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Willard est un jeune homme qui s’ennuie, dans une vie où ce n’est pas forcément le gros panard. Il vit avec sa mère malade, et doit se taper la compagnie des amis de cette dernière, des gens, disons-le, un peu chiants. Qui n’ont pas grand intérêt, et qui sont un peu collants. Il vit dans une grande bâtisse, témoin du niveau social auquel était arrivé son père.
Ce dernier, décédé, possédait une entreprise dans laquelle Willard travail, comme on l’apprend, suite à une faveur du nouveau directeur envers sa maman. Ha le piston ! D’ailleurs ce directeur, incarné par le génial Ernest Borgnine, est un type grossier, vulgaire, qui passe son temps à humilier ce pauvre Willard qui n’a rien demandé, et qui n’est pas forcément à son aise dans la vie.
Puis un jour, au détour d’une activité jardinière, Willard trouve dans la propriété des rats. Il les adopte, et très vite ils deviennent un peu les seuls amis qu’il ait. N’étant pas muni d’une grande capacité sociale, il se crée avec ces rats un cercle d’amis solide. Sauf que bien entendu, un humain et des rats, ce n’est pas une alliance naturelle.
Cependant, Willard découvre un goût insoupçonné pour la vie et commence à s’épanouir en dressant ses petits camarades. Ils l’aident à s’affirmer et à affronter les aléas de la vie qui se présentent à lui. Comme cette grosse baraque, une vaste fumisterie qui cache une grande misère, puisque sa mère est complétement fauchée. Et le maigre salaire de Willard à l’usine n’est pas suffisant pour entretenir, voir conserver la maison.
‘’Willard’’ est une œuvre plutôt atypique, sans être vraiment un film d’horreur, dans son dernier tiers le film s’emballe pourtant, et plonge dans une viscéralité, qui en 1971 apparaît tout simplement terrifiante. Et jusqu’au boutiste, car s’il ne peut pas être reproché quelque chose au métrage de Daniel Mann, c’est bien le fait qu’il aille jusqu’au bout des idées qu’il propose et dispose.
Le film est en fait le parcours initiatique d’un jeune paumé, qui au lieu de se hisser hors de son mal être, s’y enfonce lentement au fur et à mesure que sa relation avec ses rats se développe. Toutes les décisions prises par Willard, qui est loin d’être un mauvais bougre, sont sans cesses les mauvaises.
Il ne sait clairement pas comment s’intégrer socialement, et même lorsqu’il y parvient, par l’entremise d’une collègue de bureau qui en pince pour lui, il est incapable de lui renvoyer le sentiment. Tout simplement car il ne sait pas comment faire. Le personnage, vu sa mère grabataire, a dû recevoir très peu d’amour de la part de parent qui n’avaient pour lui que des projets d’avenir, concernant la grande entreprise familiale. Il est clair qu’il a grandi seul, et isolé du reste des jeunes de son âge.
Le placebo que lui offre les rats, mène inexorablement à se retourner contre lui. Au fur et à mesure que l’action se déroule, Willard perd totalement le sens des réalités, au point de ne plus distinguer la valeur d’une vie humaine, à cause d’une aveuglante soif de vengeance. Son amitié de plus en plus malsaine avec la horde de rat, dont Ben, un petit vicieux, se retourne ainsi peu à peu contre lui, sans qu’il le réalise.
Ce qui ressemble plus à une petite série B, qu’autre chose, s’avère au final riche en réflexions, notamment sur la place de l’être humain, comme unité, dans un ensemble, et de la nécessité d’interagir dans les cercles sociaux qui l’entourent. Sauf que Willard est ce petit grain de sable qui empêche la mécanique de tourner correctement, et par ses actions amène le drame dans son entourage.
Métrage sur la difficulté de grandir déconnecté du monde, d’appréhender des responsabilités, de s’occuper de soi, et de porter tout un héritage familiale trop lourd, ‘’Willard’’ est une expérience existentielle sans prétention, ni vraiment exceptionnel, mais loin d’être mauvais, c’est vraiment un petit film, qui se regarde bien du haut de ses 50 ans, et qui se permet de ne pas être idiot pour un sou.
Une bonne surprise donc que ‘’Willard’’, qui fait un peu penser au ‘’Martin’’ de George A. Romero en 1977, qui brasse des thématiques similaires. Une expérience cinématographique sociale, qui montre un peu l’envers du décor d’un American Way of Life lisse et sa pseudo-noblesse, ces chefs d’entreprises qui refusent de voir la société se déliter par le temps, occasionnant un manque d’argent qui en vient à faire et défaire les destins, à l’Américaine quoi.
Bon par contre, pour les phobiques des rats, ce film est clairement déconseillé.


-Stork._

Peeping_Stork
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le 15 mars 2020

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Peeping Stork

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