Wolf Creek 2 est à Wolf Creek ce que Los Angeles 2013 est à New York 1997 : une suite contrapuntique qui aborde son aîné comme un reflet inversé. Là où le gore constituait un moyen de figurer l’âme sauvage du Sud de l’Australie, il devient ici une finalité en soi, si bien que le film compose une série de variations sur la violence jouées sur un mode burlesque.
C’est dire que Wolf Creek 2 est tout ce que n’était pas l’œuvre originale : un divertissement régressif dans lequel le bourreau s’amuse de son statut d’icône, poursuit de jeunes gens comme s’il traquait des cochons, accumule les remarques xénophobes et homophobes. Greg McLean met en scène un spectacle, à l’opposé de son approche autrefois viscérale, ce qui lui permet de radicaliser ses thèmes de prédilection, en l’occurrence ici une critique virulente du tourisme de masse qui transforme le territoire australien en zone de passage, en objet de curiosité, tourisme qui n’est en fin de compte que la perpétuation de l’esprit colonisateur des puissances européennes. Une thèse d’extrême-droite que le film tourne en dérision, rend ridicule par l’outrance avec laquelle il l’expose, tout en la présentant comme un credo auquel adhère Mick Taylor.
Wolf Creek 2 est une œuvre dérangeante, aussi dérangeante que le premier volet mais pas des raisons différentes. Ce qui choque ici, c’est l’évidence que constitue la chasse à l’homme, filmée comme une attraction mobilisant moult véhicules et armes à feu, qui considère l’individu étranger comme un corps à dépiauter, démembrer, fouiller en extrayant ses organes. Nous nous heurtons à la violence primitive d’un mythe australien dépourvu de morale et qui incarne un contre-tourisme, un tourisme domestique qui explore la souffrance humaine en découpant le corps des étrangers.