Que "Vol au dessus d'un nid de coucou", film de Milos Forman dont j'avais adoré le "Taking Off", n'ait pas sombré dans l'oubli collectif après plusieurs décennies, tienne une réputation solide de film à performance d'acteur, et se glisse assez haut dans le Top 111 (qui ne m'avait jusque là jamais trompé), laissait présager le meilleur quant à ce visionnage très en retard.

2h et quelques plus tard, ma déception accumulée se teinte d'incompréhension. Qu'y a-t-il là qui mérite que ce film soit devenu un classique de la culture cinématographique? Quelles qualités que je n'ai pu discerner le rendent meilleur et plus digne d'intérêt que nombre de productions équivalentes qui sortent chaque mois dans nos salles, et qui sont oubliées aussi sec? En clair, qu'est ce que cette histoire fait vivre d'incroyable, d'unique, de profond, ou d'inoubliable qui justifie qu'on l'applaudisse encore?

J'ai beau chercher, je ne trouve pas. Il y a bien ce casting. Certes, mais ca ne fait pas tout: la série des Ocean's, ou Les chèvres du Pentagone, malgré leur toute puissance dans ce domaine, ne passeront certainement pas à la postérité. Jack Nicholson n'est pas si extraordinaire que ca, même si on a taillé le film pour lui (il n'y a quasiment pas un plan ou il n'apparait pas), et on est loin de la performance de "Shining", à venir. Certains personnages secondaires comme Billy sont même plus intéressants et auraient gagné à être creusé au lieu de servir de prétexte, ou de simples suiveurs.

Mais le plus dérangeant, c'est le scénario, hyper simpliste et tellement manichéen qu'on en vient à se demander si la fin ne va pas être un revirement façon "Shutter Island". Et bien non. Pas la peine de vous triturer les méninges pour voir au-delà de ce que Forman vous dit: les médecins et infirmiers ont la capacité psychologique d'un embryon de mollusque, sont cruels, et même criminels. En revanche, les fous sont gentils, sensibles, victimes d'une organisation carcérale, et n'aspirent qu'à vivre un peu. Absolument RIEN ne vient nuancer ce scénario de comptoir.

La fin tragique est quant à elle bien là pour signifier que "oui, chers spectateurs, il n'y a pas de happy end, ce que vous venez de voir est une oeuvre, une vraie".
Pimprenelle
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le 23 mai 2011

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