D'une certaine façon, Voyage au bout de l'enfer est le film de guerre ultime, ou plutôt l'un des meilleurs films sur la guerre jamais tournés. Michael Cimino réalise ici le tour de force de nous parler d'une guerre de manière indirecte au point de ne plus traiter que de la guerre elle-même en tant que phénomène humain, et parvient à sortir du cadre du conflit vietnamien au point de rendre le sujet presque universel.

Cimino divise son film en trois parties, avant, pendant et après, chacune des deux premières parties glissant un aperçu de ce qui va suivre par le biais d'une scène, d'un personnage. Pour l'avant c'est ce béret vert qui n'a que quelques mots à la bouche, pour le pendant, c'est... Tout le pendant qui laisse présager de ce que la vie vécue toute entière en trois ans laissera à ces trois copains métallos de Pennsylvanie, amateurs de chasse et issus d'une immigration a priori russe en tout cas orthodoxe, après avoir vécu un conflit. Michael Cimino accomplit le tour de force de ne laisser aucune scène inutile dans son film, tout a un sens et même plusieurs dans Voyage au bout de l'enfer. En enfer, il nous y amène après une petite présentation du paradis et nous en fait ressortir, ou plutôt nous fait ressortir avec un personnage et nous y laisser avec un autre et il le fait si bien que le paradis qu'est la destination retour est devenu terne, car ceux qui peuplaient cette Pennsylvanie ont vu autre chose, le reste de la planète, le reste de leur civilisation et le reste d'eux-mêmes.

Le chef d'oeuvre qu'est voyage au bout de l'enfer est en outre sservi par une magnifique BO, élément essentiel s'il en est, apte à couler, sauver ou encore consacrer des films comme c'est le cas ici, et un casting de haut niveau avec le cultissime, légendaire, inénarrable Robert de Niro, le très bon Christopher Walken, une Meryl Streep dans ses débuts, un John Savage plus qu'honorable et toute une brochette très efficace.

Ici nul besoin de pathos affligeant comme ce genre de films peut parfois en générer, Cimino n'en a pas l'usage, il nous sert tout de la façon la plus brutale possible tout en nous l'amenant de la meilleure manière, avec une photographie au service de l'image et non l'inverse, comme de nombreux films actuels nous le font subir, en mettant un film entier au service du décors. L'on passe avec Maestria des espaces "ouverts" de Pennsylvanie à l'étouffante jungle du Viet Nam et ses rivières brunes.
The_Dude
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le 23 juin 2011

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The_Dude

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