Avant de découvrir Victoria, je ne savais absolument rien du film si ce n’est qu’il était constitué d’un seul et unique plan séquence. Et je dois dire qu’il m’a complètement retourné. J’en suis ressorti à la fois impressionné et bouleversé. Impressionné car la prouesse technique est tout bonnement exceptionnelle et justifie quasiment à elle seule le visionnage du film. Ici, le procédé de mise en scène ne bénéficie en effet d’aucun artifice et offre donc 2h14 de cinéma ininterrompu, fruit d’une troisième et dernière tentative fructueuse de tournage du réalisateur Sebastian Schipper. Et bouleversé car le choix artistique ne résulte pas d’un simple caprice du cinéaste, sans quoi le projet global aurait été totalement vain, mais d’une volonté de servir au maximum l’histoire de Victoria. Un objectif pleinement atteint au regard de la puissance du récit. Quoi de mieux effectivement pour raconter les périples nocturnes du personnage que de décrire en temps réel ses expériences. Proche des protagonistes, la caméra ne les perd jamais de vue et virevolte au rythme de leurs aventures berlinoises. Il en découle une authenticité exacerbée qui prend littéralement aux tripes.


Une authenticité que l’on ne doit pas seulement au processus particulier de tournage mais aussi, et surtout, au naturel désarmant des comédiens. Plus que jamais, ceux-ci ne jouent pas les événements, ils les vivent. A l’aise dans l’improvisation, ils donnent magnifiquement vie à des personnages proches du réel, attachants bien que terriblement perfectibles. Des personnages sur qui on pourrait sincèrement tomber lors d’une nuit festive en Europe, et dont les dialogues sonnent plus vrais que bon nombre de réalisations se voulant réalistes. L’empathie de Victoria, formidablement interprétée par une Laia Costa qui crève l’écran, est sans limite au point de se prendre d’affection pour une bande de losers dont elle ne se sent finalement pas si différente. C’est aussi en cela que le long-métrage est si bouleversant, par cette envie palpable de communion auquel aspire les personnages, symbole d’une jeunesse pas épargnée par la vie. Et qui prend justement tout son sens par l’utilisation du plan séquence. Finalement, le seul élément de montage qui survient est l’ajout de la superbe musique du compositeur Nils Frahm. Un choix à nouveau judicieux tant celle-ci décuple les émotions provoquées. J’en veux pour preuve la sublime séquence d’extase du club, qui me hante encore plusieurs jours après le visionnage.


Pour toutes ces raisons, Victoria s’impose donc comme une œuvre aussi impressionnante que bouleversante. Constitué d’un seul et unique plan séquence, le film – à mi-chemin entre le drame et le thriller – nous prend littéralement aux tripes par l’authenticité qui se dégage du récit et des personnages. Porté par une Laia Costa exceptionnelle, il nous fait vivre en temps réel une nuit berlinoise que l’on est définitivement pas prêt d’oublier. Grosse claque !


https://cinerama7art.com/2015/12/22/critique-victoria/

Wolvy128
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le 22 déc. 2015

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