Vingt cinq. C’est le nombre de nouvelles et romans d’Henry James adaptés pour le cinéma ou la télévision. Les plus grands se sont intéressés à cette œuvre littéraire prolifique, au style raffiné et élégant : William Wyler (L’héritière, 1949), Jane Campion (Portrait de femme, 1996), James Ivory (La coupe d’or, 2000)…De moins connus s’y sont risqués également et c’est le cas pour ce What Maisie Knew réalisé par le couple Scott McGehee/David Siegel. Les deux compères ont décidé de transposer l’intrigue à notre époque et de sacrifier sa dernière partie. On ne verra donc pas grandir Maisie dans le film. Elle restera cette fillette de 7 ans qui assiste, passive presque jusqu’au bout, à la séparation de ses parents, monstres d’égoïsme chacun à leur manière. C’est là les seules « vraies » incartades à l’œuvre initiale (même si Julianne Moore en star du rock sur le déclin constitue un aménagement un peu curieux) puisque les réalisateurs sont parvenus à conserver les 2 aspects majeurs de la littérature d’Henry James : le point de vue subjectif du personnage principal et la tonalité douce-amère d’un récit qui se serait sinon facilement prêté à un pathos larmoyant et indigeste.
Toute l’histoire est donc vue et racontée à travers le regard de Maisie (ce qui explique que nous ne comprenons pas toujours les interactions entre les personnages secondaires), petite fille impuissante face à une lutte dont elle est autant l’enjeu revendiqué que la victime ignorée. Brinquebalée de garde en garde, sa résignation docile ne faiblira jamais et il faudra une dernière folie de sa mère pour qu’elle verse une, et une seule, larme. Sans ostentation. Comme dans tout le reste du métrage, les réalisateurs ayant compris que les émotions les plus fortes sont souvent celles qu’on ne parvient pas à exprimer.
Un dernier mot sur les acteurs de ce film que, vous l’aurez compris, je vous recommande chaudement. Julianne Moore et Steve Coogan incarnent les parents égocentriques et sont comme on les attendait : suffisamment bons pour être justes, pas assez pour être exceptionnels. Celui qui ressort davantage est Alexander Skarsgard, d’abord parce qu’il a une belle gueule, ensuite parce qu’il a un jeu très fin et peu démonstratif, posture parfaite pour un personnage effacé mais à la personnalité pourtant forte et altruiste.


Pourquoi regarder : parce que le dernier bon film sur le sujet date de 1980 (Kramer contre Kramer).


Pourquoi ne pas regarder : parce que Julianne Moore vous exaspère. Ce que je peux comprendre.

Outbuster
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le 25 févr. 2016

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