Vice-versa
7.5
Vice-versa

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Ronnie del Carmen (2015)

Allégorie d'une crise d'adolescence chez Pixar ?

Toujours une identité esthétique qui si elle est particulière manque encore une fois de folie et semble si peu coincinder avec l'univers dont il est question. Ce n'est pas moche bien evidemment mais cela reste trop sage.


Cependant tout ceci est secondaire. Ce qui m'étonne et me préoccupe davantage c'est que Vice-Versa est un Pixar pour adulte. Or ce qui fait notamment l'identité d'un Pixar comme d'un Disney, selon moi, c'est le double niveau de lecture qui rendra le film d'animation aussi beau pour un enfant que pour un adulte. A l'instar du Roi lion dont le message (aussi detestable soit-il : Critique de Trineor.) est beau pour les adultes qui y sont sensibles en plus de raconter une belle histoire pour les enfants (aaah que de souvenirs !). Avec Vice-Versa je ne suis pas convaincu que les enfants soient aussi touchés qu'avec ledit Roi Lion... cependant il faudra saluer la liberte qu'offre ce disney à nous ouvrir la voie de nombreux chemins de reflexion. Contrairement à Zootopie qui portait un discours dirigiste et fermé, ici, on peut, dans son coin, aller plus loin. Ne serait-ce que par l'imagination, l'extrapolation ou par une reflexion a posteriori plus encadrées sur la base de documentations diverses et variées. Car cette liberte, elle aussi propre à un bon Pixar/Disney (et un bon film en général selon moi), est rendue possible du fait que Vice-versa aborde une thématique archivaste et ne fait qu'exposer sous forme d'allégorie magistrale d'habileté et de precision les bases de la "psyché" dans le cadre de ce passage rituel de l'enfance à l'adolesscence. Aussi l'absence de ce niveau de lecture pour enfant n'emprisonne pas le message et ne nous prive pas d'une certaine autonomie vis a vis de l'oeuvre. Equilibre complexe quand, encore une fois, Zootopie qui peut toucher autant un enfant qu'un adulte etait trop contraignant pour etre satisfaisant et gratifiant sur le fond (quand bien même il est vraiment beau !).


Or Pixar et Disney savent le faire. Ils l'ont fait de nombreuses fois et je pense à cet instant à Là-haut (Un pur Pixar réalisé par Pete Docter sollicité ici 9 ans après le rachat de Pixar par Disney) qui conciliait à la perfection film pour enfant et pour adulte avec une liberté totale à être appréhendé par le spectateur. La poésie, toujours, en plus.


Vice-versa est un bijou, objectivement. Mais c'est presque de l'ordre de l'experimental : Un Pixar pour adulte, qui malheureusement sacrifie son âme (d'enfant)...
Au final on a plus affaire à un Toy Story mais beaucoup plus sérieux.


Moi, quand je regarde un Pixar ou un Disney, je crois que si je veux tout voir je veux peut-être avant tout retourner en enfance. Tant pis si le film me dit moins que ce qu'il pourrait. Je veux d'abord rêver !


La richesse et la force d'un Pixar c'est d'abord d'être transgénérationnel donc. Aussi j'espere que Vice-Versa n'est pas l'allegorie d'une rencontre entre Pixar et Disney dont la conséquence serait une belle et grosse crise d'adolescence. Qu'il n'y a pas de message "subliminal" sur les choix et objectifs d'evolution que se donne la firme, qui tendrait à cibler un public moins jeune. Si tant est seulement que quelqu'un ait pu un seul instant le concevoir...


D'aucuns reprochent d'ailleurs à la firme sa propension a uniformiser le cinéma. Ces productions montrent le contraire. Et c'est indéniablement une bonne chose. Je regrette, moi, que cette créativité ne s'exprime pas autrement qu'en sacrifiant ce qui fait le sel de plusieurs décennie de ce qui demeure et demeura toujours une école à part entière du cinéma.


Difficile de satisfaire tout le monde vous dites ? Probablement.


Edit : Après mûre réflexion peut-être que le concept et le seul discours qui puisse en découler sont tels que Vice-versa n'est qu'un film d'animation d'adulte pour adulte. Une certaine maturité étant nécessaire pour en saisir le sens et faire le parallèle avec ce qui a déjà été éprouvé par l'experience. Ce Pixar est peut-être davantage une exception dans lequel les plus jeunes peuvent plus difficilement se projeter que leurs aînés. Tout cela malgré les faux-semblants que donne le realisateur avec cette fameuse fugue qui n'est ni plus ni moins qu'une métaphore de la mort. Entre autres. L'aspect sombre, très sombre, de ce Pixar est masqué autant que possible sans pour autant en nier le fait. Crise d'adolescence certes mais pas tant que ça donc...
+1/10

Dirini_
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le 4 sept. 2019

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Dirini_

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