S'inaugurant sur un montage de photos noirs et blancs d'archives de victimes d'accidents de la circulation puis sur la reconstitution d'un crime commis aux fonds des bois dans laquelle le visage du suspect nous est dissimulé par un casque de moto, le film débute comme un thriller ou un film d'enquête.


Rapidement cependant le film abandonne ce postulat et sans qu'on sache vraiment s'il s'agit d'un flashback qui au final nous ramènera à cette ouverture, pour suivre sans le moindre lien logique apparent divers personnage, un chef d'entreprise dont la vie familiale s'écroule, une tenancière de bordel, un moine bouddhiste et deux adolescents.


Leurs péripéties qui sans être particulièrement notables, réussissent à nous intriguer, semblent nous dire quelque chose de l'ordre de la destinée, du karma, mais l'ensemble reste flou et parfois même déroutant, tant on a du mal à faire de liens entre tous ces personnages, dont on se demande même s'ils sont dans le même film.


Le flou et quelque part la gène que cela occasionne est renforcée par des prises de positions dans la direction artistique qui questionnent quant à une forme d'amateurisme dans la réalisation, une mise au point par endroit absente, un contre jour qui baigne les deux personnages alors en plein dialogue dans une pénombre qui ne semble pas voulue, l'insertion inopinée d'un clip de karaoké digne des meilleurs bars thaïlandais, aux premiers abords on a envie de mettre cela sur le compte d'un budget visiblement faible et sur un manque d'expérience. Néanmoins le film regorge d'instants de bravoures dans la photographie, le cadre, la mise en scène et ces petits accrocs techniques en viennent à nous questionner sur leur réelle nature.


Petit à petit, sans esbrouffe mais avec beaucoup d'intelligence et de finesse, les pièces du puzzle s'agencent, les histoires disparates s'unissent et le film se révèle à la fois brillant, singulier, passionnant et riche d'une possibilité de pistes de lectures qu'il faut je pense laisser à la découverte du spectateur qui aura su aller au-delà des pièges faussement naïfs qu'il nous tend.


Première expérience d'un cinéma thaïlandais contemporain et l'appréciation est globalement positive, suffisante en tout cas pour inciter les cinéphiles curieux à y jeter un œil.

Créée

le 10 janv. 2024

Critique lue 11 fois

1 j'aime

Critique lue 11 fois

1

Du même critique

As Bestas
Spectateur-Lambda
8

Critique de As Bestas par Spectateur-Lambda

Rodrigo SOROGOYEN m'avait déjà fortement impressionné avec ses deux premiers longs métrages Que Dios nos perdone (2016) et El Reino (2017) et les échos que j'ai eu du précédent sorti avant celui-ci...

le 2 mai 2023

7 j'aime

2

La Mouche
Spectateur-Lambda
8

Critique de La Mouche par Spectateur-Lambda

Retrouver la société de production de Mel BROOKS au générique de ce film n'est pas si étonnant quand on se souvient que le roi de la parodie américain avait déjà produit Elephant Man (1980).Un autre...

le 3 oct. 2022

7 j'aime

4

Le Règne animal
Spectateur-Lambda
8

Critique de Le Règne animal par Spectateur-Lambda

C'est compliqué le cinéma de genre en France ! C'est compliqué parce que l'industrie rechigne à financer ce cinéma. C'est compliqué parce qu'il souffre, à tort, de la comparaison avec les mastodontes...

le 9 oct. 2023

5 j'aime