Leur petite entreprise

Difficile de ne pas trouver le cinéma de Pierre Jolivet sympathique, avec ce mélange plutôt anglo-saxon de social et de romanesque. Le réalisateur, modeste, ne s'est jamais pris pour un Ken Loach français même s'il le valait bien dans Ma petite entreprise, par exemple. Victor et Célia raconte les efforts de deux créateurs d'entreprise dans le cadre d'une législation française qui a tout d'une course d'obstacles. Le scénario en édulcore même les plus grandes difficultés car on est ici sur les terres de la comédie romantique et le réalisme n'est pas la première priorité même si l'ensemble sonne relativement crédible, dans les grandes lignes en tous cas (les figures du comptable et du banquier sont un peu fantaisistes). Il faut féliciter Jolivet de ne pas avoir cédé à l'air du temps en nous contant l'histoire d'une start-up mais d'une activité bien plus artisanale, soit un salon de coiffure. Le couple Alice Belaïdi/Arthur Dupont fonctionne parfaitement, en toute alchimie, et les dialogues crépitent dans un rythme de croisière assez efficace quoique parfois trop confortable. Bien sûr que cette comédie manque d'audace et de surprises mais elle est fraîche et spontanée et délivre un message positif sur l'esprit d'entreprendre qui n'est manifestement pas une vertu première en France. Et face à une sortie comme Avengers, Victor et Célia représente un peu les qualités du commerce de détail opposées au rouleur compresseur de la grande distribution. Un combat évidemment perdu d'avance, du point de vue commercial, raison de plus pour soutenir la production locale quand elle est honnête et intelligente.