cette envie de creuser plus en profondeur certaines zones d'ombres en matière d'histoire, de personnages et thématiques. Aladdin a ces défauts, son bad guy manquant réellement de charisme, ses chansons moins poignantes (sauf « Parler »), certains fx, sont manque de peps, mais tout ça, on arrive à le mettre de coté pour s’intéresser à toutes ces bonnes idées visuelles, cette envie d’étoffer le scénario et ainsi éviter le syndrome de la copie. Esthétisme de toute beauté, reprises de scènes mythiques, easter eggs délicieux de l’univers de Disney et du Aladdin de 1993, danses, chants envoutants, rires, frissons de nostalgie et larmes pour deux heures de spectacle purement magiques. Le grand fan d’Aladdin que je suis et qui depuis enfant, chérit ce film n’a pas été trop déçu.

Jay77
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le 22 mai 2019

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