Première réalisation de Martin Scorsese, Who's that knocking at my door s'est monté difficilement. Peu de moyen, pas de renommée pour Martin Scorsese qui doit batailler pour trouver des financements, un producteur et un distributeur. Au final, l'œuvre est fragmentée, issue de plusieurs scénarios, de directions différentes, de copies différentes (une tournée en 35 mm, une autre en 16) et pourtant, le film se tient, il existe et les défauts en sont presque gommés. Certes, l'histoire est absente, au second plan, elle est fragile, ressurgit dans certaines scènes pour s'éclipser pendant de longues minutes. Il y a quelque chose de distendu dans ce premier film, mais il y a surtout des éclats de génie, du beau cinéma, du cinéma neuf et vivant, une mise en scène accrocheuse, un noir et blanc tout en contraste mais si net. Un noir et blanc qui épouse le décor, ce Little Italy où Scorsese a grandit. La qualité du film c'est son allure de documentaire. Le fait que le réalisateur américain nous promène dans les quartiers où il est né, tout est authentique. Les toits des bâtiments où le couple aime se retrouver, la rue, les bagarres, l'alcool, les filles...

Martin Scorsese y recrée son univers, en oubliant pas d'y inclure deux données essentielles et très présentent dans son cinéma du début, la religion (Martin Scorsese a manqué de peu de rentrer dans les ordres avant de goûter aux joies perverses du cinéma) et, bien entendu, le cinéma. Une longue discussion sur John Wayne et le culte La prisonnière du désert. Un magazine de cinéma français encensé. Bref, le cinéma est là, même le mauvais cinéma, les séries B qui pourtant font partie du paysage cinématographique et que Scorsese a toujours affectionné.

Il y a dans ce film les fondements de son cinéma, les petites frappes qui auront toujours une place dans ses réalisations suivantes, la religion, le cinéma, New York et le rock'n'roll. The End des Doors et bien d'autres musiques rock ponctuent le film. Scorsese parvient parfaitement à retranscrire l'ambiance de ce quartier newyorkais et le caractère, la vie de ceux qui y habitent. Des malfrats, certes, mais remplis de principes, avec une éducation catholique stricte. Si une fille a été violée, c'est qu'elle s'est laissée faire, elle n'a pas protégé sa vertu, elle s'est offerte ou a tenté l'homme, elle est donc à moitié coupable.

Peu importe alors que l'histoire soit décousue, que nous naviguions d'un lieu à un autre car Martin Scorsese sait nous captiver avec des dialogues savoureux et des images d'un autre temps. La présence du jeune Harvey Keitel y est aussi pour quelque chose, acteur sensible et puissant, destiné à devenir un grand.

Une belle œuvre de jeunesse qui a lancé aujourd'hui l'un des cinéastes les plus influents du monde.
busterlewis
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le 1 mars 2012

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busterlewis

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