En tant qu’amateur de culture zombie, j’aime découvrir la vision que chaque pays a de cette créature mythique du cinéma horrifique que Romero a rendue célèbre avec sa Nuit des Morts Vivants en 1968, bien qu’elle existait avant puisqu’elle est apparue pour la première fois au cinéma en 1932 avec le film White Zombie. Et donc après Cuba, l’Autriche, les Pays-Bas, l’Inde, Taïwan ou encore le Brésil, c’est en l’Uruguay qu’on va faire une escale aujourd’hui avec Virus:32, disponible sur Shudder aux États-Unis mais encore inédit chez nous au moment où j’écris ces lignes. Mais Virus:32 n’est pas à proprement parler un film de zombies, mais plutôt un film d’infectés comme peuvent l’être 28 Jours plus Tard et sa suite, ou plus récemment Black Friday et The Sadness. Mais alors qu’on aurait pu croire que Virus:32 était un film opportuniste en cette période où le virus COVID-19 fait encore et toujours des siennes, le réalisateur Gustavo Hernandez propose un film sincère qui, bien que n’évitant pas certains écueils, permet de passer 1h30 des plus agréables.


Dans Virus:32, il s’agit d’une épidémie virale, comme on a donc pu en avoir par le passé, qui se déchaine sur Montevideo, la capitale de l’Uruguay. Les gens ne deviennent donc pas des zombies, ils sont atteints d’une maladie contagieuse qui va les rendre frénétiques : courses à pieds furieuses, grognements féroces, et violence brutale. Le seul moment de répit est que, pendant 32 secondes (d’où le 32 du titre) après chaque attaque sauvage, les infectés deviennent inexplicablement calmes. Le principal de l’action va se dérouler dans un seul grand lieu, le Neptuno Sports Club de Montevideo, et sur un seul cycle journée / nuit. Virus:32 est en effet un huis clos, mais le bâtiment est assez grand pour ne pas avoir l’impression qu’on tourne en rond. Gustavo Hernandez (The Silent House, You Shall Not Sleep) tire le meilleur parti de ce lieu, avec ses couloirs et ses escaliers claustrophobiques qui s’ouvrent sur de grands vestiaires sombres propices à mettre en place une ambiance des plus intéressantes. Cette dernière est morne, avec ces bâtiments délavés, grisâtres, aux intérieurs presque à l’abandon, et on est plongé immédiatement dedans car l’infection nous est présentée d’entrée de jeu. Le film ne tergiverse pas et va, en l’espace d’une longue scène, nous présenter rapidement mais suffisamment les personnages principaux, nous expliquer les relations qu’ils ont les uns avec les autres, et poser les différents enjeux et ressors scénaristiques. Rapidement, la pression monte et très vite, Virus:32 devient assez tendu. Et au milieu de tout ça, une jeune femme, qu’on nous présente comme antipathique, assez irresponsable, à moitié alcoolique, s’occupant vaguement de sa fille. On va deviner assez aisément que le film va se concentrer sur elle, et sur son évolution au fur et à mesure que les coups durs vont se multiplier, et que le danger va se faire plus oppressant, jusqu’à ce qu’on comprenne ce qui a provoqué chez elle la rupture avec sa famille et son passage d’épouse / mère à celui de « branleuse » qu’on voit au début du film.


Son interprète, Paula Silva, livre d’ailleurs une très bonne prestation, avec ce rôle de « jeune femme » qui petit à petit retrouve celui de « maman » lorsqu’elle doit protéger sa fille des attaques d’infectés. La jeune actrice qui interprète sa fille est par contre bien moins dirigée et nous prouve une fois de plus qu’il n’est pas forcément simple de faire un film avec des enfants qui ont un rôle clé. Là où Virus:32 fait par contre un quasi sans faute, c’est sur sa mise en scène vraiment solide. Le réalisateur s’éclate avec sa caméra, tantôt à la steadicam en collant très souvent au personnage central, pour nous mettre à son niveau, pour nous mettre au cœur de l’action afin que la pression monte pour nous aussi, tantôt avec de longs travellings ou des plans séquences. Toute l’introduction est d’ailleurs plutôt impressionnante avec cette caméra dans un appartement, passant de pièce en pièce, puis par une fenêtre pour faire un petit tour dans la rue, revenant dans l’immeuble par une autre fenêtre et continuant son exploration, le tout en plan séquence. Cette caméra sans cesse en mouvement va donner vraiment du rythme à ce jeu du chat et de la souris auquel vont s’adonner nos protagonistes face aux infectés. Gustavo Hernandez va parfois tenter de jouer avec nos nerfs en plaçant ci et là quelques jumpscare, mais il n’en abusera jamais comme s’il refusait de tomber dans la facilité. Même chose en ce qui concerne le gore : pas d’effusion de sang ici, comme dit plus haut, on est plus dans un cache-cache ou une fuite plutôt qu’un carnage là où d’autres n’auraient pas hésité à tomber dans la tripaille à outrance juste histoire de contenter les amateurs de cinéma gore. Est-ce voulu ou est-ce simplement dû à un budget serré ? Qu’importe, cela fonctionne. Certes, le film se rate sur quelques moments dramatiques qui tombent à plat car on devine aisément qu’on essaie de nous mener en bateau (la mort de la fille de l’héroïne). On pourrait également lui reprocher de pomper ses idées à droite à gauche, comme cette fameuse « pause » qui a déjà été vue dans Zone of the Dead ou Army of the Dead, le coup de la femme enceinte infectée (mais en inversé) qui pourrait renvoyer au Dawn of the Dead de Snyder ; ou encore cette musique dans la dernière partie qui est presque un plagiat du thème de 28 Jours / Semaines plus tard. Mais si on prend le film dans sa globalité, l’ensemble se tient et propose un divertissement des plus honnêtes.


Encore inédit chez nous, Virus:32 est une bobine d’infectés qui fait le job. En plaçant sa caméra au plus près de son personnage principal, le film se montre assez intense et, bien qu’il n’échappe pas à tous les pièges du genre, il demeure malgré tout intéressant.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-virus32-de-gustavo-hernandez-2022/

cherycok
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le 24 juin 2022

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