Vivre ou survivre ...

Un authentique chef d'œuvre sur la guerre de Vietnam,le seul admis d'emblée à Michael Cimino malgré les controverses.
"The Deer Hunter" contrairement à ses contemporains, n'aborde pas le bourbier américain,sous un angle politique ou polémique, ni même spectaculaire. Il se veut modeste, profondément,terriblement humain. Et il exprime un sourd parfum de mélancolie,que le thème musical "La Cavatine" de Stanley Myers,ne fait qu'accentuer.
Des ouvriers sidérurgiques d'une petite ville de l'Ohio, amis depuis leur plus tendre enfance, se voient contraint d'aller servir leur pays au Vietnam. Ils en reviendrons complètement bouleversés,meurtris et leur part d'innocence se sera envolée pour toujours.
L'originalité du film de Cimino demeure cette dilatation du temps lors d'une fête de mariage dantesque (plus d'une heure à l'écran),qui loin d'être gratuite,nous permet de cerner exactement les personnalités de chacun,de nous attacher à eux,de comprendre aussi comment fonctionne la classe ouvrière américaine de l'époque. La chasse au cerf représente la parabole parfaite du drame à venir (attente puis violence fulgurante). Inutile de développer les 2 scènes de roulette russe,qui concentrent toutes les émotions possibles sur une gâchette,d'hommes poussés à bout.
Robert De Niro,amoureux transi et tête de mule,y est évidemment formidable tout comme Christopher Walken,dont la folie et les yeux globuleux représenterons un fil rouge parfait de sa carrière à venir. Meryl Streep s'impose dans cet univers masculin par sa douceur et sa détermination. Et l'on n'oubliera jamais le chétif John Cazale (condamné par un cancer) et son regard triste et lucide.
Cimino filme avec autant d'ampleur l'espace confiné d'un bunker sur pilotis que les grands espaces montagnards des Appalaches. Son œuvre sonne comme le désenchantement d'une communauté,inconsciente de l'évolution du monde,patriote et soudée comme jamais.
Nostalgique et tragique.