Ce petit bijou réalisé en 1975 par Milos Forman et porté par un Jack Nicholson au sommet de son art a grandement marqué l’histoire du cinéma. Il reçoit les cinq principaux Oscars du cinéma et six Golden Globes. Il narre l’internement de McMurphy dans un hôpital psychiatrique qui a simulé la folie pour échapper à la prison. Ce dernier est rapidement touché par la solitude et l’ennui des patients qui l’entourent et va chercher par tous les moyens au détriment de l’administration hospitalière de les émanciper. Il va à ce titre improviser une sortie à la pêche avec eux ou alors faire entrer deux filles illégalement dans l’établissement pour une soirée bien arrosée. Toutes ces initiatives portées par McMurphy qui a lui aussi compris qu’il s’était piégé tout seul en demandant son internement vont progressivement faire se rendre compte aux patients de la liberté qu’on leur a enlevé et de l’autoritarisme qu’ils subissent notamment de la part de la tyrannique infirmière Miss Ratched. Les choses dégénèrent rapidement : la rébellion et la désobéissance insufflées par McMurphy atteignent leur paroxysme lors d’une ultime tentative d’évasion qui se solde par un échec.
La principale analyse qu’on peut tirer du film est la suivante : les aliénés, les fous ne sont pas toujours du côté que l’on croit. En effet, les seuls personnages qui semblent ressentir des émotions et des sentiments humains tels que l’amitié, l’amour, la compassion ou la joie sont les pensionnaires face à un personnel hospitalier répressif et dénué d’empathie. Le réalisateur opère ici un habile retournement des préjugés sociaux que beaucoup peuvent avoir au premier abord quant au rapport au handicap ou aux troubles psychosociaux.
La liberté est la valeur défendue dans ce film plus que tout autre. On le voit à travers toutes ces tentatives lors desquelles les pensionnaires tentent de reprendre leur libre-arbitre et la scène finale de l’évasion du « chef » indien qui s’était lié d’amitié avec le personnage principal en est l’allégorie ultime.
On peut aller plus loin : Forman effectue un parallèle dans ce film avec l’oppression communiste dont il a été lui-même victime en Tchécoslovaquie avec des événements historiques tel que le Printemps de Prague. L’infirmière et le reste du personnel oppriment des individus au départ faibles et misérables, contrôlent leurs libertés et leur dictent la marche à suivre tout comme l’Etat soviétique l’a fait dans le pays que j’ai cité dans les années 1960. Les scènes comme celle où McMurphy mime un match de baseball ou lorsqu’il essaye de déboulonner l’arrivée d’eau sous un bloc de pierre sont donc un symbole de la résistance à l’oppression communiste.
Mais ce n’est pas seulement l’autoritarisme qu’il soit communiste ou fasciste qui est vilipendé, c’est bien cette volonté de la part de tels gouvernements de faire passer les héros qui tentent de s’émanciper de leur tutelle pour des fous. Le réalisateur souligne la relativité qui existe entre la folie et l’héroïsme dans la mesure où ces deux notions semblent interchangeables dans certains contextes politiques.
Somme toute, ce film est un classique de l’histoire du cinéma à voir au moins une fois dans sa vie et qui soulève des réflexions indispensables sur son humanité, son rapport aux autres, la tolérance et la résistance à l’injustice.

Bigben74d
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le 15 sept. 2018

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