Devant Vic le Viking, nous n’avons pas envie d’être méchants. Il y a de belles couleurs, un joli travail numérique de la matière et des textures – en témoignent les plans sur la mer ou sur les visages des protagonistes barbus et moustachus –, de bons sentiments, ce que nous nous attendions à trouver là. Néanmoins, à quoi bon mettre en chantier un projet aussi exigeant qu’un film d’animation si c’est pour à ce point en bâcler le scénario, troquer les dialogues contre une défilade de niaiserie et de bêtise ? Rarement les propos des personnages auront été aussi vides et vains que dans Vic le Viking. Les nombreuses blagues font souvent tache parce qu’elles ne construisent pas un comique cohérent et uni.


Et l’histoire, parlons-en. Le prétexte au départ du héros et des siens n’est pas problématique en soi, il semble même rejouer en mode mineur la trame canonique des bandes dessinées Astérix ; non, ce qui est fâcheux, c’est l’incapacité des aventures à dire quelque chose de l’évolution de la caractérisation des personnages dont nous n’avons que faire, la faute à une absence d’enjeux, une carence de profondeur émotionnelle qui font d’eux des calques appliqués sur des modèles bien connus. En voyant ces personnages, nous pensons à ceux qu’ils remettent en mémoire, nous ne les voyons pas pour eux-mêmes. Ce déficit est accentué par la propension du film à fondre ensemble plusieurs univers cinématographiques différents, de l’empire Marvel à la saga Dragons, en passant par L’Âge de glace – l’écureuil et sa noisette, le louvoiement sur l’océan qui évoque la dérive des continents – pour n’en citer que trois. La clausule tombe dans le cliché de l’affrontement gigantesque où les proportions gagnent en taille et en présence à l’écran ce que leurs motivations perdent en intérêt. En résulte une impression désagréable de pot-pourri d’influences hétérogènes dont le film ne s’affranchit jamais.


Vic le Viking n’impose ni une mythologie nouvelle ni l’identité de son jeune héros, ne vaut donc que pour ses graphismes inspirés et son animation fluide.

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le 11 juin 2020

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