Il n'est pas douteux que l'histoire que raconte la Hongroise Katalin Moldovai dans son premier long-métrage tire son inspiration de faits réels. Un simple conseil d'une professeure de littérature (celui de découvrir le film Rimbaud Verlaine, afin de compléter son cours) devient en peu de temps une véritable affaire de morale, par un effet boule de neige dans lequel sont impliqués parents d'élèves, administration scolaire, collègues enseignants, comité d'éthique, etc. Le contexte hongrois joue un rôle dans le récit mais l'intrigue peut aisément s'exporter dans la plupart des écoles du monde, à partir du moment où la liberté d'enseigner, en dérivant parfois du programme proprement dit, se heurte à un politiquement correct qui impose sa loi, au mépris de la capacité d'élèves (ce sont ici des lycéens de 17 ans) à juger par eux-mêmes. Le film s'attache à son personnage principal, dans son intégrité et sa candeur, en la suivant également dans son quotidien, ce qui permet d'évoquer d'autres thèmes dont celui de l'exil, loin de la Hongrie. Réalisé avec doigté et un rythme tenu de thriller psychologique, Without Air pose de nombreuses questions sur la liberté, la norme, l'éducation, la tolérance, sans pour autant s'ériger en donneur de leçons. Pratiquement toujours à l'écran, Ágnes Krasznahorkai livre une prestation remarquable, à fleur de peau.

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le 11 oct. 2023

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